- dimanche 31 mai :
PENTECÔTE : UNIS PAR LE LIEN DE L’ AMOUR
« Le jour de la Pentecôte, ils se trouvaient réunis tous ensemble » (Ac 2,1).
Par grâce nous nous retrouvons comme les disciples avec Marie enfin réunis pour célébrer la joie de la Pentecôte !
Nous avons été contraints par le Covid à une expérience nouvelle et paradoxale : l’isolement n’a pas empêché de vivre unis à nos frères, l’absence de « communion eucharistique » ne nous a pas empêché de rester en communion. Nous avons expérimenté la grâce d’une prière isolée, mais en communion : nous étions seul, ou en famille, mais reliés en profondeur à nos frères qu’il nous tardait tant de revoir…
Au fond, nous avons vécu une expérience spirituelle qui nous a fait (re)découvrir ce lien profond qui nous unit dans l’Esprit-Saint en Christ. En ce dimanche nous retrouvons nos liens de communauté paroissiale, dans une grande joie !
Bien sûr notre joie est atténuée par les distances (les « barrières ») que nous devons maintenir. Mais la joie de vivre la communion avec nos frères et de pouvoir renouer le lien de la communion eucharistique est plus grande que tout ! Nous pouvons célébrer « tous d’un même cœur » (Ac 1,14) cette joie de Pâques qui nous a été comme « volée » par le virus.
La Pentecôte est communion dans la diversité, elle est souffle, paix et pardon. Là où Babel avait tenté une vaine unité, qui était en fait une uniformité totalisante et qui emprisonne, la Pentecôte ouvre les portes de nos cœurs pour faire grandir une diversité réconciliée que Dieu nous donne de pouvoir vivre : tous différents, mais tous unis dans la force de l’amour du Christ.
« Tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps » (1 Co 12,12), c’est la joie de l’Esprit qui réunit et qui remplit les cœurs.
L’Esprit-Saint est ce feu qui brise la glace, il est ce souffle qui ranime nos braises, ce courage qui déconfine les disciples.
L’Esprit-Saint est ce miracle de l’amour de Dieu qui touche le cœur de tout homme.
L’Esprit-Saint est cette paix qui apaise les cœurs inquiets, il est cette douceur qui nous fait ressembler au Christ ; il est cette joie discrète du pardon donné et reçu…
A chacun de nous de rendre grâces pour « les merveilles » que le Seigneur nous donne même au milieu de nos détresses.
« Chacun de nous les entend dans sa langue maternelle ; tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. » (Ac 2,11).
Que l’Esprit-Saint soit en nous et autour de nous source de paix !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- samedi 30 mai :
Chers frères et soeurs,
« Il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus a faites ; et s’il fallait écrire chacune d’elles, je pense que le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres que l’on écrirait ».
Nous n’aurons jamais fini de méditer sur ce que Jésus a fait pour nous ! L’Evangéliste Jean, le contemplatif, jubile, lui qui a été ébloui par la rencontre du Vivant. Nous serons toujours dépassés, émerveillés, débordés, étonnés par tout ce que Jésus a fait et continue à faire dans son Eglise !
Pierre dans les Actes des Apôtres témoignera de cette action de Jésus au moment où le centurion Corneille accueille la foi : « Partout où Il passait, Jésus faisait le bien, car Dieu était avec lui » (Ac 10,38).
Jésus nous invite à vivre avec lui pour pouvoir poursuivre son œuvre ; son amour nous pousse à faire le bien partout où nous allons, à pardonner, à écouter, à remettre debout, à avoir compassion pour nos frères comme le Christ. C’est ainsi que le Christ continue à agir par nos mains, par notre regard de bonté, par nos paroles de douceur. Puisse le monde entier ne pas suffire à rapporter le bien que nous faisons au nom de Jésus dans les « livres qui sont en train d’être écrits ».
Et nous en connaissons tous de ces hommes et de ces femmes dont nous voyons que là où ils sont passés, ils ont fait le bien. Ils ont souvent commencé par regarder les autres avec le regard de Jésus.
Comme Pierre et Jean la seule chose que nous propose le Christ est de « demeurer dans son amour ».
Continuons sans cesse à contempler le Christ qui regarde d’un regard qui espère, qui écoute ceux qu’il rencontre, qui se réjouit de l’action de son Père, qui leur pardonne, les remet debout, leur donne d’être vivant….
Tout n’est pas écrit ; le livre reste ouvert…Le Christ nous entraîne pour trouver le goût d’aimer à sa suite !
Ce sera mon dernier message du temps du Covid. J’ai été heureux d’avoir médité avec vous la joie de la Parole de Dieu ! Il y aurait encore beaucoup de choses à vous partager !
Que le Seigneur continue à nous laisser émerveiller par sa Parole et par son amour.
Belle fête de Pentecôte, dans la joie de se retrouver de nouveau rendre grâces et à chanter le Seigneur ensemble.
Rassurez-vous, demain pour la Pentecôte vous aurez tout de même droit à un « édito » !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- vendredi 29 mai :
Chers frères et sœurs,
« Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » ( Jn 21,15-19)
Par grâce, le pêcheur (et le pécheur) devient berger : Pierre se voit confier la primauté de l’amour.
Les disciples au bord du lac de Galilée ont repris leur métier de pêcheur. Après une nuit d’échec, c’est la pêche miraculeuse ; Jésus ressuscité vient de préparer un repas pour ses amis.
Avec un certain humour, l’Evangéliste Jean place à ce moment un feu que Jésus prépare avant la confession d’amour de Pierre, faisant le parallèle avec le feu où Pierre se réchauffe au moment du reniement. Nous le savons en effet, ce triple « je t’aime » de Pierre répond à son triple reniement. Comme Pierre l’a renié trois fois pendant la Passion : « je ne le connais pas», Jésus l’interroge trois fois sur son amour pour lui.
Si l’on regarde avec précision le texte grec, Jésus par deux fois interroge Pierre sur son amour pour lui, avec le mot « Agapè » qui signifie aimer comme Dieu aime, et indique donc un amour total ; Pierre sait maintenant sa faiblesse, et répond par deux fois qu’il l’aime d’amitié (philein : aimer d’un amour humain, avec affection). Pour la troisième question Jésus avec douceur et sans exiger de lui davantage : il reprend le mot que Pierre a utilisé : « M’aimes-tu comme un ami ? »… « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime ». Pierre ne peut plus qu’une chose, s’en remettre au Seigneur.
C’est le pardon de Jésus qui permet à Pierre d’accueillir sa nouvelle mission, celle d’être «le Pasteur de ses brebis ». Sa mission repose non sur ses qualités, ni sur sa faiblesse, mais sur la reconnaissance de son amour et sur l’appel de Jésus. Le Berger est celui qui prend soin des brebis, particulièrement de la brebis égarée ; Pierre sait désormais ce que cela veut dire ! Tout cela rappelle les paroles de Jésus sur le Bon Pasteur : Pierre devient par grâce à la suite du Christ le Bon Pasteur pour l’Eglise.
Le dernier mot de Jésus pour envoyer Pierre en mission est « Suis-moi ». Pierre est invité à revenir au premier appel où Jésus invite ses disciples à le suivre pour être avec lui. Suivre Jésus jusqu’à aller là où l’on n’est pas prêt à aller : « un autre te mettra ta ceinture » : Pierre devra se laisser conduire, lui qui voulait tout maîtriser : « Je ne t’abandonnerai jamais » (Mt 26,33).
Pierre doit se rappeler la Parole de Jésus au mont des Oliviers juste avant la Passion : « quand tu seras revenu, affermis tes frères. » (Lc 22,32) : Il est maintenant prêt à affermir et à conduire ses frères vers le Ressuscité, puisqu’il accepte sa faiblesse : sa mission repose désormais sur la force du Christ. Pierre pourra aller jusqu’au bout de l’amour.
« M’aimes-tu ?» : que répondrions-nous à cette question du Seigneur ?
« Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime ».
Seigneur, confie-moi la mission que tu souhaites me donner ; c’est avec mes faiblesses que je pourrai te servir grâce à ton amour !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- jeudi 28 mai :
Chers frères et sœurs,
« Courage ! Le témoignage que tu m’as rendu à Jérusalem, il faut que tu le rendes aussi à Rome. » (Ac 23,11).
Lors de l’Ascension, Jésus dit aux apôtres : « Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem… jusqu’aux extrémités de la terre. » (Ac 1,8). Paul a bien accompli la mission confiée par Jésus à son Eglise : il a témoigné de son amour pour Jésus ressuscité, à temps et à contre-temps. C’est ce même appel du Seigneur à « être témoin » que Paul entend, lui qui est accusé et prisonnier à Jérusalem.
Mais qu’est-ce qu’être témoin ?
Le mot grec que l’on traduit par « témoin » est le mot qui a donné le mot « martyre » : il y a donc plusieurs façons de témoigner : Paul témoigne de sa foi en la résurrection auprès du conseil suprême qui le juge ; il n’a pas cessé d’être un témoin passionné de Jésus ; et il sera témoin jusqu’au bout, en étant identifié au Christ : il donnera sa vie par amour du Christ comme martyr.
Nous le savons, dans la vie courante, le témoin est celui qui peut attester de la réalité d’un événement important (un mariage, un accident…). Le plus important n’est pas celui qui témoigne mais ce dont il est le témoin.
Le plus important n’est pas Jean-Baptiste qui se dit témoin, mais celui qu’il montre, Jésus-Christ pour inviter à le suivre : « Je l’ai vu, et j’ai été témoin que celui-là est le Fils de Dieu » (Jn 1,34). Le témoin de foi a quelque chose d’immense et d’extraordinaire à transmettre, un trésor, celui de l’amour de Jésus-Christ, le trésor de l’Evangile. Paul témoigne de l’importance de ce qu’il a à transmettre : « Ce trésor, nous le portons comme dans des vases d’argile ; ainsi, on voit bien que cette puissance extraordinaire appartient à Dieu et ne vient pas de nous » (2 Co 4,7).
On peut dire que Jésus est témoin de l’amour du Père : Saint Jean dit qu’il est « le témoin fidèle » (toujours ce même mot de martyre : Ap 1,5). Il rend témoignage par sa parole et par ses actes de l’amour du Père, il « témoigne de ce qu’il a vu et entendu auprès du Père » (Jn 3,32) ; dans la passion « il rend témoignage à la vérité » (Jn 18,37).
Les disciples que nous sommes sont donc bien envoyés dans le monde comme témoins pour dire notre foi en Jésus venu en notre chair et ressuscité. Et les témoins de la foi vont parfois jusqu’à donner leur vie pour amour du Christ. On les appelle alors des martyrs.
C’est un chemin de sainteté radical et terriblement exigeant !
Je vous entends me dire: « Vous êtes bien gentil, mon Père, mais je ne me sens pas tellement concerné ; c’est tellement loin de mes forces, je m’en sens incapable. Si quelqu’un est appelé au martyre, j’espère que ce sera un autre que moi… ».
Bonne Nouvelle la sainteté a à voir avec l’amour ! Avec la grandeur d’un amour vrai, débordant, et donné pleinement, largement, sans restriction.
Le pape François parle de « martyre de l’amour ». C’est-à dire d’un témoignage d’un amour vécu jusqu’au bout ; le Père de Chergé, martyre de Thibirine appelle cela le « le goutte-à-goutte », l’épreuve d’un amour qui passe au crible de la durée, des découragements, de nos faiblesses et infidélités : « Nous avons donné notre cœur “en gros” à Dieu », mais sommes-nous prêts à ce que Dieu « nous le prenne au détail !». C’est un martyre de la douceur quand la violence serait si facile pour répondre à celui qui me fait du mal, un martyre de la souffrance offerte, alors qu’il serait si facile de se révolter contre Dieu, un martyre de l’espérance quand tout concourt plutôt aux larmes dans notre vie, un martyre de la patience pour vivre tout ce que notre quotidien peut avoir de répétitif, de « banal » ou d’ordinaire, loin des désirs grandioses d’une sainteté imaginaire. Voilà ce à quoi nous sommes appelés : « tout faire par amour », dans une vie quotidienne que nous n’avons pas choisie.
Le témoignage rendu au Christ est d’abord celui d’une vie dépensée dans les combats de la vie quotidienne pour vivre dans l’amour et rester fidèle à l’Evangile contre vents et marées !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- mercredi 27 mai :
Chers frères et sœurs,
« Je vous confie à Dieu et à la parole de sa grâce » (Ac 20,32) ; « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom » (Jn 17,11)
Nous continuons de méditer les deux textes d’adieu, celui de Paul aux anciens d’Ephèse et la prière de Jésus à son Père.
Il est émouvant ce discours de Paul qui se termine par la prière et par des adieux touchants : « Tous se mirent à pleurer abondamment ; ils se jetaient au cou de Paul et l’embrassaient ; ce qui les affligeait le plus, c’est la parole qu’il avait dite : « Vous ne verrez plus mon visage » » (versets 37-38). Comme on partage leur tristesse de voir Paul partir pour toujours !
Dans cette deuxième partie de ses paroles aux anciens, il évoque l’avenir de la communauté et les dangers qu’elle pourrait traverser, et il invite à suivre son exemple pour accomplir leur mission de pasteur, eux qui sont les « gardiens du troupeau » et qui ont pour mission de veiller sur celui-ci. Pierre reviendra sur ce thème : « Paissez le troupeau qui vous est confié… en devenant le modèle du troupeau » (1 Pi 5,1-4).
Paul met en garde contre ce qui peut diviser la communauté chrétienne : les « loups redoutables » et les « discours pervers » qui séduisent et éloignent de Dieu et de la foi. Cela rappelle le conseil de Jésus : « Méfiez-vous des faux prophètes qui viennent à vous déguisés en brebis, mais au-dedans sont des loups rapaces » (Mt 7,15).
Toute communauté chrétienne doit trouver sa source et sa force dans la grâce de Dieu à l’œuvre et dans la Parole de Dieu : Paul cite alors une Parole de Jésus qui ne se trouve que dans le livre des Actes : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. » (Ac 20,35) ; Bien sûr elle fait penser à bien des Paroles de Jésus sur la gratuité : « Faites du bien sans rien attendre en retour » (Lc 6,35). Les paroles de Paul parlent de la grâce de Dieu qui est toujours à l’œuvre et qu’il faut mettre en action dans nos vies : Nous avons à « rendre témoignage à l’évangile de la grâce de Dieu » (verset 24), et à nous laisser façonner par la grâce de la Parole : «je vous confie à Dieu et à la parole de sa grâce » (verset 32). La grâce de Dieu ne cesse pas d’être active en nos vies, qui nous pousse à la joie de donner.
C’est cette joie que Jésus nous invite aussi à accueillir ; cette joie est d’abord la sienne, et il désire que nous puissions en vivre :« Je parle ainsi, dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés » (Jn 17,13) : Jésus veut que nous ayons une vraie joie, une joie accomplie en lui. Cette prière de Jésus est en Jean comme un long développement de la prière du Notre Père ; Jésus nous confie à son Père ; c’est une longue action de grâce pour la mission qu’il a accomplie dans la monde : Jésus a donné aux hommes tout ce qu’il est, il leur a donné la Parole de Dieu ; mais cette prière est aussi une louange au Père pour les hommes que celui-ci lui a confiés ; ceux-ci cherchent à garder sa Parole intacte, à vivre de l’amour du Père. La joie de la communion entre le Père et le Fils est ce que les hommes sont invités à vivre eux aussi. Telle est l’espérance qui peut habiter notre monde : les hommes ont en eux la force de garder la Parole et d’en vivre.
L’unité et la communion entre nous rendent gloire à Dieu et à ce que Jésus a accompli en notre monde. Vivons cette joie de donner !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- mardi 26 mai :
Chers frères et sœurs,
« Moi, je t’ai glorifié sur la terre en accomplissant l’œuvre que tu m’avais donnée à faire » (Jn 17,4). « Je n’ai rien négligé de ce qui était utile, pour vous annoncer l’Évangile » (Ac 20,20)
Nous percevons immédiatement les similitudes et les différences entre ces deux « testaments », celui de Jésus qui est une prière adressée à son Père avant de donner sa vie, et celui de Paul qu’il prononce non sans émotion pour les anciens d’Ephèse qu’il va quitter.
Paul fait ses adieux parce qu’il va devoir quitter ceux qu’il a conduits au Christ ; on imagine son émotion ; comme Jésus, il va devoir monter à Jérusalem pour y être emprisonné. Il a accompli pleinement sa mission, c’est comme son testament de Pasteur. Luc insiste beaucoup sur cette identification de Paul à Jésus.
Ephèse est la dernière communauté fondée par Paul (Ac 19,8-10). Il y est resté près de trois années, ce qui a dû marquer ceux qu’il a accompagnés. Paul fait mémoire de son service humble du Seigneur et de l’Évangile ; il n’a pas cessé de rendre « témoignage à l’évangile de la grâce de Dieu ». Il a été serviteur du Seigneur, à la manière même de Jésus : « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Luc 22,27). Comme Jésus qui « a passé en faisant le bien et en guérissant » (Ac 10,38), comme Jésus l’a fait, Paul dit « j’ai passé en proclamant le Royaume ».
Il rappelle les larmes et les « épreuves » qu’il a rencontrées et qu’il évoque souvent dans ses épîtres (voir par exemple 2 Co 11,23-29, où il parle des dangers rencontrés au cours de sa mission), et cela a sans doute été difficile à Éphèse où il parle de son « combat contre les bêtes à Éphèse » (1 Co1 5,32).
Paul a prêché par sa parole et par son exemple ; conduit par l’Esprit, sa mission se termine par son emprisonnement ; c’est un autre témoignage rendu au Christ qu’il sera appelé à vivre : parce qu’il marche à la suite du Christ jusqu’au bout il est identifié à lui jusqu’à partager son sort. Comme Jésus il monte à Jérusalem où il sera arrêté et remis à la justice romaine. « J’achève ma course et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus » ; Paul parlera souvent de son ministère comme d’une course : « Je poursuis ma course pour tâcher de saisir, ayant été saisi moi-même par le Christ Jésus » (Ph 3,12). Il vit une mystérieuse identification au Christ jusque dans la prison et les épreuves : « Je trouve ma joie dans les souffrances que j’endure pour vous et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps qui est l’Église » (Col 1,24).
Jésus lui ne fait pas un discours pour les siens, mais il se confie dans un cœur à cœur avec son Père, dans sa prière il prie aussi pour ceux qu’il va quitter, en rendant grâces pour le don que son Père lui a fait de lui confier l’humanité : « Je suis glorifié en eux ».
Rendons grâce pour le Christ qui trouve sa gloire en nous !
Une belle nouvelle pour cette fin du temps pascal, les messes vont pouvoir reprendre, dès mercredi, en fonction des contraintes nombreuses et des conditions de «distances » et d’hygiène bien précises qui limiteront le nombre de participants de façon très importante.
Dans la joie de pouvoir de nouveau célébrer le Seigneur en Eglise !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- lundi 25 mai :
Chers frères et sœurs,
« Nous savons que tu sais toutes choses » (Jn 16,30).
« Seigneur, tu me connais, tu me vois, tu scrutes mon cœur » (Jr 12,3) ; c’est d’un regard d’amour que le Seigneur nous voit. Jésus connaît toutes choses et il sait ce qui est dans le cœur de l’homme. Jésus « connaît ce qu’il y a dans le cœur de l’homme » (Jn 2,25). Nous nous rappelons l’appel de David où Dieu choisit le petit dernier auquel personne ne pensait parce qu’il gardait le troupeau : David est choisi par Dieu, au-delà des apparences qui lui étaient défavorables, « Dieu ne regarde pas comme les hommes, les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. » (1 Sa 7,16) ; d’ailleurs David sera convaincu de cet amour de Dieu pour lui malgré son péché : « Ma vie a beaucoup de valeur aux yeux du Seigneur, qui me délivrera de toute angoisse » (1 Sa 26,24).
C’est la source pour nous d’une grande confiance. Le Christ refuse toujours de juger sur les apparences : son regard voit ce qu’il y a de beau en l’homme ; son regard met en valeur, il aime, il discerne ce qu’il y a de grand en chacun de nous. Il sait voir au‑delà du visible, au‑delà de notre péché, la beauté de notre cœur. Jésus refuse d’enfermer l’homme dans le péché qu’il a commis : il est celui qui le remet debout, lui rend sa dignité ; ainsi fait-il avec Zachée, avec la femme adultère, et avec bien d’autres… C’est aussi le regard plein d’affection que Jésus pose sur le jeune homme riche, même s’il est encore incapable de suivre ses conseils : « Le Christ le regarda et se prit à l’aimer » (Mc 10,21).
La foi nous donne à nous aussi un autre regard sur les réalités de notre monde et sur nos frères ; lorsque nous sommes envahis par le pessimisme ou le découragement face à nos limites, ou face à un monde qui semble échapper à l’homme, entendons de nouveau la Parole de Jésus : « Courage ! Moi, je suis vainqueur du monde » (Jn 16,33). Jésus nous promet qu’il vient donner la vie au monde.
La foi est bien ce qui nous aide à voir les choses et les personnes autrement, à voir derrière les masques que nous nous fabriquons, ou que l’on nous donne ; la foi permet de voir l’invisible : « La foi est une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas » (He 11,1).
Nous connaissons tous cette belle Parole de Dieu transmise par le prophète Isaïe ; c’est Dieu qui parle : « Tu as du prix à mes yeux, tu as de la valeur et je t’aime » (Is 43,4).
Voici ce que nous dit notre pape sur le regard de Jésus que nous voulons adopter nous aussi pour voir le monde et les personnes que nous croisons : « Quel bien cela nous fait de voir Jésus proche de tous ! Quand il parlait avec une personne, il la regardait dans les yeux avec une attention profonde pleine d’amour : « Jésus fixa sur lui son regard et l’aima » (Mc 10, 21)… Séduits par Jésus, nous voulons nous intégrer profondément dans la société, partager la vie de tous et écouter leurs inquiétudes, collaborer matériellement et spirituellement avec eux dans leurs nécessités, nous réjouir avec ceux qui sont joyeux, pleurer avec ceux qui pleurent et nous engager pour la construction d’un monde nouveau, coude à coude avec les autres. Toutefois, non pas comme une obligation, comme un poids qui nous épuise, mais comme un choix personnel qui nous remplit de joie » (Joie de l’Evangile 269 ).
Nous pouvons être proches des autres, et de chacun, comme Jésus l’a été ; nous pouvons regarder toute chose avec le regard d’amour du Christ, être « artisans de paix » comme Jésus l’a été…
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- dimanche 24 mai : homélie
« Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière » (Ac 1, 14).
La prière chrétienne n’est jamais seulement une prière isolée ou solitaire. Elle est communion des cœurs, nous l’avons expérimenté de manière forte ces derniers temps. Le chrétien n’est jamais seul lorsqu’il prie, il est relié à son Seigneur et à tous ses frères. Parce que la vraie prière ouvre le cœur aux dimensions de Dieu et donc du monde et de l’Eglise. L’homme de prière prend avec lui le monde entier. Personne ne peut aimer seul.
Lorsque Jésus prie le Père avant sa Passion, il confie l’humanité et l’Eglise à son Père pour que la venue de l’Esprit-Saint fasse l’unité des cœurs humains.
L’ ultime prière de Jésus accompagne l’acte suprême du don de sa vie : « J’ai achevé l’œuvre que tu m’avais donnée à faire ». Cette œuvre de Jésus est le rassemblement de tous les enfants de Dieu dans l’unique amour du Père. C’est en nous que le Père et le Fils se rencontrent et s’aiment.
La prière de Jésus n’est pas centrée sur lui-même, elle est toute tournée vers les siens : Jésus prie pour ceux qu’il va quitter pour que grandisse la communion des cœurs.
Pierre dans son épître rappelle que l’Eglise qui aime et qui souffre pour le Christ fait la meilleure prière, parce qu’elle demande ce dont elle a besoin et qu’elle a besoin de ce qu’elle demande : l’Esprit-Saint ; au cœur de l’Eglise, l’Esprit est force de vie et d’amour pour faire face à la mission et aux oppositions éventuelles.
Pour le regard de la foi, tout est illuminé par la présence de l’Esprit-Saint qui veut imprégner toutes choses de sa force et qui ouvre le cœur des hommes à l’amour du Christ.
Avec le Christ nous découvrons que c’est pour tous les hommes que Dieu a fait toutes choses pour sa gloire : dans sa prière, Jésus nous rappelle que tout homme est un don que Dieu lui a fait ; Au moment où Jésus s’est fait homme c’est toute l’humanité qu’il a reçue en cadeau. Reprenons conscience de cette condition immense que celle de l’être humain que nous sommes face à l’amour de Dieu : la gloire de Dieu se reflète sur chacun de nos visages, même cachés derrière nos masques ; nous avons à nous laisser façonner par la Parole, par l’amour du Christ, jour après jour et de plus en plus.
« Nous reflétons la gloire du Seigneur, et nous sommes transformés en son image avec une gloire de plus en plus grande, par l’action du Seigneur qui est Esprit » (2 Co 3,18). C’est cette œuvre que la prière fait en nous, ou plutôt l’action de l’Esprit-Saint qui nous façonne de l’intérieur.
Une seule chose nous est nécessaire, ouvrir nos cœurs, nous désencombrer de ce qui nous empêche de recevoir ce que Dieu veut nous donner : il faut pour prier avec un « cœur de pauvre », c’est-à-dire un cœur ouvert.
Regardons la prière de la première Eglise dans les Actes des Apôtres : les disciples avec Marie sont réunis au Cénacle, après l’Ascension et ils ont « un seul cœur, unis dans la prière » ; c’est l’Esprit-Saint bien sûr qui est le cœur de cette communion fraternelle dans la prière. Il nous ouvre à une nouvelle manière de regarder les autres, de les rejoindre, de vivre avec eux. Pour que notre prière ne soit pas refermée sur nous-même, mais pour qu’elle soit véritablement don de toute notre vie, à l’image de la prière du Christ, demandons à l’Esprit-Saint d’envahir notre cœur et notre vie. C’est ainsi que nous pourrons tout recevoir de Dieu : « Tout ce qui est à moi est à toi ». C’est ainsi que nous pourrons refléter la gloire de Dieu par toute notre vie.
- samedi 23 mai :
Chers frères et sœurs,
« Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ; maintenant, je quitte le monde, et je pars vers le Père. » (Jn 16,28).
Jésus a souvent annoncé à ses disciples son départ. C’est ce que nous venons de fêter jeudi : l’Ascension marque le retour de Jésus dans son humanité auprès du Père. Avouons que ce pourrait être une fête étrange : on fête rarement le départ d’un ami, on le pleure plutôt…
Mais le départ de Jésus est source de joie grâce à la promesse du Christ de nous rester présent chaque jour et de nous donner son Esprit pour nous réconforter et nous guider. La deuxième source de joie est de savoir un homme auprès du Père, qui va nous attirer à sa suite !
Jésus nous donne un autre motif de joie immense : « Le Père vous aime » … On pourrait rester des heures à méditer cela comme la source d’une confiance à accueillir : le Père nous aime, quoiqu’il arrive, il nous restera fidèle. Et il répond à nos demandes : « Demandez et vous recevrez, ainsi votre joie sera parfaite ».
Nous devons avouer que nous ne sommes pas parfaitement à l’aise avec cette promesse de Jésus souvent répétée : « Demandez, vous recevrez », parce que nous savons bien que parfois nous demandons avec ferveur, par exemple une guérison pour un proche et cette prière n’est pas exaucée… C’est parfois une épreuve rude pour la foi : puisque je n’ai pas été exaucé, c’est que Dieu n’existe pas, ou qu’il n’est pas aussi bon qu’on le dit, en concluent certains. Dieu serait-il menteur ou ma prière pas assez fervente ? Ni l’un ni l’autre !
Nous devons reconnaître qu’il y là un mystère de la foi et de l’action de Dieu qui n’est pas un distributeur automatique.
L’Evangéliste Jean donne un point essentiel par rapport à la demande dans la prière : « Voici l’assurance que nous avons auprès de Dieu : si nous faisons une demande selon sa volonté, il nous écoute » (1 Jn 5,14). Faire une demande selon la volonté de Dieu, cela n’est pas toujours aisé. En fait il est probable que souvent nous sommes exaucés autrement que ce que nous aurions souhaité : je prend un exemple qui concerne les sacrements : lorsque nous donnons le sacrement des malades donné à une personne proche de la mort, nous croyons dans la foi qu’il agit , je l’ai souvent constaté émerveillé, mais nous ne savons pas l’effet qu’il aura : peut-être une rémission (je pense à une personne en fin de vie qui à eu une rémission de six mois qui lui a permis de revoir sa famille) ; souvent l’effet du sacrement ne sera pas la guérison, mais la force de traverser la maladie dans la paix, et c’est une grande grâce que j’ai toujours pu constater, y compris pour les proches.
Donc ayons confiance : Le Père nous aime, il veut nous exaucer, sans doute autrement que nous le pensons ! C’est notre joie de pouvoir avoir confiance en lui !
« Demandez et vous recevrez, ainsi votre joie sera parfaite ».
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- vendredi 22 mai :
Chers frères et sœurs,
« Je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ; et votre joie, personne ne vous l’enlèvera » (Jn 16,22).
Jésus parle à ses disciples de la joie qui les attend et qui traversera bien des douleurs : Il donne en exemple la maman qui accouche « elle est dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais, quand l’enfant est né, elle ne se souvient plus de sa souffrance, tout heureuse qu’un être humain soit venu au monde ».
La souffrance est bien présente en nos vies sous des formes diverses que nous en connaissons que trop bien : maladie, deuil, solitude, séparation, violences…
Paul reprend cette image de l’enfantement qui dure, de la création qui gémit, image qui nous parle en ces temps du réchauffement planétaire et de la pandémie : « Il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire qui va être révélée pour nous… La création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore… nous avons été sauvés, mais c’est en espérance » (Rm 8,18-25). Mais plus forte que ces épreuves est l’espérance que donne la foi : « Nous avons été sauvés ».
La foi nous redit que la souffrance n’a jamais le dernier mot, puisque Jésus l’a prise sur lui et dans sa résurrection nous donne sa paix. La joie peut traverser nos épreuves, cette « joie que personne ne nous enlèvera ». Je suis toujours impressionné de voir des personnes qui vivent des situations dramatiques et qui restent debout, là où beaucoup seraient effondrés ; une sérénité les habite, parce que la foi les fait tenir contre vents et marées.
« Il y a des moments difficiles, des temps de croix, mais rien ne peut détruire la joie surnaturelle qui s’adapte et se transforme, et elle demeure toujours au moins comme un rayon de lumière qui naît de la certitude personnelle d’être infiniment aimé, au-delà de tout ». (Pape François, Gaudete et exultate 125).
C’est la joie de Marie dans le Magnificat qui exulte parce que Dieu « relève son serviteur et se souvient de sa miséricorde ». » La joie est un signe de la grâce » (Benoît XVI) : le premier mot adressé à Marie est « Réjouis-toi, comblée de grâce » (Lc 2,28).
Comme la peine d’un seul devrait être la peine de tous, la joie d’un seul est la joie de tous : La joie « se vit en communion, se partage et se distribue, car « il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20, 35) et « Dieu aime celui qui donne avec joie » (2 Co 9, 7). L’amour fraternel accroît notre capacité de joie, puisqu’il nous rend capables de jouir du bien des autres : « Réjouissez-vous avec qui est dans la joie » (Rm 12, 15) …. En revanche, « si nous nous concentrons sur nos propres besoins, nous nous condamnons à vivre avec peu de joie » (Pape François, Gaudete et exultate 128).
« La joie ne peut se dissocier du partage. En Dieu lui‑même, tout est joie parce que tout est don » (St Paul VI, Gaudete in Domino, conclusion).
Que cette joie de Dieu nous habite au long de cette journée, même si nous traversons une ou des épreuves… Ne nous laissons pas voler la joie de Pâques !
- jeudi 21 mai : homélie
On parle beaucoup en ce moment de mode « présentiel » ou « distanciel » pour se rencontrer… Jésus lorsqu’il part vers le Père est-il en mode présentiel ? En tous cas il n’utilise pas Skype… Jésus reste auprès de nous d’une présence permanente et réelle ! Il y a une autre nouvelle réconfortante donnée aux disciples : Des anges leur annoncent que Jésus reviendra dans la gloire de son humanité transfigurée : ils retrouveront alors Jésus dans la joie, avec le même visage aimé et aimant, avec les mêmes mains transpercées et salvatrices, avec le même regard de tendresse ; ils retrouveront Jésus pour toujours !
Qu’est-ce qui frappe d’abord en écoutant cet Evangile ? Peut-être cet impératif : « Allez ! » qui semble mettre les hommes aux avant-postes de l’annonce de l’Evangile ; c’est l’image romantique du missionnaire partant le bâton à la main évangéliser le monde. En fait l’essentiel de ce passage est ailleurs… Les disciples à la demande de Jésus ressuscité se retrouvent au lieu premier de l’annonce du Royaume, là où Jésus les a enseignés, écoutés, encouragés voir parfois secoués ! La Galilée est le lieu de la première annonce, le temps béni des commencements… Les disciples sont partagés entre adoration et doute. Pourtant Jésus ne blâme pas cette incrédulité ; il sait leur faiblesse, pour les avoir côtoyés de près, pour avoir partagé leur vie.Il sait surtout que la mission ne repose pas sur les capacités des hommes, mais sur sa force de Ressuscité qui les aide à surmonter leurs faiblesses. C’est rassurant pour nous ! Face à la tâche immense (faire de toutes les nations des disciples du Christ), il y a la force du Christ ressuscité, sa présence permanente (« tous les jours, jusqu’à la fin du monde »). La puissance irrésistible de sa parole, de sa présence, s’impose. Elle domine les temps et l’histoire comme une présence rassurante ; nous avons la confiance que le Christ est à l’œuvre quelles que soient nos faiblesses et nos incapacités.L’Evangile de Matthieu commence par l’annonce de la venue de l’Emmanuel, « Dieu-avec-nous » (Mt 1,22-23), et il se termine par ces paroles où Jésus ressuscité affirme de manière solennelle, avant de quitter les siens, qu’il sera toujours auprès d’eux : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). : « Je suis avec vous ». « Je suis » : c’est Dieu qui parle. Voilà le cœur de ce passage ; la foi extraordinaire dans la présence sans fin de Jésus à nos côtés, dans les succès comme dans les épreuves de la foi. Ce qui est premier, ce n’est donc pas ce « allez » (d’ailleurs en grec ce n’est pas un impératif : Jésus dit « En allant, faites des disciples »). La proximité permanente du Christ auprès de son Eglise résonne comme une promesse sans faille et sans fin.Jésus est toujours avec nous pour nous guider, nous rassurer, nous encourager ou nous secouer éventuellement, avec la force de son Esprit Saint. N’oublions pas que ce ne sont pas nos pauvres forces, mais bien Jésus ressuscité qui est à la source de notre témoignage de chrétiens. Jésus qui est auprès du Père nous ouvre de nouvelles relations avec lui : « Pourquoi restez-vous à regarder vers le ciel ? ». Il est absent physiquement, mais toujours bien réellement présent dans la foi : désormais « nous cheminons dans la foi non dans la vision » (2 Co 5, 7). Son départ ouvre pour nous un chemin de liberté spirituelle, où nous choisissons librement de suivre le Christ dans la foi et l’amour. Le Christ ne s’impose pas.Loin de nous éloigner de nos frères, ce départ de Jésus nous stimule dans le témoignage et le service de nos frères. Cette fête nous rappelle que nous avons les pieds sur cette terre que Jésus a foulée, et la tête dans le ciel où Jésus nous a précédé ! Les deux à la fois. On ne peut séparer ces deux réalités de notre vie de chrétien, le lien au Christ et le témoignage de l’amour.
- mercredi 20 mai :
Chers frères et sœurs,
« Ce que vous vénérez sans connaître, voilà ce que moi, je viens vous annoncer. » (Ac 17,23).
Paul a été surnommé « l’Apôtre des Gentils » (des païens) parce qu’il a annoncé l’Evangile jusqu’aux confins du monde connu, depuis l’Asie mineure, jusqu’à la Grèce et enfin à Rome… Il est le grand prédicateur de la foi. Et il cherche à transmettre la foi en l’adaptant à la culture qu’il vient évangéliser. C’est ce qu’on appelle d’un mot « difficile », l’inculturation de la foi, c’est-à-dire la prise en compte de la culture pour annoncer la foi ; c’est une nécessité de tous les temps ; on n’annonce pas la foi de la même façon dans un monde de « culture chrétienne » ou dans un monde étranger à la foi, ou dans un univers « hypermédiatisé » et mondialisé !
Paul se rend donc à Athènes, ville de culture, des arts et de la philosophie et il s’adresse aux Athéniens à l’Aréopage, face au Parthénon, lieu que l’on peut toujours visiter non sans émotion. C’est là qu’il fait un discours sans doute à une foule bigarrée, curieuse, et en grande partie sceptique, face à « cet enseignement nouveau que Paul propose » lui qui leur « rebats les oreilles de choses étranges » (verset 19). Il y a sans doute dans cette assemblée des philosophes. Paul cherche à se faire « tout à tous » (1 Co 9, 22).
Paul essaie de s’adapter à la culture et de dialoguer avec celle-ci : il veut parler à des gens qui sont habitués « à dire ou écouter la dernière nouveauté » (verset 21). Les mots de Paul intriguent, lorsqu’il « se faisait le messager de » Jésus » et de » Résurrection « » (verset 18)°. Nous savons bien que cela continue à intriguer aussi aujourd’hui notre monde qui s’est éloigné de la foi. Paul est invité à s’expliquer, face à cet auditoire perplexe. Paul commence en mettant en valeur la recherche religieuse de ses auditeur sen parlant d’une inscription au Dieu inconnu qu’il a repérée. Il va s’appuyer sur leur attente religieuse. Il adapte son discours à des interrogations philosophiques : Dieu n’habite pas les Temples humaines, et les hommes sont des chercheurs de Dieu, lui qui donne à tous « la vie, le mouvement et l’être » (verset 28).
Après cette introduction adaptée à son auditoire, pour leur ouvrir l’attention, Paul va annoncer la foi chrétienne, en parlant de Jésus-Christ et de la résurrection des morts. Mais sa parole ne rencontre pas un franc succès, c’est le moins qu’on puisse dire ! Peut-être la façon dont Paul évoque les « temps d’ignorance », et parle de conversion achève-t-elle de vexer les athéniens. Et la résurrection est inenvisageable pour eux ! Certains partent en se moquant, sans attendre la fin de son discours, d’autres marquent une fin de non-recevoir : « Nous t’entendrons là-dessus encore une autre fois » (verset 32). Fin du dialogue. Malgré tout quelques personnes vont entrer dans la foi et former la première communauté chrétienne d’Athènes.
Le Concile Vatican II invitera à la suite de Paul « à découvrir avec joie et respect les semences du Verbe », présentes dans chaque culture ou tradition religieuse, ces points d’appui qui permettent d’avancer ver la foi (Décret sur l’action missionnaire, n°11). Et cela ne peut pas se faire sans dialogue avec le monde. L’inculturation est ainsi une tâche toujours à poursuivre. « Le besoin d’évangéliser les cultures pour inculturer l’Évangile est impérieux. Dans les pays de tradition catholique, il s’agira d’accompagner, de prendre soin et de renforcer la richesse qui existe déjà, et dans les pays d’autres traditions religieuses ou profondément sécularisés, il s’agira de favoriser de nouveaux processus d’évangélisation de la culture » (Pape François, La joie de l’Evangile 66).
Comment annoncer la foi à nos frères dans le cadre de la mondialisation, de la pandémie, de la question écologique… ? Comment l’annoncer avec des masques ?
Que l’Esprit-Saint nous éclaire pour aider nos frères humains à comprendre l’Evangile qui leur est destiné.
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- mardi 19 mai :
Chers frères et sœurs,
« Il fit préparer la table et avec toute sa maison, il laissa déborder sa joie de croire en Dieu » (Ac16,34).
Les Actes des apôtres nous parlent de la liberté de la foi qui ouvre toutes les prisons intérieures, libère de tous les enfermements et donne la joie de la vie en Dieu…
Ce récit de délivrance est extrêmement riche : Paul et Silas à Philippes en Macédoine viennent de libérer une servante et ils sont arrêtés pour trouble à l’ordre public. Ils sont roués de coups et sont enfermés dans « un cachot intérieur » (Ac 16,24) sous la surveillance d’un geôlier.
Le premier étonnement de ce récit, c’est que contrairement aux récits de Pierre en prison, les prisonniers ne quittent pas la prison ; le récit est centré sur le geôlier effrayé qui va accueillir la foi avec les siens. Même en prison la mission continue !
Les portes du cachot s’ouvrent, les entraves des prisonniers se détachent, les prisonniers sont libérés miraculeusement. Mais les prisonniers ne s’évadent pas et restent dans le cachot : leur libération est intérieure. C’est la Parole qui a délivré les prisonniers qui chantaient la louange de Dieu, et qui libère les hommes enchaînés. Ce qui est magnifique dans ce récit, c’est que le geôlier qui aurait pu être vu seulement comme un adversaire à fuir, est vu comme un homme qui leur est confié par Dieu pour qu’il puisse accueillir le salut. Paul lui adresse une parole de réconfort, alors que cet homme panique pour lui-même, car un geôlier est responsable de ses prisonniers et il craint d’être mis à mort.
Il y a toute une symbolique pascale, du passage des ténèbres à la lumière, de la crainte à la joie : Paul et Silas avaient été placés dans un cachot sans lumière, image du tombeau du Christ, la libération se passe au milieu de la nuit ; le geôlier réclame une lumière. Ce dernier est libéré de la frayeur qui lui fait penser à se donner la mort : le Christ lui donne la vie, et plus encore, la joie de croire avec les siens ; il fait tout un chemin pascal qui le conduit de la mort à la vie par le baptême. Et cet homme, en chemin vers la foi, libère Paul et Silas en les accueillant chez lui… Il soigne les plaies de Paul et Silas, agissant comme le Samaritain de la parabole de Luc qui, « ému aux entrailles », soigne les plaies du blessé qu’il a croisé sur la route de Jéricho (Luc 10,33-34) ; le témoignage de Paul et Silas est assez puissant pour faire entrer dans la foi une famille entière.
Il organise et partage un repas, ce qui fait évidemment penser à l’Eucharistie… En tout cas, c’est un repas de fête : « avec toute sa maison, il laissa déborder sa joie de croire en Dieu ».
Le mot utilisé est le même que celui qui exprime le « tressaillement d’allégresse » de Marie exultant de joie dans son Magnificat (Luc 1,47), et c’est aussi la joie de Jean Baptiste qui « tressaille d’allégresse » dans le sein de sa mère (Lc 1,44), la joie de Jésus lorsqu’il « tressaille d’allégresse dans l’Esprit » pour le Père se révèle aux « tout-petits » (Lc 10,21) ….
La joie accompagne la foi dans le récit des Actes : nous avons entendu cela lors de l’entrée dans la foi des païens : « ils étaient dans la joie et rendaient gloire à la Parole du Seigneur… tandis que les disciples étaient remplis de joie et d’Esprit Saint. » (Ac 13,48-52).
Que cette joie de croire nous habite en ce jour !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- lundi 18 mai :
Chers frères et sœurs,
« COMME UNE ROSÉE » QUI NOUS ADAPTE À DIEU
« Je vous enverrai d’auprès du Père le Paraclet, lui, l’Esprit de vérité » (Jn 15, 26).
Qui est ce mystérieux « Paraclet », dont Jésus parle ? « Le Père vous donnera un autre Paraclet qui sera pour toujours avec vous » (Jn 14,16).
Le Paraclet est celui qu’on appelle à l’aide auprès de soi (il est « appelé, (kaleo) pour se tenir à nos côtés (para) » ; c’est d’ailleurs le même mot que le mot latin qui a donné avocat) ; Jésus nous dit qu’il vient en aide aux orphelins que nous sommes : « Je ne vous laisserai pas orphelins » (Jn 14,18). L’orphelin a besoin de protection parce qu’il n’a plus personne pour le soutenir et l’aider à vivre ; dans la Bible, Dieu est celui qui porte le souci des plus pauvres, de l’immigré, de la veuve et l’orphelin (Ex 22, 20-26), ces petits qui n’ont pour défenseur que Dieu. Jésus bien sûr est le premier défenseur ; mais quand il quittera ses disciples, il ne les laissera pas seuls, il leur promet « un autre Défenseur » (Jn 14,16), une nouvelle présence à leurs côtés.
Le Paraclet est parfois traduit par « consolateur », « défenseur », « avocat » ou « intercesseur ». Cette présence de l’Esprit consolateur est un réconfort pour nous lorsque nous vivons des situations difficiles, ou lorsque nous avons à témoigner de notre foi. Croire que Dieu est présent à nos côtés est rassurant pour nous. Sa présence est en nous consolation, il ne nous laisse pas seul dans la traversée de l’épreuve, il nous donne le soutien nécessaire pour tous les moments où notre cœur est lourd, il est présent à nos côtés dans la maladie, la souffrance ou la mort de nos proches, partout là où nous pourrions craindre d’être seuls : « Dans toutes nos détresses, il nous réconforte ; ainsi, nous pouvons réconforter tous ceux qui sont dans la détresse » (2Co 1,4).
Le Paraclet a pour mission de nous conseiller. Il nous éclaire lorsque nous avons un choix difficile à faire. Il est aussi défenseur dans notre témoignage ; il nous souffle les paroles du Christ. Comme un avocat qui est à nos côtés pour nous soutenir dans notre mission de chrétien dans le monde (Mt 10, 17-20) ; il nous aide à témoigner du message de paix et d’amour du Christ dans un monde qui ne le reçoit pas forcément ! Même et surtout lorsque notre témoignage est difficile à donner ! Nous n’avons rien à craindre puisque le Défenseur est là. Les chrétiens ne peuvent témoigner que grâce à la présence de cet « Esprit de vérité » qui est en eux. Il se tient à côté de nous pour nous inspirer ce que nous avons à dire.
St Irénée nous dit qu’il est en nous comme une rosée qui nous fait porter du fruit et qui nous « adapte à Dieu ».
« Le Seigneur a promis de nous envoyer le Paraclet, qui nous adapte à Dieu. En effet, la farine sèche ne peut sans eau devenir une seule pâte, pas davantage nous tous, ne pourrions devenir un en Jésus-Christ sans l’eau qui vient du ciel. La terre aride, si elle ne reçoit pas d’eau, ne fructifie pas, ainsi nous-mêmes, qui d’abord étions du bois sec, nous n’aurions jamais porté le fruit de la vie, sans l’eau librement donnée d’en haut… Ainsi cette rosée de Dieu nous est nécessaire… » (St Irénée de Lyon)
Laissons le Seigneur faire son œuvre en nous en douceur, pour nous adapter à Lui.
Il est « pour toujours avec nous » (Jn 14,17) : que cette promesse du Seigneur nous donne la joie !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- dimanche 17 mai : homélie
« Vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi » (Jn 14,19). Jésus vient de laver les pieds de ses disciples : les Paroles qu’il prononce alors résonnent comme les dernières paroles du Christ avant de donner sa vie, paroles denses, comme un testament. On peut imaginer la tristesse qui emplit le cœur des disciples, alors que Jésus leur a annoncé son départ, et donc sa mort… Pourtant ce sont des paroles de réconfort que Jésus prononce : « Je ne vous laisserai pas orphelins » ; vous recevrez l’Esprit qui sera auprès de vous, et en vous à chaque instant. Cet Esprit, Jésus le nomme « Paraclet », il est le défenseur, le réconfort, la consolation : il répond aux cris des hommes et leur donne paix intérieure, communion, courage, liberté… Il donne la force de faire la volonté de Dieu que nous sommes souvent incapables de faire par nos propres forces. L’Esprit nous est donné pour aimer. Il est l’amour de Jésus en nos cœurs ; Il est la force et la douceur de Jésus en nous. Il est le don commun du Père et du Fils ; il nous fait entrer dans le corps du Christ, il nous unit dans l’amour. La grâce reçue donne aussi l’exigence d’y répondre par une vie belle : « Soyez prêts à tout moment à rendre compte de l’espérance qui est en vous ; mais faites-le avec douceur et respect », nous dit Pierre. Quel témoignage nos contemporains attendent-ils des chrétiens ? Ils n’attendent certainement pas l’arrogance de celui qui veut avoir raison, ni de celui qui dit avoir la vérité. Certainement pas non plus le mutisme, ou la peur de parler qui nous empêcherait de rendre raison de notre foi. Ils attendent le témoignage d’un amour vécu. Le saint pape Paul VI dans son grand texte sur « l’annonce de l’Evangile » dit que notre monde cherche davantage des témoins de l’amour que des maîtres :« L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres ; s’il écoute des maîtres c’est parce qu’ils sont des témoins… (dont la) vie résonne vraiment de l’Evangile » (§ 41). Il s’agit donc bien de rayonner de l’amour concret du Christ : « Ayez une vie belle parmi les nations » (1 Pi 2,12), dit Pierre un peu avant le passage que nous avons relu en ce jour. L’Esprit Saint respecte le cheminement de chaque être humain ; nous-même nous devons aussi respecter la recherche de vérité de l’autre sans vouloir à tout prix imposer. C’est ainsi que nous pourrons manifester la tendresse et la patience de Dieu. La foi ne s’impose pas par la force, parce qu’elle est un don, le plus grand. L’humilité va de pair avec la douceur évangélique. De ce don, nous sommes invités à témoigner chaque jour. Pour que « la clarté du Christ » puisse « resplendir sur le visage de l’Eglise » (Vatican II, Lumen Gentium 1). Que l’Esprit-Saint nous donne de rayonner de l’amour du Christ auprès de nos frères !
« Seigneur Jésus, inonde-moi de Ton Esprit et de Ta vie. Prends possession de tout mon être pour que ma vie ne soit qu’un reflet de la Tienne. Rayonne à travers moi, habite en moi, et tous ceux que je rencontrerai pourront sentir Ta présence auprès de moi. En me regardant, ils ne verront plus que Toi seul, Seigneur ! Demeure en moi et alors je pourrai, comme Toi, rayonner, au point d’être à mon tour une lumière pour les autres, lumière, Seigneur, qui émanera complètement de Toi. » (St John-Henry Newman)
- samedi 16 mai :
Chers frères et sœurs,
« Le Saint-Esprit les avait empêchés de dire la Parole » (Ac 16,6).
C’est une étrange façon de parler de l’Esprit-Saint ! d’autant que cela est répété au verset suivant : « l’Esprit de Jésus s’y opposa ». Si on lit trop rapidement, ce que nous ne ferons pas, on pourrait en tirer une conclusion absurde : l’Esprit-Saint qui empêcherait la mission de se réaliser. Voilà comment faire un contre-sens évangélique ! La meilleure preuve en est que juste avant, il nous est dit que les Eglises s’affermissaient dans la foi et augmentaient en nombre.
Comment comprendre cela ? Eh bien à l’inverse justement : l’Esprit-Saint est bien le maître de la mission ; il envoie là où il veut, là où l’annonce est nécessaire ; il ne cesse pas de guider l’Eglise dans sa marche au travers des siècles, selon les promesses du Christ, d’où la vision de Paul, qui est une des marques de l’Esprit : un macédonien l’invite à « venir au secours » de l’Eglise de Macédoine.
Et l’Esprit-Saint ne ménage pas les pieds de Paul, qui emmène avec lui le jeune disciple qu’est devenu Timothée ; si vous regardez une carte, Paul traverse toute la Turquie actuelle à pied avant de prendre la mer pour la Grèce. Quel missionnaire infatigable !
Le signe de l’action de l’Esprit qui accompagne la mission est la croissance de l’Eglise et l’accueil de la Bonne Nouvelle dans les cœurs : « Les Églises s’affermissaient dans la foi et le nombre de leurs membres augmentait chaque jour ». Cela est comme un refrain dans le livre des Actes des Apôtres.
La promesse de Jésus se réalise donc pour l’Eglise : « Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage » (Jn 15,26).
Paul sera témoin émerveillé de cette présence active de l’Esprit-Saint tout au long de sa mission ; il a une grande confiance en son aide, puisque « l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse » (Rm 8,26) ; l’Esprit-Saint nous identifie au Christ : « Tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu » (Rm 8,14) ; et il nous aide à l’annoncer : « Personne n’est capable de dire : « Jésus est Seigneur » sinon dans l’Esprit Saint » (1 Co 12,3).
Jésus envoie ses disciples annoncer la Bonne Nouvelle au monde : « Comme toi, Père, tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde » (Jn 17,18).
L’Esprit-Saint nous envoie dans ce monde que Dieu aime, mais dont les faiblesses sont à guérir. L’Esprit- Saint est cette force pour que le monde accueille pleinement la vie de Dieu.
Que l’Esprit-Saint ouvre notre cœur aux soucis de notre monde et de la création toute entière qui attend le Christ.
Invoquons l’Esprit-Saint qui nous guide et nous conduit vers nos frères, et avec nos frères vers le Père !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- vendredi 15 mai :
Chers frères et sœurs,
« L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé » (Ac 15,28).
Depuis trois jours, nous relisons le chapitre 15 des Actes des Apôtres qui nous raconte le premier concile de l’Eglise à Jérusalem (autour de l’année 48). La question posée à l’Eglise nous paraît sans doute lointaine, mais elle est lourde de conséquence : il s’agit de la façon d’accueillir les païens, faut-il ou non leur imposer la circoncision ? Autrement dit, celle-ci est-elle nécessaire au Salut (Ac 15,1) ?
En effet, à Antioche des groupes de pressions d’origine juive disent que les païens convertis au Christ doivent adopter la loi juive et ses prescriptions, notamment la circoncision.
L’enjeu est de taille, c’est celui de la liberté chrétienne, mais aussi de la continuité de la foi qui s’inscrit dans l’histoire du peuple de Dieu : la circoncision en effet est signe de l’Alliance avec Dieu ;
Paul et Barnabé sont donc envoyés à Jérusalem avec Tite (un païen non circoncis) pour soumettre cette question à l’éclairage des apôtres et de l’Esprit-Saint (Ac 15,2). Paul et Barnabé témoignent aux Apôtres et aux Anciens de « ce que Dieu a accompli avec eux » auprès des païens (Ac 15,6). La discussion a dû être en effet « intense » (verset 7) entre partisans de la tradition et partisans de la liberté chrétienne.
Pierre est le premier à prendre la parole ; il place le débat sur le terrain de la grâce reçue qui est la même pour les juifs et les païens ; Jacques, évêque de Jérusalem, admet qu’on ne doit pas imposer la circoncision aux païens. Il leur demande seulement d’adopter des comportements qui ne choquent pas leurs frères Juifs.
Paul sera sans doute dans ce concile le défenseur acharné de la « liberté acquise dans le Christ Jésus » (Ga 2,4 : le chapitre 2 de l’épître aux Galates donne la version de Paul sur les enjeux de ce concile) , il témoigne avec ardeur que c’est bien le Christ qui sauve et non pas la Loi : « Ce n’est pas en observant la Loi que l’homme devient juste devant Dieu, mais seulement par la foi en Jésus Christ » (Ga 2,16 ). Paul rapporte dans ce chapitre le conflit qui l’a opposé à Pierre à propos de son attitude envers les païens convertis avec qui il prenait ses repas (Ga 2,11 et suivants). Lorsque des juifs arrivent, Pierre se tient à l’écart de ces repas ; Paul « s’oppose ouvertement à Pierre » ; publiquement il lui reproche à lui qui est juif de vivre en païen et de vouloir forcer les païens à vivre en Juifs. Paul, toujours entier, pratique avec Pierre la « correction fraternelle » !
« L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations que celles-ci, qui s’imposent » (Ac 15,28). Un compromis est trouvé à Jérusalem qui préserve l’existence des communautés mixtes, d’origine païenne et juive, et n’impose pas la circoncision.
St Thomas d’Aquin cité par le pape François (La joie de l’Evangile 43) dit qu’il ne faut pas « alourdir la vie des fidèles et transformer notre religion en un esclavage, quand la miséricorde de Dieu a voulu qu’elle fût libre » .
« L’Esprit Saint et nous-mêmes » : phrase étonnante qui montre que les Apôtres font confiance à l’Esprit-Saint qui guide l’Eglise, et à l’autorité qu’ils ont reçue du Seigneur.
Demandons à l’Esprit-Saint de continuer à guider l’Eglise sur les chemins de la liberté et de la joie de l’Evangile !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- jeudi 14 mai :
« Je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis » (Jn 15,15)
« Ceci est notre vocation : vivre comme des amis du Seigneur (…). Nous tous, chrétiens, nous avons reçu ce don : l’ouverture, l’accès au cœur de Jésus, à l’amitié de Jésus. Nous avons reçu en destin le don de ton amitié. Notre destin est d’être tes amis » (Pape François 14/5/2018)
La relation de maître à disciple pourrait avoir un aspect hiérarchique ou d’inégalité : il y a celui qui connaît et celui qui apprend, il y a celui qui donne et celui qui reçoit…
Mais la relation avec Jésus est bien plus que cela !
L’amour que nous propose Jésus ne peut être que réciproque. Ce n’est pas une relation de supérieur à inférieur, ni de maître à disciple, ni de maître à esclave, mais bien une relation d’amitié, donc d’égal à égal, de frère à frère, puisque nous sommes frères du Christ. Cela bouleverse toutes nos relations humaines, puisque la fraternité ne peut pas comporter d’exception ; et il devrait en être ainsi dans la vie de notre Eglise ; il n’y a pas d’un côté ceux qui ont une soi-disant connaissance et de l’autre les commençants ; il n’y a pas d’un côté ceux qui sont des « chrétiens modèles » et de l’autre ceux qui sont des « chrétiens de loin » ; l’amour que propose Jésus n’est pas d’abord de l’ordre d’un savoir, ou d’un idéal inatteignable, mais d’une relation de communion. Et chacun, même celui qui n’est pas un savant en « théologie » est un ami de Dieu, si son cœur est ouvert ; et cette amitié que nous propose de vivre Jésus avec nous est la source d’une joie profonde !
« L’ ami est celui qui partage précisément les secrets avec l’autre » (Pape François 14/5/2018). Le Christ nous fait participer et communier à sa propre vie et nous invite à faire de même. Tous nous sommes invités à entrer dans cette amitié comme un don de Jésus qui s’est fait notre frère, et qui veut être notre ami.
Cette amitié avec le Christ s’alimente à deux sources : la prière est comme un dialogue qui nous fait entrer en intimité avec l’ami ; St Ignace de Loyola définit ainsi la prière : «Un ami qui parle à un ami et qui sait se taire pour l’écouter ».
« La prière permet que nous le connaissions mieux chaque jour, que nous entrions dans sa profondeur et que nous grandissions dans une union plus forte. La prière nous permet de lui dire tout ce qui nous arrive et de rester confiants dans ses bras, et en même temps elle nous offre des instants de précieuse intimité et d’affection, où Jésus répand en nous sa propre vie » (Pape François aux jeunes, Christ vit, n°155).
La deuxième source est celle de l’amour fraternel : « Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande » (verset 14). Celui qui porte du fruit, c’est celui qui aime davantage.
La joie du disciple est d’être uni au Christ et à ses frères ; c’est déjà la joie d’éternité qui relie le Fils au Père et qui déborde sur les disciples qui lui sont unis. Nous sommes invités à entrer dans une joie qui naît de l’amour réciproque entre le Père et Jésus, entre Jésus et nous : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit accomplie ». La joie de Jésus peut devenir la nôtre ! Parce que c’est d’abord Jésus qui veut demeurer en nous, trouver sa joie en nous : “Si quelqu’un m’aime nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure” (Jn 14,23).
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- mercredi 13 mai :
Chers frères et sœurs,
« Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit » (Jn 15,5).
LA VIGNE ET LES SARMENTS ?
Cette Parole que nous donne Jésus aujourd’hui, sur la vigne et des sarments est bien plus qu’une parabole ou qu’une image. Ce n’est pas seulement un : « je suis comme… », ce n’est pas non plus seulement une comparaison. Il y a bien plus dans ses Paroles : Jésus s’identifie lui-même à la vigne : « Je suis la vigne », Il y a une communion profonde entre le Fils de Dieu (« Je suis » désigne Dieu) et sa vigne, comme entre lui et son Père. C’est la même vie qui s’écoule entre le Père et le Fils et entre le Fils et les disciples que nous sommes.
Jésus est la vigne qui porte les sarments que nous sommes. Il y a donc un lien vital entre lui et nous ; il nous fait vivre par la sève indispensable de son amour. Vivre en lui nous permet de porter des fruits comme lui, parce que nous acceptons de dépendre de lui. Jésus nous met en garde contre la tentation d’indépendance, lorsque nous voulons ne dépendre que de nous-mêmes : On n’a jamais vu un fruit pousser hors d’un arbre ! …
Peut-être pouvons-nous recevoir l’Evangile de la vigne et des sarments comme un appel à une plus grande intériorité : « Pourquoi vous jetez-vous dans l’action ? C’est moi le Christ, le cep qui agit en vous et par vous. Laissez ma sève vous irriguer. C’est moi qui vous donne de porter de beaux fruits ». C’est en Jésus que notre vie est féconde.
La plus grande exigence est de laisser le Christ nous transformer, et non de croire que nous pouvons tout par nos propres forces. La vie vient de lui et nous pouvons à notre tour devenir sources pour les autres, en nous étant ressourcés en son amour, en sa tendresse.
Quels fruits le Seigneur attend-il de chacun de nous ?
Il me semble que ce sont de plus en plus en ces temps nouveaux des fruits d’écoute, de compassion, de proximité, de solidarité, et de soutien mutuel.
Nous portons ces fruits si nous demeurons ancrés dans l’amour du Christ, si nous entretenons notre lien avec lui par la prière, par la vie sacramentelle, mais aussi par la lecture de la Parole de Dieu, sinon notre foi perd sa force et notre amour s’épuise.
Quel fruit en porterons-nous ? Notre vie donnée avec le Christ.
Si nous puisons notre amour au cep, c’est-à-dire au Christ comme à la source, nous serons capables d’être à notre tour source de vie fraternelle.
« On est missionnaire avant tout par ce que l’on est, en tant que membre de l’Eglise qui vit profondément l’unité dans l’amour, avant de l’être par ce que l’on dit ou par ce que l’on fait. » (St Jean-Paul II, La Mission du Christ Rédempteur 23) : Le plus important est de vivre à chaque instant dans l’amour et dans la présence de Jésus, et pas seulement une heure le dimanche, ou 5 minutes par jour.
Seigneur Jésus, donne-nous la grâce de demeurer en toi pour que nous portions de beaux fruits en ce jour!
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- mardi 12 mai :
Chers frères et sœurs,
Jésus nous livre des paroles de feu qui nous ouvrent un chemin de confiance et de sérénité : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix… Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé… Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie … il faut que le monde sache que j’aime le Père » (Jn 14, 27-31a).
Ces trois Paroles nous font accueillir la douceur de Jésus ressuscité, la sérénité que procure la confiance en son amour infini. Nous avons tant besoin de ces paroles de réconfort !
– « Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé » :
Par deux fois dans ce chapitre 14 de l’Evangile de Jean, Jésus nous dit : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé » (Jn 14,1) : Jésus vient d’annoncer sa mort prochaine, comment les disciples ne seraient-ils pas effrayés ?
Il y a encore sans doute bien des craintes pour notre avenir et celui du monde qui hantent notre cœur. Jésus vient vaincre en nous nos peurs, quelles qu’elles soient : ces paroles de Jésus, juste avant sa Passion, nous sont adressées à nous aussi personnellement. Non seulement il vient nous aider à abandonner nos angoisses, mais il vient aussi nous donner sa paix qui demeure et dépasse toute souffrance, lui qui est le Ressuscité.
– « Je vous donne ma paix…. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie » :
« La paix soit avec vous », c’est comme le refrain que nous avons entendue la semaine pascale, dans la bouche de Jésus ressuscité.
Cette paix et cette joie promises par Jésus ne sont pas celles du monde. Rien à voir donc avec la soi-disant paix que le monde essaye de construire tant bien que mal, et qui est toujours fragile et incertaine ; La paix que Jésus donne est solide, puisqu’elle s’appuie sur l’amour de Dieu, et sur la foi qui conduit à l’amour.
Cette paix du cœur promise par Jésus traverse toutes nos détresses humaines ; elle demande juste que nous restions ancrés solidement et avec confiance en l’amour du Christ.
– « il faut que le monde sache que j’aime le Père » :
Jésus nous partage le secret de son amour pour le Père : il est venu pour que le monde ait la vie. Il est venu pour nous donner part à l’amour infini du Père, à sa tendresse pour nous. C’est cette Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu qui nous fait vivre.
Remarquons que nous trouvons dans ces paroles de Jésus les deux significations antagonistes du mot monde : le monde est à la fois le monde aimé par Dieu, parce que c’est lui qui l’a créé : « Je suis venu non pour juger le monde, mais pour sauver le monde » (Jn 12,47) ; et il est à la fois le monde complice du Mal, dont Dieu vient le libérer : « Dans le monde, vous avez à souffrir, mais, courage j’ai vaincu le monde » (Jn 16,33).
Notre confiance et notre joie sont là : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3,16).
Que cette confiance en Jésus ressuscité nous réconforte tout au long des jours à venir !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- samedi 9 mai :
Chers frères et sœurs,
« Amen, amen, je vous le dis celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père »
Avec solennité, Jésus nous dit, l’air de rien : « Vous ferez des œuvres plus grandes encore que moi » !
Quelle promesse incroyable que ces paroles de Jésus ! Comment imaginer un seul instant que nous, faibles humains, nous puissions faire des choses plus grandes que celles que Jésus le Fils de Dieu a accomplies ! Cette Parole de Jésus ne peut pas avoir été inventée ; aucun homme n’aurait la prétention de dire cela, à moins d’être regardé comme très orgueilleux…
Nous devons avouer que nous doutons de pouvoir faire mieux que Jésus. Et pourtant cette promesse a un sens. Avec la force de l’Esprit Saint, l’Eglise sera présence de Dieu parmi les hommes et ce dans le monde entier. Grâce à l’Esprit la Parole de Jésus va se répandre et progresser dans le monde entier. Le chrétien peut non pas montrer, mais rayonner dans toute sa vie de l’amour de Jésus ressuscité et de l’Esprit qui l’anime en tout : nous pouvons donner celui qui nous fait rayonner, comme le vitrail qui capte la lumière et la transfigure.
C’est ce que nous montre la lecture du livre des Actes de ce jour, où nous voyons Paul et Barnabé se tourner vers les païens ; leur prédication auprès des juifs se révèle un échec cuisant, ceux-ci refusent de les entendre et les injurient. Alors ils annoncent la Bonne Nouvelle de Jésus ressuscité aux païens de la ville.
Jésus nous le savons, à quelques exceptions près, a limité sa mission auprès du peuple juif ; les œuvres plus grandes que l’Eglise accomplit, c’est entre autres l’annonce de l’Evangile à toutes les nations.
Les païens qui ont écouté Paul et Barnabé entrent dans la foi et connaissent la joie de l’Evangile : « ils étaient dans la joie et rendaient gloire à la Parole du Seigneur ».
Oui nous le savons, l’Esprit de Jésus ressuscité continue de guider l’Eglise pour qu’elle accomplisse et continue ce que Jésus a fait. L’Esprit Saint conduit et renouvelle l’Eglise en permanence. De nouvelles initiatives d’annonce, d’évangélisation, de charité, de service ne cessent de fleurir dans l’Eglise encore de nos jours !
L’Eglise a les promesses de l’avenir, elle renverse toutes les barrières, même celles du confinement, l’Eglise ne connaît pas de frontières.
Bien sûr, ces œuvres plus grandes que celles de Jésus ne peuvent exister que dans la force de l’Esprit-Saint. Nous ne pouvons faire plus que Jésus seulement si nous nous accrochons solidement à notre Seigneur : « Si vous ne tenez pas au Seigneur, vous ne tiendrez pas » dit le prophète Isaïe ( Is 7,9).
L’Eglise tire sa vitalité du Christ glorifié auprès de son Père.
Il y a bien une continuité entre les œuvres du Père que Jésus accomplit parce que « le Père demeure en lui », et les paroles et les actes que nous pouvons faire en son nom.
Rendons grâce au Seigneur qui fait confiance à des êtres faibles et fragiles pour vivre et annoncer sa Parole, et qui nous rend capables d’œuvres plus grandes encore que les siennes grâce à la force de l’Esprit.
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- vendredi 8 mai :
Chers frères et soeurs,
« La promesse, Dieu l’a pleinement accomplie en ressuscitant Jésus » (Ac 13, 26-33).
Ces paroles de Paul adressées aux juifs dans la synagogue d’Antioche de Pisidie (l’autre Antioche, au milieu de la Turquie), est typique de ce que l’on appelle l’annonce du kérygme, (pardon pour ce mot compliqué de la « langue de buis » des chrétiens…).
Qu’est-ce que le kerygme ? Littéralement en grec, c’est une proclamation à haute voix par le crieur public. Et dans la tradition chrétienne, c’est la profession de foi des premiers chrétiens. Le contenu de cette annonce de la foi était souvent assez semblable avec de multiples variantes possibles ; en très résumé, cela donne : « Ce Jésus crucifié par les hommes, Dieu l’a ressuscité, nous en sommes témoins ».
Ces premières formulations de la foi n’ont pas tardé à jaillir du cœur des premiers chrétiens et des disciples, sous une forme courte, facilement mémorisable.
Par exemple, lorsque Pierre prêche après qu’il a guéri un infirme : « Lui, le Chef des vivants, vous l’avez tué ; mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, nous en sommes témoins » (Ac 13,15). Paul reprenant ce qu’il a reçu de l’Eglise pour le transmettre aux Corinthiens, proclame ceci : « Je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu : le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures, et il a été mis au tombeau, il est ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures, et il est apparu à Pierre, puis aux Douze » (1 Co 15,3-5).
C’est le cœur de la foi qui se transmet dans la communauté.
Il y aussi très tôt une représentation symbolique, un signe de reconnaissance et un credo en image, avec la représentation du poisson, dont les initiales veulent dire en grec : « Jésus-Christ Fils de Dieu Sauveur » (cf le mot du 1° avril).
Vous pouvez donc rechercher vous-même les caractères propres de cette annonce de Paul aux Juifs d’Antioche dans la première lecture de ce jour. (Si vous avez du mal à le faire, je vous les donne plus bas, en fin de ce texte !).
Ce noyau initial de la foi sera ensuite développé pour donner au siècle suivants les symboles de foi que nous proclamons le dimanche.
Cet essentiel de la foi est bien sûr une proclamation missionnaire.
« La première annonce ou “kérygme” a un rôle fondamental, qui doit être au centre de l’activité évangélisatrice et de tout objectif de renouveau ecclésial. Le kérygme est trinitaire. C’est le feu de l’Esprit qui se donne sous forme de langues et nous fait croire en Jésus Christ, qui par sa mort et sa résurrection nous révèle et nous communique l’infinie miséricorde du Père. Sur la bouche du catéchiste revient toujours la première annonce : “Jésus Christ t’aime, il a donné sa vie pour te sauver, et maintenant il est vivant à tes côtés chaque jour pour t’éclairer, pour te fortifier, pour te libérer” » (Pape François « La joie de l’Evangile », 164).
Pierre et Paul, Le Greco
Le kérygme de Paul à Antioche :
- Jésus est « Parole de salut »
- Jésus a été méconnu ainsi que les Ecritures (Paul s’adresse à des Juifs)
- Il a été condamné à mort selon les Ecritures. Il a été enseveli.
- Dieu l’a relevé des morts.
- Il est apparu vivant aux témoins qui l’annoncent.
Si vous voulez un peu d’exercice « spirituel » pour ce jour : regardez comment est exprimé le kérygme de la foi dans la bouche de Pierre le jour de la Pentecôte (cela vous préparera à la fête de Pentecôte !) en Actes 2, 22-38.
Bon entraînement !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- jeudi 7 mai :
Chers frères et sœurs,
« Heureux êtes-vous, si vous le faites » (Jn 13,17) …
Aujourd’hui le Christ nous donne à méditer une toute petite phrase, sous forme de béatitude, pleine de sens ! Essayons de bien la comprendre.
Jésus vient de laver les pieds de ses disciples ; nous relisons dans la lumière de la résurrection cet appel de Jésus à faire comme lui. Jésus ressuscité nous parle de notre mission de baptisé.
« Comme moi j’ai fait, faites-le vous aussi », vient de dire Jésus (verset 15) :
Notre joie la plus profonde, c’est de servir comme Jésus l’a fait pour nous.
Ce n’est pas seulement une identification du disciple au Christ serviteur, mais plus profondément nos actions prennent leur source et leur force dans celles de Jésus.
Jésus ne cesse pas de donner à son Eglise de vivre sa charité : « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres. » (Jn13, 34-35) ; à chaque fois que des baptisés agissent pour leurs frères, c’est l’Esprit de Jésus qui les fait agir. Jésus ressuscité continue son œuvre à travers ses disciples de tous les temps. Jésus est la source de l’amour fraternel et du service des chrétiens. Il nous invite à entrer dans la réciprocité de l’amour.
Il est éclairant de rapprocher les paroles du Christ dans le dernier repas avec ses disciples et celles que nous entendons dans le lavement des pieds : « Ceci est mon corps donné pour vous, faites-ceci en mémoire de moi » (Lc 22,19), nous dit Jésus dans l’eucharistie, et « faites vous aussi comme j’ai fait pour vous » (Jn 13,15), nous dit-il lors du lavement des pieds. Nous remarquons la similitude. Nous faisons mémoire de ce que Jésus a fait et dans l’eucharistie et dans le service humble de l’amour au quotidien. L’un ne va pas sans l’autre.
« Une Eucharistie qui ne se traduit pas en une pratique concrète de l’amour est en elle-même tronquée » (Benoît XVI., Dieu est charité 14)
L’eucharistie ne va pas sans la charité.
Nous sommes invités à nous conformer au don du Christ : « Heureux êtes-vous si vous faites comme j’ai fait ».
Servir fidèlement le Seigneur, servir nos frères, nous donne de communier à la joie de Jésus : « Serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître » (Mt 25,21).
« Quand le cœur est authentiquement ouvert à une communion universelle, rien ni personne n’est exclu de cette fraternité » (Pape François, Laudato Si 92)
Dans le prochain, en particulier dans le plus petit, nous rencontrons Jésus lui-même et en Jésus nous rencontrons Dieu : « Si quelqu’un reçoit celui que j’envoie, il me reçoit moi-même ; et celui qui me reçoit, reçoit Celui qui m’a envoyé. » ((Jn 13,20)
Heureux serons-nous si nous vivons cela à la suite du Christ !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- mercredi 6 mai :
Chers frères et sœurs,
« Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que son visage s’illumine pour nous » (Ps 66, 2).
A défaut de pouvoir voir tous les visages humains cachés derrière leur masque, que le visage de Dieu révélé en Jésus-Christ soit lumière pour nous à chaque instant !
Voici que s’approchent les jours de la délivrance, du déconfinement tant attendu !
Pourtant cet après reste en grande partie flou, limité, et pourrait être source de déceptions…
Une des premières grandes tristesses pour nous croyants, sera de ne pas pouvoir reprendre le cours normal de nos eucharisties et de nos liturgies avant le début juin, malgré les demandes répétées de nos évêques. Nous le regrettons tant !
La reprise sera donc progressive, pas seulement pour la vie d’Eglise, mais aussi pour l’économie, pour la santé, pour les personnes âgées…
Cela évoque pour moi l’image de la convalescence après un accident ; il faut du temps pour réapprendre à vivre normalement, pour réapprendre les gestes du quotidien, sans se décourager. Il nous faudra à nous aussi de la patience, du temps et du courage, car la menace du virus est toujours là ; même si nous n’avons pas tous été malades du virus, nous sommes comme des convalescents retrouvant progressivement les gestes et les habitudes d’un quotidien serein.
Il me semble qu’il y a deux risques antagonistes pour les jours à venir : le premier serait celui du découragement, car tout ne redeviendra pas immédiatement comme avant, les gestes barrières seront maintenus, nous ne pourrons pas encore nous manifester par nos gestes notre joie de sortir du confinement ! La prudence sera toujours de rigueur ; avec le risque de vivre cette période de transition dans la peur et le manque de confiance ; le second risque est celui de « laisser-aller » : tout redevient comme avant, et j’abandonne toute prudence, m’exposant et exposant les autres au risque de la contagion…
Il nous faudra trouver le juste milieu, celui de la confiance et de la prudence : nous pourrons méditer cette phrase de Jésus où il nous invite à « prudents comme les serpents, et simples comme les colombes » (Mt 10,16) !
Entendons l’appel à la prudence de notre pape : « En ce moment, alors que nous commençons à avoir des dispositions pour sortir de la quarantaine, prions le Seigneur de donner à son peuple, à nous tous, la grâce de la prudence et de l’obéissance aux dispositions, afin que la pandémie ne revienne pas » (messe du 28/4).
Il nous faudra aussi nous asseoir pour faire un bilan intérieur, personnel ou (et) familial, de ce temps de confinement, pour rendre grâce du positif que nous en avons tiré. Parce que tout n’a pas été que sombre dans ce temps rude du confinement.
Et n’oublions pas de rendre grâce pour tous ceux et celles qui nous ont aidé à traverser cette épreuve ; je pense en particulier à tous ceux à qui nous rendons d’habitude peu d’hommage : les caissiers, les pharmaciens, infirmiers, médecins, éboueurs, et bien d’autres encore, qui sont restés à notre service souvent au risque de leur vie !
Nous souhaitons tous sortir renforcés de cette épreuve. Celle-ci nous a montré les limites de notre mondialisation, du tout économique, et de notre sentiment de toute-puissance. Il nous faudra affronter ensemble d’autres crises, ne serait-ce que les conséquences financières, sociales, psychologiques du virus…
Il nous faudra rester particulièrement attentifs à ceux qui ont été le plus éprouvés par ce temps du confinement : les personnes isolées, celles qui ont été malades, celles qui ont perdu un être cher…
Nous aurons enfin à prendre conscience de nos modes de vie et de relations, pour qu’ils soient plus sobres, plus soucieux du bien commun et plus évangéliques encore !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- mardi 5 mai :
Chers frères et sœurs,
Après la persécution contre Etienne, nous assistons à cet élan donné à la transmission de la Bonne Nouvelle grâce à la dispersion de chrétiens.
Antioche de Syrie est une grande cité cosmopolite et païenne, de culture grecque, la troisième ville de l’empire romain par sa taille (500.000 habitants) ; elle est le premier lieu où la Parole est annoncée aux païens. C’est une grande avancée pour la foi ! Ce sont de simples réfugiés qui annoncent la foi en « Jésus le Seigneur ». Le Seigneur agit avec eux. Barnabé et Paul vont ensuite affermir cette toute jeune Eglise naissante. C’est le Christ qui attire des hommes à lui : « Barnabé les exhortait tous à rester d’un cœur ferme attachés au Seigneur » (Ac 11,23).
« Pour la première fois, les disciples reçurent le nom de « chrétiens » ». Jusque-là les disciples de Jésus s’appelaient entre eux les saints ou les frères. Ce nom de chrétien, c’est-à-dire disciple du Christ, nous a été donné presque par hasard par les hommes de la rue de cette cité cosmopolite…
L’utilisation du mot « chrétien » était d’abord péjorative, attribué à ceux qui n’adoraient pas l’empereur ou comme un sobriquet donné à une secte juive. Le mot est employé pour la première fois à Antioche, vers l’an 40, donc très vite après la résurrection de Jésus ; alors que les disciples annoncent la Bonne Nouvelle et qu’ils sont « réunis en Eglise » (c’est aussi la première utilisation de ce mot « Eglise » dans les Actes pour une communauté d’origine païenne).
Pour nous ce nom de chrétien résonne bien sûr positivement ! Mais il n’en n’est pas toujours ainsi ; en d’autres contrées le nom de chrétien est encore l’objet de persécutions. Et même dans notre société, se dire chrétien n’est pas toujours facile.
Pour nous c’est d’abord une fierté : nous sommes identifiés au Christ. Par le baptême, nous devenons un autre Christ. Ce nom est donc aussi une « confession de foi » : nous croyons en Jésus le Messie envoyé par Dieu.
« Si l’on vous insulte pour le nom du Christ, heureux êtes-vous, parce que l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu, repose sur vous. Que personne d’entre vous, en effet, n’ait à souffrir comme meurtrier, voleur, malfaiteur, ou comme agitateur. Mais si c’est comme chrétien, qu’il n’ait pas de honte, et qu’il rende gloire à Dieu pour ce nom-là » (1 Pi 4,14-16). Pierre rappelle que si le chrétien souffre, il est uni au Christ qui souffre. Celui qui est identifié à Jésus glorifie Dieu pour le beau nom de chrétien qu’il porte. C’est cet enthousiasme qui animait les premiers martyrs, quand ils proclamaient haut et fort devant leurs bourreaux : « Je suis chrétien ».
C’est cette confiance en son amour que donne Jésus dans l’Evangile : « Personne ne les arrachera de ma main ».
C’est le Christ qui nous donne de croître avec lui, et d’être « un seul être avec lui » (par le baptême Paul nous dit que nous sommes littéralement « une seule plante avec le Christ » Rm 6,5).
Demandons au Seigneur de rendre grâces pour notre beau nom de chrétiens, unis au Christ, attachés à lui en toutes circonstances.
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- lundi 4 mai :
Chers frères et sœurs,
Nous continuons à suivre le Bon Pasteur. Nous sommes donc en bonne compagnie, puisqu’il veille avec amour sur ses brebis et n’hésite pas à partir nous chercher si nous nous égarons !
Continuons à frayer avec lui sur les bons pâturages où il nous conduit.
L’image du Bon Pasteur résonne sans doute différemment pour nous qui sommes des urbains du XXI° siècle ; à l’époque de Jésus la société était essentiellement rurale.
Essayons de retrouver les facettes de cette image que Jésus utilise pour parler de lui : « Je suis le Bon Pasteur ». « Je suis », nous le savons, est une expression qui désigne Jésus comme Dieu ; le « beau » pasteur, dit le mot grec, nous montre Jésus comme celui dont la beauté intérieure est le rayonnement de l’amour infini du Père.
Dans la Bible, souvent Dieu lui-même est désigné comme le Berger de son peuple : dans le Psaume 22 bien connu, pour ne citer qu’un exemple parmi bien d’autres, nous lisons ceci : « Le Seigneur est mon Berger, je ne manque de rien… si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal ».
L’image du berger est ambivalente : dans Ezéchiel, le prophète dénonce les mauvais pasteurs du peuple qui au lieu de servir le troupeau se servent de lui et l’exploitent pour assouvir leur pouvoir, pour s’enrichir à ses dépens. Hélas, cette image de bergers qui se repaissent, qui utilisent leurs ouailles à leur service reste pertinente dans tous les siècles !
Jésus parle du berger mercenaire qui n’aura d’intérêt pour ses brebis que si celles-ci lui rapportent matériellement et qui fuira au premier loup venu. Jésus est aux antipodes du berger intéressé et cupide qui fuit au premier danger.
L’image du troupeau elle-même nous laisse parfois sceptique : comparer le Peuple de Dieu à un troupeau semble parfois donner une image trop grégaire, nous n’aimons pas être des « moutons de Panurge » incapables d’autonomie ! Evidemment il ne s’agit pas de cela dans la bouche de Jésus.
L’Apocalypse nous livre une image étrange qui nous aide à comprendre comment Jésus est berger de son troupeau : « l’Agneau sera leur berger » (Ap 7,17). Un agneau qui conduit un troupeau !
Mystérieusement celui qui est le Pasteur est aussi l’Agneau immolé, le Serviteur. Ce Pasteur qui est aussi l’Agneau, marche à la tête de son peuple, le guide et lui donne sa vie : « Je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis » ( Jn 10,11).
Bien plus il continue à se faire nourriture pour les siens. C’est le repas de l’eucharistie où le Pasteur se fait agneau livré pour notre vie.
Et il est aussi celui qui nous connaît plus que nous-mêmes ; ce troupeau n’est pas pour le Bon Pasteur une masse informe. Chacun de nous est unique aux yeux de Dieu.
Jésus vient chercher la brebis perdue à travers nos déserts et les épreuves de notre vie. Le Bon Pasteur s’identifie à ses brebis : tout ce qui les touche l’atteint au cœur.
Il connaît notre faiblesse et veut nous conduire malgré tout au chemin de vie. Il veille sur ceux qui sont faibles et les porte sur ses épaules, comme nous le montrent les représentations les plus anciennes de Jésus.
Chacun de nous, à un moment ou un autre, est le berger pour des proches (familles, amis, voisins…) : alors il nous faut entrer dans la manière dont le Christ est le vrai Pasteur : il nous faut veiller sur les autres, particulièrement le plus faible, révéler la beauté de l’autre, le mettre en valeur, écouter vraiment, sans chercher son propre intérêt…
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- dimanche 3 mai :
Homélie du Père Maroteaux « Il appelle ses brebis chacune par son nom, et il les fait sortir, (…) il marche à leur tête, et ses brebis le suivent, car elles connaissent sa voix ». (Jn 10,1-10)Les brebis connaissent la voix de leur berger, et elles le suivent avec confiance.Jésus dans cette image, qui est bien plus qu’une parabole, nous fait entrer dans le mystère de son identité de Fils de Dieu (Quand Jésus dit : « Je suis », il dit qu’il est Dieu).Quand Jésus dit à ses disciples « Je suis le Bon Pasteur », « Je suis la porte », il y décrit sa relation avec chacun d’entre nous. Cette mystérieuse intimité et connivence entre les brebis et le Bon Pasteur qu’il est pour nous.Comment les brebis reconnaissent-elles la voix de Jésus ? Elles ont d’abord été reconnues et appelées par Jésus et sa voix reste gravée dans leur cœur.« Il les appelle chacune par son nom », parce qu’elles sont à lui.Nous sommes appelés par notre nom par Jésus. Nous l’avons été à notre baptême. Et le ton avec lequel Jésus l’a prononcé, la voix d’un amour infini nous marquent en profondeur. Nous reconnaitrions entre mille cette voix unique.Le nouveau nom que Jésus nous donne à chacun est ce secret entre Jésus et nous : « je lui donnerai un caillou blanc, et, inscrit sur ce caillou, un nom nouveau que nul ne connait, sauf celui qui le reçoit » (Ap 2,17). Nous vivons cette relation unique avec Jésus, découvrant ce que nous sommes pour lui, ce qu’il est pour nous.Ce nom prononcé par Jésus nous rappelle que nous sommes ardemment aimés par lui. Sans fin, sans condition. Même si parfois nous pouvons être « errants comme des brebis », nous savons que nous pouvons toujours « retourner vers notre berger, qui veille sur nous » (1 Pi 2,25).Nous avons à répondre chaque jour à cette voix de Jésus. Avec confiance puisque « quand il a poussé dehors toutes ses brebis, il marche à leur tête, et elles le suivent, car elles connaissent sa voix » (v.4). Suivons Jésus partout où il va… Si nous marchons sur ses pas nous sommes sûrs de ne pas nous tromper de porte !Nous avons à discerner chaque jour sa voix dans les événements et les rencontres de notre vie et de notre monde, y compris en ces jours pleins de questions…« Je suis la Porte » : Jésus est celui qui ouvre pour nous la porte de la vie avec Dieu, la porte du salut : « Celui qui passe par moi sera sauvé » ; les portes de nos maisons, même si elles sont fermées aujourd’hui, sont des lieux de passage, d’ouverture, d’accueil. Les portes du ciel s’ouvrent pour donner aux hommes le salut de Dieu. C’est par une porte de Jérusalem, celle qui ouvre vers le Temple, à l’orient, là où se lève le soleil, que le peuple hébreu attendait la venue du Messie. |
Dieu est souvent comparé dans la Bible à un Berger qui rassemble ses brebis, qui les guide dans le désert, qui les nourrit… « Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits » (Is 40,11).
Jésus part à la recherche de la brebis perdue parce qu’elle est unique à ses yeux. Belle image pour nous dire son amour total ; Jésus est totalement donné à ses brebis ; il n’y a pas de vérité plus grande que celle-là. C’est ce don de Jésus que nous fêtons à chaque eucharistie.Prions aussi avec ardeur en ce dimanche des vocations pour que le Seigneur continue à envoyer des Bons Pasteurs à son image, les prêtres, pour son Eglise en ces temps rudes pour le monde et pour l’Eglise.
- samedi 2 mai :
Chers frères et sœurs,
« Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6,69).
Qu’elles sont magnifiques ces paroles pleines de confiance de Pierre !
Pourtant le discours de Jésus sur le pain de vie se termine dans la contestation ou la déception chez beaucoup de disciples de Jésus : « Elle est dure cette parole ! Qui peut l’écouter ?» (Jn 6, 60).
Jean nous dit même que beaucoup parmi eux partent et quittent Jésus, déçus ou choqués.
Il faut avouer que certaines Paroles de Jésus ont de quoi choquer : « Le pain que je lui donnerai c’est ma chair livrée pour la vie du monde » (verset 51). Jésus invite à manger son corps : par quatre fois et il emploie un mot très réaliste, on aurait envie de dire très cru, qui se traduit précisément par : « broyer, croquer » : comme s’il disait « celui qui me croque, vivra lui aussi par moi » (verset 57) ; on peut imaginer aisément que cela ait pu scandaliser !
L’eucharistie suppose la croix. Et c’est cela qui fâche. Les auditeurs juifs sont scandalisés qui comprennent au sens physique et non spirituel : « comment peut-il donner sa chair à manger ? » Jésus répond par la perspective de sa chair offerte et du sang répandu par amour pour les hommes.
C’est vrai que souvent les paroles de Jésus peuvent nous déranger aussi par leur exigence…
« Cela vous scandalise ? et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant ? » (verset 62)
Jésus nous fait comprendre que l’une des causes de l’incompréhension de ses paroles est notre manque de foi : « Il en est parmi vous qui ne croient pas » (verset 64)
Des disciples quittent donc Jésus et « ne marchent plus avec lui ». Face à la montée des déceptions, Jésus n’adoucit pas ses paroles pour rassurer, il nous pose la question de la liberté : celle de rester avec lui ou de se séparer de lui : « Voulez-vous partir vous aussi ?» (verset 67).
C’est à ce moment que Pierre fait cette belle profession de foi qui rejoint celle de l’Evangile de Matthieu, « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16,16) : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ».
« Pierre ne dit pas « où irons-nous ?», mais « à qui irons-nous ?». Le problème de fond n’est pas de partir et d’abandonner l’œuvre entreprise, mais à qui aller » (Pape François, Angélus 23/8/2015).
Pierre a bien compris que les paroles de Jésus sont esprit et vie. Elles communiquent la plénitude de la vie c’est-à-dire la vie même de Dieu. Ce qui ne l’empêchera pas de renier Jésus au moment de la Passion.
La Parole et l’eucharistie sont ces liens les plus profonds et les plus intimes qui se puissent concevoir entre Jésus et les disciples que nous sommes. La foi est notre réponse par laquelle nous nous ouvrons tout entier pour accueillir le mystère de l’amour de Dieu.
« Nul ne peut venir à moi si le Père ne l’attire… Celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif » (Jn 6,43-44). Le Christ seul peut rassasier notre faim du bonheur et de l’amour.
Redisons au Seigneur notre désir d’aller à lui ; et avec une grande joie, dans notre cœur et dans notre prière en ce jour avec Pierre nous disons : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ».
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- vendredi 1er mai :
Chers Frères et sœurs,
Plusieurs récits racontent le « chemin de Damas » de Paul, c’est-à-dire sa conversion radicale ( trois récits dans les Actes : Ac 9,1-19 ; 22, 4-21 ; 26,9-18, et plusieurs fois dans les épîtres par Paul lui-même : Ga 1,11-17 ; 1 Co15,8-10 ; 2 Co 12,1-10) .
Ce qui surprend dans le récit des Actes c’est l’initiative de Dieu dans le choix de ceux qu’il appelle : Saul le persécuteur cet homme « animé d’une rage meurtrière ».
Surprenant aussi est le rôle d’Ananie de la communauté chrétienne de Damas qui aurait tout pour être effrayé par ce que Dieu lui demande : de faire confiance à un homme qui pourchassait les chrétiens. Cet homme est un ennemi des chrétiens et a du sang sur les mains. Rien de rassurant pour Ananie !
Le persécuteur redoutable et craint est terrassé par l’amour du Christ…
Amusons-nous un instant à remarquer que l’iconographie a toujours représenté Saul tombant de cheval : Vous pouvez chercher le cheval dans le texte, vous ne le trouverez pas ! C’est sans doute l’expression « il fut précipité à terre » qui nous vaut cela. Paul ne circulait pas à cheval, pas plus que Jésus, le cheval étant réservé aux puissants et à l’armée. On se rend d’ailleurs compte du nombre de kilomètres que Paul a parcouru à pied dans sa mission.
C’est Jésus que Saul va rencontrer : Saul entend le Christ lui dire « Saul pourquoi me persécutes-tu ? ». Ce n’est pas le Christ qu’il persécutait, mais lui en son Eglise.
« Je suis » « Jésus que tu persécutes » : Jésus s’identifie aux chrétiens persécutés : « Tout ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40) : c’est le Christ lui-même qui a fait irruption dans sa vie et qui va la faire basculer au service de l’amour.
Saul est terrassé : lui qui était terriblement acharné et actif se retrouve passif, aveugle et donc dépendant ; il ne maîtrise plus rien ; il ne peut plus que se laisser faire : c’est cela la conversion de Paul : il croyait agir pour Dieu ; il doit maintenant se laisser faire par le Christ… Renversement de perspective, plus impressionnant encore qu’une chute de cheval !
Les compagnons de Paul restent extérieurs à son expérience spirituelle.
Paul foudroyé ne voit plus. Il a besoin de ses compagnons pour le guider. Il a besoin de la communauté chrétienne pour entrer dans la foi.
Il s’agit d’une vocation, au sens d’un appel venu du Christ lui-même, une expérience de lumière qui vient à bout de son aveuglement. La vie de Paul bascule.
Ananie reçoit de Dieu la mission, et quelle mission, de rencontrer l’ancien persécuteur, précédé de sa réputation ; on peut comprendre les objections d’Ananie à l’appel qu’il reçoit : il ne devait pas être très à l’aise que le Seigneur l’envoie secourir le bourreau de ses frères de foi !
Le Seigneur rassure Ananie en lui révélant la mission que Saul va recevoir : celle de témoin souffrant du Seigneur auprès des nations ; il est désormais identifié à son Seigneur qu’il va servir.
Ananie est l’Eglise qui atteste le pardon de Dieu et qui confirme à Saul que c’est bien le Seigneur qu’il a rencontré, ; c’est lui qui l’accueille dans l’Eglise au nom du Seigneur ; c’est l’œuvre de la toute-puissance du Christ qui est capable de retourner le cœur de celui qui a été persécuteur ; Saul va retrouver la vue en même temps qu’il reçoit l’Esprit-Saint.
Saul est prêt pour recevoir le baptême et être envoyé en mission : le persécuteur va désormais « proclamer Jésus affirmant que celui-ci est le Fils de Dieu » (Ac 9,20).
Paul sait qu’il doit tout à la grâce de Dieu dont il ne se sent pas digne : Relisant cet appel personnel du Christ qui lui a ouvert les yeux, il dit : « Je suis le plus petit des Apôtres, je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre, puisque j’ai persécuté l’Église de Dieu. Mais ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et la grâce dont il m’a comblé n’a pas été stérile » (1 Co 15,9-10). Il sera un inlassable témoin dans le monde entier de cette miséricorde de Dieu dont il est comblé lui qui a été « saisi par le Christ » (Ph 3,12).
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- jeudi 30 avril :
Chers frères et sœurs,
« Il poursuivait sa route, tout joyeux » (Ac 8,39).
C’est dans le livre des Actes la première étape de l’annonce de l’Evangile aux nations.
Nous pouvons remarquer dans ce texte de Luc, et avec raison, de fortes similitudes avec le récit d’Emmaüs que nous avons écouté dimanche : l’éthiopien est rejoint sur sa route par Philippe, comme les disciples sont rejoints par Jésus qui chemine avec eux ; il a besoin comme eux d’être aidé pour comprendre les Ecritures, et comme eux il accueillera le ressuscité dans un signe ; ici le baptême, pour les disciples d’Emmaüs : le partage du repas ; ensuite Jésus et Philippe disparaissent, car la foi de ces hommes qui ont accueilli le Christ ressuscité est affermie.
Un ange demande à Philippe diacre, porte-parole de l’Esprit, de partir vers le sud désertique ; et Philippe, tel Abraham, obéit à cette voix divine, à cet appel étrange de Dieu. La rencontre est préparée par Dieu qui prend l’initiative mais comme toujours confiée à l’action d’un homme.
Philippe a donc pris la route, et sur ce chemin désertique il rencontre un éthiopien, trésorier et haut fonctionnaire royal ; c’est aussi un eunuque, mutilé et donc condamné à la stérilité et comme tel exclu de l’Alliance ; les eunuques étaient l’objet de mépris dans la société ; cet homme est par ailleurs sympathisant des juifs puisqu’il revient de Jérusalem, où il est allé adorer. Il est un habitué de la Parole de Dieu ; son cœur est déjà préparé pour la rencontre du Christ.
Philippe développe une catéchèse avec l’éthiopien, en chemin : « comprends-tu ce que tu lis ? ». L’éthiopien a besoin de Philippe pour comprendre ce qu’il est en train de lire, dont il ne perce pas le mystère. Cela nous rappelle le rôle de l’Eglise pour entrer dans la foi : la foi passe par des médiations humaines, seul on ne peut entrer dans la foi : « Et comment pourrais-je comprendre s’il n’y a personne pour me guider ? »
Ensemble ils relisent le texte du prophète Isaïe sur le serviteur souffrant, que nous avons médité lors de la semaine sainte (Is 53,7) : la passion de Jésus donne sens à ce texte : ce serviteur mystérieux c’est Jésus qui souffre pour nous et donne sa vie sur la croix. Dieu a envoyé son fils pour prendre la souffrance des hommes sur lui.
Et Philippe à partir de ce texte « annonce la Bonne Nouvelle de Jésus », comme Jésus a expliqué aux disciples d’Emmaüs « ce qui le concernait dans les Ecritures ». La vie de Jésus éclaire l’Ecriture.
C’est bien l’Esprit-Saint qui agit par l’intermédiaire de Philippe mais aussi dans le cœur de cet étranger. La lumière qui s’est faite en lui amène la décision de foi et la réponse de foi.
Tout cela rappelle qu’il n’y a aucun obstacle, aucune exclusion à l’accès à la foi : c’est pour cela qu’il pourra être baptisé. Notons qu’à l’époque c’était beaucoup plus rapide qu’aujourd’hui pour obtenir le baptême !
Le baptême est pour cet homme le signe concret qu’il est entré dans le salut. Celui-ci accueille en même temps la foi et le don de Dieu :
Par le baptême il est renouvelé dans la mort et la résurrection de Jésus. Il est désormais habité par la joie d’avoir accueilli la Bonne Nouvelle ; le nouveau baptisé est désormais prêt à partir seul partager sa foi : « il poursuit son chemin tout joyeux », il est porteur lui aussi de la mission pour ses frères, il va annoncer la Bonne Nouvelle partout où il passe.
Que la joie de croire nous habite aussi en ce jour !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- mercredi 29 avril :
Chers frères et sœurs,
Vous m’excuserez en ce jour, mais je ne résiste pas à la tentation de parler de mon saint patron ! Je poursuis donc la lecture du livre des Actes des apôtres du temps pascal ((Ac 8, 1b- 8).
J’aime à méditer sur sa vie magnifique et totalement donnée au Seigneur, lui qui est le premier martyre, c’est-à-dire « témoin de la foi », totalement identifié à Jésus jusque dans sa mort.
Son nom, celui d’un juif d’origine grecque, est comme annonciateur de sa vie : « le couronné » ; il a reçu la couronne du martyr.
Etienne est un des premiers diacres, il a été sollicité pour le service des tables, avec six autres « hommes estimés de tous, remplis d’Esprit et de sagesse » (Ac 6,3) ; il nous rappelle la mission de service qui est le cœur de la vie du Christ qui s’est fait serviteur.
De fait, nous dit Luc, nul ne pouvait « résister à la sagesse et à l’Esprit qui le faisaient parler » (v.10) ; et il ajoute « son visage était comme celui d’un ange » (v.15).
Quel portrait ! Je demande parfois au Seigneur qu’il daigne me donner ne serait-ce qu’un tout petit peu des vertus de mon saint patron !
Hier dans la première lecture, nous voyions Etienne identifié à Jésus ; Etienne est accusé de blasphème par le Sanhédrin parce qu’il a vu Jésus à la droite de Dieu et il est condamné à mort. Il est tué à coup de pierres (pourtant Jérusalem ne connaissait pas les pavés de Paris…).
Comme Jésus, Etienne remet son esprit : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit ». Comme Jésus il crie d’une voix forte « Seigneur, ne leur compte pas ce péché. » (Ac 7,59-60) ; il vit ce que Jésus demandait sur la croix, le pardon donné aux ennemis.
Paul dira ceci qui s’applique parfaitement à Etienne dans sa mort : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2,20).
Etienne a vécu pleinement de la vie du Christ, il en est totalement imprégné ; c’est ce qui va sans doute travailler le cœur d’un de ses persécuteurs, Paul qui est discrètement présent lorsqu’ Etienne est lapidé : « Les témoins avaient déposé leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme appelé Saul ». L’exemple d’Etienne et surtout la grâce de Dieu vont œuvrer dans le cœur de Paul, qui va plus tard rencontrer le Christ et se mettre à son service.
Et ultime paradoxe, très biblique, car Dieu sait tirer de tout mal un bien plus grand (prions pour que ce soit le cas après cette expérience douloureuse du coronavirus), la persécution d’Etienne va entraîner un résultat inattendu. Ce qui aurait pu provoquer une peur paralysante qui empêche toute annonce de l’Evangile, est au contraire l’occasion d’un rebond extraordinaire, digne de l’Esprit-Saint : la persécution redoublant avec Paul à Jérusalem, les chrétiens vont se disperser dans tout le Moyen-Orient et l’Evangile va être annoncé auprès des païens plus largement encore jusque dans les confins de l’empire romain ! « Ceux qui s’étaient dispersés annonçaient la Bonne Nouvelle de la Parole là où ils passaient » (Ac8,4).
C’est ainsi que la Bonne Nouvelle est arrivée jusqu’à nous !
Merci Saint Etienne ! Merci Esprit-Saint !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- mardi 28 avril :
Chers frères et sœurs,
« « Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde« . Ils lui dirent alors : « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là « . Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif » (Jn 6,33-35).
Alors que nous « jeûnons » de la communion depuis plus d’un mois, pendant plusieurs jours nous écoutons le grand et beau discours dit du « Pain de vie » dans l’Evangile de Jean, qui vient nous redire l’importance de ce don de Dieu.
L’eucharistie « rassasie notre faim de Dieu », disait le saint pape Jean-Paul II (Reste avec nous 19)
« Venez à moi, vous qui me désirez et rassasiez-vous » (Si 24, 19-21).
Les paroles de Jésus sur le pain de vie établissent un lien profond entre l’incarnation de Jésus qui se fait chair (« Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » Jn 1,14) et l’eucharistie où Jésus donne sa chair pour la vie des hommes comme il le fera sur la croix : Par quatre fois, sous des modes différents Jésus dira : « Je suis le pain de vie descendu du ciel » ; vous savez que quand Jésus dit « Je suis », il affirme qu’il est Dieu : Jésus est Dieu qui prend notre chair humaine et qui vient rassasier les faims de l’homme.
Jésus rappelle qu’il y a bien plus que la manne : La manne rappelait que l’homme ne vit pas seulement de pain mais de la Parole de Dieu. Au désert il ne restait que la confiance aveugle en Dieu. Mais la manne ne donnait pas aux hommes la vie de Dieu.
Dieu ne donne plus seulement des bienfaits, mais maintenant c’est Dieu qui se donne lui-même.
Il y a ici bien plus que la manne ; la manne tombait comme la rosée (Nb 11,9), mais ne donnait pas la vraie vie :« Que ma parole tombe comme la rosée » ( Dt 32,2): L’eucharistie est le pain qui fait vivre pour l’éternité.
L’eucharistie vient accomplir le don de la manne, elle répond aux aspirations les plus profondes de l’homme, parce que l’homme a une faim plus essentielle que celle du pain matériel ; l’humanité a soif de Dieu, et rien en dehors de Dieu ne peut étancher cette soif. Les nourritures périssables (voir le texte d’Evangile d’hier, v.27) laissent cette faim inassouvie. Le pain qui rassasie est bien au-delà : « Qui vient à moi n’aura plus jamais faim, qui croit en moi n’aura plus jamais soif » (v.35).
Is 55,3 : « Pourquoi peinez-vous pour ce qui ne rassasie pas ? ».
C’est d’ailleurs ce pain le plus essentiel que nous demandons dans la prière du Notre Père que Jésus nous a confiée ; « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » (« notre pain le plus essentiel », littéralement).
« L’Eucharistie est mystère de présence, par lequel se réalise de manière éminente la promesse de Jésus de rester avec nous jusqu’à la fin du monde » (St Jean-Paul II, Reste avec nous 16).
Avec foi, comme la foule qui boit les paroles de Jésus (avant d’en être choqué !), redisons au Christ notre désir d’être rassasié par lui : « Seigneur, donne-nous de ce pain-là toujours » !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- lundi 27 avril :
Chers frères et sœurs,
« La foule se dirigea vers Capharnaüm à la recherche de Jésus » (Jn 6,24).
La foule cherche Jésus qui vient de rassasier les multitudes lors de la multiplication des pains. Ce qui motive cette recherche ne satisfait pas Jésus, parce qu’elle est trop orientée vers des désirs plus sensationnels ou matériels que spirituels : « Vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés » (Jn 6,26). Autrement dit, votre désir n’est pas désintéressé ! Et Jésus les invite à désirer le plus essentiel, la « nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle ».
Qu’est ce qui nous pousse à chercher Jésus ? La curiosité, l’habitude, le désir de nous nourrir de son amour… ?
Dans la Bible, et dans la vie, il existe différentes motivations pour chercher : nous pouvons chercher par curiosité, chercher par amour, chercher pour mettre la main sur…
– Il y a la recherche du désir, qui peut commencer par une curiosité, mais la curiosité, contrairement à ce que l’on dit aux enfants n’est pas forcément un « vilain défaut » ; les adultes qui demandent le baptême commencent parfois leur recherche de Dieu par une curiosité pleine de sens : c’est ce qui se passe pour Simon et André, « Jésus vit qu’ils le suivaient, et il leur dit : » Que cherchez-vous ? « . Ils lui répondirent : » Rabbi – ce qui veut dire : Maître –, où demeures-tu ? « . Jésus leur dit : » Venez, et vous verrez » » (Jn 1,38).
« Que cherchez-vous ? », c’est la question du sens de la vie que Jésus pose aux disciples et à chacun de nous. Il la formule souvent autrement : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (Lc 18,41, à Bartimée). Jésus pose la question du désir à celui qu’il rencontre. Parfois Jésus sait mieux que nous notre désir le plus profond.
– Il y a la recherche pleine d’ambiguïté : « Ta mère et tes frères sont là, dehors, ils te cherchent » (Mc3,32) ; elle est ambigüe parce que précédée de ce sentiment étonnant : « Les gens de chez lui, l’apprenant, vinrent pour se saisir de lui, car ils affirmaient : » Il a perdu la tête » (Mc 3,21). Jésus est cherché pour le protéger de lui-même ?
– Il y a la recherche qui est une traque, qui cherche à mettre la main sur quelqu’un : à la fin de l’Evangile de Jean, Jésus demande à ceux qui viennent l’arrêter, « Qui cherchez-vous ? » (Jn 18,4). Jésus lui-même sera conscient de cette violence des hommes qui finira par le tuer : « Le Royaume des cieux subit la violence, et des violents cherchent à s’en emparer » (Mt11,13).
– Il y a la recherche de l’inquiétude qui manifeste l’amour : celle de Marie et Joseph qui cherchent leur enfant, Jésus qui n’est pas avec eux après leur pèlerinage au Temple, « Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! » (Lc 2,48). Celle de Marie-Madeleine, en pleurs auprès du tombeau de Jésus, à qui Jésus ressuscité demande : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » (Jn 20,15).
Jésus ne cesse de vouloir aiguiser notre désir, parce qu’il nous guide vers lui : « Cherchez, Vous trouverez » (M 7,7) ; « Cherchez le Royaume et sa justice, le reste vous sera donné par surcroît » Mt 6,33.
Je regarde toujours avec une certaine envie mon saint patron Etienne qui est arrivé au bout de son désir le plus beau, parce qu’il a suivi Jésus jusqu’au bout « son visage est comme celui d’un ange : « Ils ne pouvaient résister à la sagesse et à l’Esprit qui le faisaient parler » (Ac 6, 8-15).
Puissions-nous toujours chercher Jésus avec un grand désir !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- dimanche 26 avril :
Homélie du Père Maroteaux
Le chemin d’Emmaüs est le nôtre… Nous empruntons le même chemin que ces disciples au temps de notre confinement. Avez-vous remarqué que seul un des deux disciples d’Emmaüs est nommé, Cléophas. L’autre reste anonyme, peut-être pour que chacun d’entre nous sache qu’il est lui-même ce disciple avec qui Jésus chemine aussi. Oui, bien des fois nous sommes comme les disciples d’Emmaüs, las, fatigués, découragés, déçus dans nos espérances…
Lorsque notre espérance est déçue : « Nous attendions tant, nous espérions… », alors Jésus nous rejoint.
Lorsque nous sommes découragés par nos limites, notre fatigue, notre manque de patience… alors Jésus nous rejoint.
Lorsque nous doutons de l’amour de Dieu, à cause de nos souffrances, alors Jésus nous rejoint.
Lorsque nous vivons un échec personnel, professionnel ou familial, alors Jésus nous rejoint.
Lorsque nous sommes tristes, alors Jésus nous rejoint. Lorsqu’aujourd’hui nous sommes lassés d’être contraints à tourner en rond… alors Jésus nous rejoint…
« Combien de tristesses, combien d’échecs y a-t-il dans la vie de toute personne ! Au fond, nous sommes tous un peu comme ces deux disciples. Combien de fois dans la vie avons-nous espéré, combien de fois nous sommes-nous retrouvés à terre, déçus. Mais Jésus marche avec toutes les personnes découragées qui avancent tête basse. Et en marchant avec elles, de manière discrète, il réussit à redonner espoir » (Pape François, 24/5/2017).
Notre chemin n’est pas différent de celui des disciples d’Emmaüs : Jésus ressuscité les rejoint dans leur découragement car leur espérance est morte. Il nous rejoint nous aussi, là où nous en sommes, là où nous sommes tristes, pour nous redonner confiance et espérance. Il nous rejoint là où nous avons baissé les bras, pour nous redonner courage. Il nous rejoint dans nos immobilismes pour nous remettre en route.
Parfois, comme les disciples d’Emmaüs nous ne voyons pas tout de suite que Jésus chemine à nos côtés. Un jour Jésus se fait reconnaître à nous, alors quelle joie : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous… ». Nous n’aurions pas osé y croire ! Dieu cheminait avec nous et nous ne le savions pas (comme le dit Jacob en Gn 28,16) !
Cette présence de Jésus peut nous rester cachée, mais dans la foi, nous savons qu’il chemine à nos côtés.
Jésus nous rejoint et chemine à nos côtés par sa Parole : parfois une de ces paroles entendues jusque-là distraitement nous brûle le cœur, elle prend soudain sens et nous redit l’amour infini de Jésus pour nous.
Jésus nous rejoint et chemine à nos côtés en nos frères et compagnons de route : les disciples demandent à celui qu’ils croient encore être un étranger de rester chez eux ; ainsi ils reconnaîtront Jésus ; nous aussi des amis, des frères parfois viennent nous réconforter, nous écouter, nous remettre en route ; ils sont pour nous signes de la présence de Jésus à nos côtés.
Jésus nous rejoint et chemine à nos côtés dans l’Eucharistie, même si en ce moment nous communions seulement spirituellement, nous croyons que Jésus est présent en notre cœur.
Que le Seigneur se fasse notre compagnon en ce dimanche ; que nous ayons la joie de le reconnaître, lui qui chemine à nos côtés !
- samedi 25 avril :
Chers frères et sœurs,
« Le Seigneur agissait avec eux » Mc 16,20
Jésus agit avec ses disciples, nous dit l’Evangéliste Marc que nous fêtons aujourd’hui. Le mot grec pour dire cela, nous le connaissons bien : c’est le mot qui a donné synergie !
Dieu agit en synergie avec l’homme. Dieu n’agit pas sans nous. Et l’annonce du Royaume est confiée à des hommes faibles, mais nous savons que c’est Dieu qui nous donne d’être des témoins crédibles.
L’Evangéliste Marc nous rapporte les magnifiques paraboles du Royaume prononcées par Jésus ; l’une d’entre elle nous parle de ce mystérieux agir commun de Dieu avec les hommes : « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence ; nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le blé est mûr, il y met la faucille, puisque le temps de la moisson est arrivé.» (Mc 4,26-29).
C’est aussi ce que nous rappelait hier la multiplication des pains, où Jésus à partir du don magnifique d’un enfant va le multiplier à l’infini.
Les paraboles nous invitent à chercher au-delà du visible. Qu’est-ce qui dans la naissance ou la croissance du règne dépend de Dieu, qu’est-ce qui dépend des hommes ?
Cette parabole nous parle de la terre qui d’elle-même produit du fruit. Le Royaume contient en lui une énergie inexpliquée, qui ne dépend pas de nous, mais de Dieu, encore faut-il que nous ayons semé la graine ! Dans la parabole, au moment de la mise en terre et de la moisson, le semeur est acteur ; au moment de la croissance, il semble être passif : c’est l’étrangeté des paraboles ; car on sait bien que le semeur ne fait pas que dormir, il ne reste pas inactif pendant la croissance : il lutte contre les mauvaises herbes, craint la grêle ou le manque d’eau… Mais on comprend ce que veut nous dire Jésus.
Le miracle est que les semailles du Royaume débouchent sur une moisson ; car la croissance ne dépend que de Dieu.
« C’est lui le Seigneur du Royaume, l’homme est son humble collaborateur, qui contemple et se réjouit de l’action créatrice divine et en attend les fruits avec patience. La moisson finale nous fait penser à l’intervention conclusive de Dieu à la fin des temps, quand Il réalisera pleinement son Royaume. Le temps présent est un temps de semence, et la croissance du grain est assurée par le Seigneur. Aussi, chaque chrétien sait-il qu’il doit faire tout ce qu’il peut, mais que le résultat final dépend de Dieu : cette conscience le soutient dans l’effort de chaque jour, spécialement dans les situations difficiles » (Benoît XVI, angélus17/6 /2012).
Le temps présent n’est pas un temps perdu ; nous sommes dans le temps des semailles où nous faisons confiance en Dieu pour la croissance.
Il faut juste accepter que notre rythme ne soit pas celui de Dieu ; nous ajuster au rythme de ces jours imprévus, au rythme de Dieu et de nos frères qui sont parfois trop lents ou trop rapides pour nous…
« Tenez fermes dans la grâce de Dieu », nous dit Pierre dans la première lecture.
Aucun temps n’est stérile pas même celui du confinement où Dieu continue à agir avec nous dans les petits gestes, les attentions fraternelles, la communion dans la prière…
Dieu prend même en charge avec nous les fardeaux de nos vies, comme nous le dit la première lecture : « Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, puisqu’il prend soin de vous » (1 Pi 5,6).
Saint Ignace de Loyola parlait ainsi de cette œuvre commune entre Dieu et l’homme : « Agis comme si tout dépendait de toi, en sachant qu’en réalité tout dépend de Dieu ».
D’une certaine façon on peut dire que lorsque nous faisons la volonté de Dieu, tout est de Dieu, tout est de l’homme !
Laissons le Seigneur agir avec nous : nous sommes assurés de faire de belles choses avec lui !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- vendredi 24 avril :
Chers frères et sœurs,
« Il en distribua aux convives, autant qu’ils en voulaient » (Jn 6, 1-15)
C’est un avant-goût du ciel qui est donné par Jésus aux foules lorsqu’il rassasie leur faim.
Tout commence dans une ambiance quasiment pascale, ce temps pour rendre grâces pour le don de Dieu pour son peuple. C’est encore le début du ministère de Jésus, les premiers succès, les foules attirées par la parole, par la puissance et par les actes de Jésus.
Et Jésus est bien celui qui vient manifester par toute sa vie, par ses gestes que Dieu prend soin des hommes : Jésus est attentif aux foules jusque dans leurs besoins matériels ; il est sensible à nos faims humaines, à nos désirs.
Jésus agit pour les foules dans ce qui en Jean est un « signe », c’est-à-dire une invitation à entrer dans la foi ; le signe conduit ailleurs.
Ces signes que Jésus accomplit révèlent l’infini du don de Dieu : Dieu donne sans mesure, car son amour est sans mesures. Jésus peut nourrir la foule qui le suit, nombreuse, immense, 5000 hommes. Jésus va rassasier son peuple sans fin (les 12 corbeilles rappelant les 12 tribus) ; bien sûr la multiplication des pains nous fait signe, en nous parlant de Jésus qui est pain de vie, qui se donne lui-même en nourriture pour son peuple affamé, et ce jusqu’à aujourd’hui dans l’eucharistie.
Le texte de Jean est solennel : « Jésus gravit la montagne » : c’est le lieu de la rencontre de Dieu dans la Bible. Jésus lève les yeux vers le foule qui vient à lui, affamée sans doute de sa Parole, mais il pose sur elle un regard plein de compassion qui prend en compte les faims humaines, les besoins matériels des humains. Jésus se fait proche, plein d’attention et de tendresse concrètes pour les foules qui sont comme des brebis sans berger.
Jésus sait ce qu’il fait lorsqu’il demande ce qui peut servir à nourrir la foule en grand nombre. L’apôtre Philippe est sceptique ; André évalue ce qui peut servir, le peu qui vient d’un enfant. La disproportion est évidente entre ce que les apôtres apportent et l’immensité de la foule : cinq pains, deux poissons pour 5000 hommes… Du trop peu que donne un enfant, Jésus va faire ce qui semble impossible à vue humaine. Il fait une surabondance inimaginable. C’est bien la manière d’agir de Dieu qui se révèle en Jésus. Jésus rend grâce pour l’action du Père des cieux avant de faire distribuer le pain aux foules. Bien sûr ce miracle devait raisonner dans les cœurs des foules assemblée autour de Jésus comme un rappel de la manne du désert, lorsque Dieu a nourri son peuple affamé.
L’amour de Dieu est « un amour sans mesures, sans nos mesures », comme le dit Madeleine Delbrel.
Jésus part comme souvent de ce qui vient des hommes ; il ne fait pas sans nous.
Ce don humble des 5 pains et des 2 poissons Jésus en fait un don immense. A travers la petitesse des moyens éclate la puissance de Dieu.
Tout cela exprime l’insuffisance humaine que Dieu vient combler. De notre pauvreté, Jésus peut faire des miracles : La gloire de Dieu se manifeste dans la faiblesse humaine. Parfois nous avons honte de nos insuffisances. Peut-être trouvons-nous dérisoire ce que nous pouvons faire en ce moment pour les personnes isolées, mais le peu que nous pouvons faire en prend une grande valeur aux yeux de Dieu. Ce sont non pas d’abord nos forces et nos capacités, mais nos insuffisances qui permettent à Dieu d’agir en nous, comme pour la foule.
Nous entendons ici un appel à aimer, même dans les petites choses humbles et quotidiennes, à aimer comme le Christ, sans mesure : le peu que nous donnons est multiplié par Dieu !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- jeudi 23 avril :
Chers frères et soeurs,
Le mois de mai est traditionnellement consacré à la Vierge, nous proposant de nous confier à la prière de Marie.
Nos « Je vous salue Marie » sont pleins de cette confiance que Marie porte nos intentions de prières au Seigneur. « Marie, prends nos prières, présente-les à Jésus. ».
« Les bras de la Vierge sont faits pour nous remettre à d’autres bras » (Père Carré).
Pendant ce mois de mai 2020, nous vous proposons d’accueillir cette « Vierge pèlerine » chez vous afin de prier Marie d’intercéder en ce temps de pandémie que nous vivons avec le monde entier.
Chacun se propose pour prier le chapelet au moins un soir du mois de mai, en s’inscrivant sur le fichier reçu par mail (demandez-le en envoyant un message à : site.saintemarguerite78110@gmail.com). Ainsi chaque soir plusieurs paroissiens des deux clochers de Ste-Marguerite et de Ste-Pauline prient en communion spirituelle.
Dès la Résurrection, Marie est présente avec les disciples à la prière de l’Eglise au Cénacle (voir Act1,14):
« Le Cénacle nous rappelle la naissance de la nouvelle famille, l’Église… constituée par Jésus ressuscité. Une famille qui a une Mère, la Vierge Marie. Les familles chrétiennes appartiennent à cette grande famille, et trouvent en elle lumière et force pour marcher et se renouveler, à travers les peines et les épreuves de la vie » (Pape François à Jérusalem, 2014).
Cette Vierge au manteau (œuvre de Louis Bréa, vers 1510 à Biot) participe à un thème spirituel et artistique du Moyen-Age : Marie offre sa protection aux hommes en les abritant sous son ample manteau. C’est le signe de Marie Mère de l’Eglise qui protège l’humanité. Cette tradition est aussi dite de la Vierge de Miséricorde, dans le contexte des terribles épidémies de peste, dans la confiance que Marie intercède auprès de son Fils en faveur de l’humanité souffrante.
Nous pouvons prier avec cette belle prière, le « Sub tuum praesidium », la plus ancienne prière à Marie : Cette prière est une invocation à la Très Sainte Vierge, pour demander son intercession dans les moments difficiles (Vous trouverez de belles versions musicales de Saint-Saens, ou Marc-Antoine Charpentier).
Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu.
Ne méprise pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve,
Mais de tous les dangers délivre-nous toujours,
Vierge glorieuse, Vierge bienheureuse.
A notre tour confions notre humanité à la Vierge de miséricorde pour qu’elle place le monde sous son manteau protecteur !
Je vous propose un beau texte de Benoît XVI (Audience du 14/3/2012) sur Marie au Cénacle qui intercède pour l’humanité :
« Marie est présente au Cénacle, à Jérusalem, dans « la chambre haute où se tenaient habituellement » les disciples de Jésus (cf. Ac 1, 13), dans un climat d’écoute et de prière, avant que ne s’ouvrent les portes et que ces derniers ne commencent à annoncer le Christ Seigneur à tous les peuples, enseignant à observer tout ce qu’Il avait commandé (cf. Mt 28, 19-20). (…)
Entre l’Ascension du Ressuscité et la première Pentecôte chrétienne, les apôtres et l’Eglise se rassemblent avec Marie pour attendre avec Elle le don de l’Esprit Saint, sans lequel on ne peut pas devenir des témoins. Elle qui l’a déjà reçu pour engendrer le Verbe incarné, partage avec toute l’Eglise l’attente du même don, pour que dans le cœur de chaque croyant « le Christ soit formé » (cf. Ga 4, 19). S’il n’y a pas d’Eglise sans Pentecôte, il n’y a pas non plus de Pentecôte sans la Mère de Jésus, car Elle a vécu de manière unique ce dont l’Eglise fait l’expérience chaque jour sous l’action de l’Esprit Saint.
Vénérer la Mère de Jésus dans l’Eglise signifie alors apprendre d’Elle à être une communauté qui prie : telle est l’une des observations essentielles de la première description de la communauté chrétienne définie dans les Actes des Apôtres (cf. 2, 42). Souvent, la prière est dictée par des situations de difficulté, par des problèmes personnels qui conduisent à s’adresser au Seigneur pour trouver une lumière, un réconfort et une aide. Marie invite à ouvrir les dimensions de la prière, à se tourner vers Dieu non seulement dans le besoin et non seulement pour soi-même, mais de façon unanime, persévérante, fidèle, avec « un seul cœur et une seule âme » (cf. Ac 4, 32). »
Chers amis, la vie humaine traverse différentes phases de passage, souvent difficiles et exigeantes, qui exigent des choix imprescriptibles, des renoncements et des sacrifices. La Mère de Jésus a été placée par le Seigneur à des moments décisifs de l’histoire du salut et elle a su répondre toujours avec une pleine disponibilité, fruit d’un lien profond avec Dieu mûri dans la prière assidue et intense. Entre le vendredi de la Passion et le dimanche de la Résurrection, c’est à elle qu’a été confié le disciple bien-aimé et avec lui toute la communauté des disciples (cf. Jn 19, 26). Entre l’Ascension et la Pentecôte, elle se trouve avec et dans l’Eglise en prière (cf. Ac 1, 14). Mère de Dieu et Mère de l’Eglise, Marie exerce cette maternité jusqu’à la fin de l’histoire. Confions-lui chaque étape de notre existence personnelle et ecclésiale, à commencer par celle de notre départ final. Marie nous enseigne la nécessité de la prière et nous indique que ce n’est qu’à travers un lien constant, intime, plein d’amour avec son Fils que nous pouvons sortir de « notre maison », de nous-mêmes, avec courage, pour atteindre les confins du monde et annoncer partout le Seigneur Jésus, Sauveur du monde.
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- mercredi 22 avril :
Chers frères et sœurs,
« Partez, tenez-vous dans le Temple et là, dites au peuple toutes ces paroles de vie. » (Ac 5,18).
Pierre et les apôtres ont été mis en prison par le grand prêtre à cause des nombreuses guérisons un peu trop spectaculaires qu’ils accomplissent au nom de Jésus. Tout cela gêne les autorités religieuses qui craignent pour l’orthodoxie de la foi et pour l’ordre.
Les apôtres emprisonnés sont miraculeusement libérés par l’ange du Seigneur.
Parce que rien n’arrête pas la Parole de Dieu ! Pas même les persécutions , pas même un confinement !
C’est cette force extraordinaire de la Parole de Dieu dont parle le prophète Isaïe ; la Parole ne peut pas ne pas produire son fruit, elle continue l’œuvre du salut, jusqu’à la fin du monde : « La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, donnant la semence au semeur et le pain à celui qui doit manger ; ainsi ma Parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission » (Is 55,10-11).
Une autre fois Pierre sera de nouveau délivré miraculeusement de prison : vous pouvez lire Ac 12,1-11.
En prison Paul lui aussi fera la même expérience de cette force de la Parole que rien ne peut empêcher de poursuivre son œuvre de salut, puisque c’est Dieu qui la porte ; il est dans les chaînes, en prison, lorsqu’il dit cela : « C’est pour le Christ que j’endure la souffrance, jusqu’à être enchaîné comme un malfaiteur. Mais on n’enchaîne pas la parole de Dieu ! C’est pourquoi je supporte tout pour ceux que Dieu a choisis, afin qu’ils obtiennent, eux aussi, le salut qui est dans le Christ Jésus, avec la gloire éternelle. » (2 Tim 2,9). En prison à Rome, Paul continue sa mission d’évangélisation (si vous avez l’occasion, vous pouvez regarder le film sur la fin de la vie de Paul en prison à Rome, assez remarquable : « Paul apôtre du Christ »).
Si les apôtres sont libérés c’est pour que l’annonce de l’Evangile continue ; c’est bien ce que leur dit l’Ange : « Partez, tenez-vous dans le Temple, et là, annoncez au peuple toutes ces paroles de vie ! ». Les hommes ont besoin de cette Parole de vie.
Dieu n’abandonne pas les siens et il ne permet pas que quelque chose entrave la croissance de sa Parole.
C’est ce qui s’est passé aussi dans l’histoire du salut, lorsque le peuple de Dieu est libéré de l’esclavage en Egypte.
Tout chrétien comme Pierre et comme Paul peut faire l’expérience de la force de la Parole de Dieu, qui agit dans les cœurs, qui libère, qui remet debout, qui console…. Mais aussi l’expérience de l’opposition que les disciples rencontrent et qui les conduit parfois en prison, nous rappelle la croix que tout baptisé peut rencontrer sur son chemin de témoignage.
« On n’enchaîne pas la Parole de Dieu ». La mission que le Seigneur nous confie, malgré nos faiblesses c’est d’annoncer, de faire connaître sans relâche et sans peur la Parole de Dieu. C’est cette Bonne Nouvelle admirable, stupéfiante, toujours bouleversante que Jésus annonce à Nicodème dans l’Evangile de ce jour : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » : nous n’aurons jamais assez de temps pour goûter cela et pour partager cette joyeuse Parole ! …
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte Marguerite du Vésinet
- mardi 21 avril :
Chers frères et sœurs,
COMME UNE CORDE TRESSÉE
« La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme » (Ac 4,32)
La première Eglise est unie autour du Seigneur Ressuscité dans la communion de l’amour, au point de vivre même une mise en commun des biens ! « Personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun » .
Là où tous les pouvoirs politiques communistes ont échoué, seul l’amour du Christ peut permettre cela : « Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun ; ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun » (Ac 2,44).
Evidemment, nous ne vivons plus cette mise en commun des biens de façon aussi radicale aujourd’hui, sauf les religieux et les religieuses.
Mais c’est bien la prière et la communion au Seigneur qui permet de vivre nous aussi cette union profonde avec nos frères, même lorsque nous sommes loin les uns des autres, comme en ce moment. L’amour du Christ nous unit les uns avec les autres malgré les gestes barrières !
« Ce n’est qu’en Jésus-Christ et par lui que les croyants sont, les uns avec les autres, l’Eglise, dans laquelle la foi de chacun est affermie par celle de tous les autres, comme une corde tressée de nombreux fils » (Hans Urs von Balthasar).
A sa façon Paul invitera les communautés chrétiennes qu’il visite à vivre cela : « Par la charité, mettez-vous au service les uns des autres » (Ga 5 ,13) ; « Edifiez-vous les uns les autres » (1 Thess 5,11).
Nous sommes responsables les uns des autres dans la communauté. Telle est la force de l’Eglise que nous devons essayer de construire, en paroisse et dans le monde : soutenir les autres, les encourager, être partie prenante de leur vie et de leurs soucis… Et c’est particulièrement important dans les jours que nous vivons. C’est la communion des saints. On ne peut aller jusqu’au bout sans le soutien et la prière des autres. Cette force intérieure qui permet de tenir vient aussi du soutien et de la communion de nos frères : « l’union spirituelle » fait la force, « porter les fardeaux des autres » (Ga 6,2) est une grande œuvre. C’est l’œuvre que le Christ accomplit sur la croix.
Au moment de l’entrée dans le deuxième millénaire, le saint pape Jean-Paul II présentait un défi pour l’Eglise qui reste toujours valable, « faire de l’Église la maison et l’école de la communion » : « Une spiritualité de la communion consiste avant tout en un regard du cœur porté sur le mystère de la Trinité qui habite en nous, et dont la lumière doit aussi être perçue sur le visage des frères qui sont à nos côtés. Une spiritualité de la communion, cela veut dire la capacité d’être attentif, dans l’unité profonde du Corps mystique, à son frère dans la foi, le considérant donc comme « l’un des nôtres », pour savoir partager ses joies et ses souffrances, pour deviner ses désirs et répondre à ses besoins, pour lui offrir une amitié vraie et profonde. Une spiritualité de la communion est aussi la capacité de voir surtout ce qu’il y a de positif dans l’autre, pour l’accueillir et le valoriser comme un don de Dieu : un « don pour moi », et pas seulement pour le frère qui l’a directement reçu. Une spiritualité de la communion, c’est enfin savoir « donner une place » à son frère, en portant « les fardeaux les uns des autres » (Ga 6,2) » (St Jean-Paul II, Tertio millenio n°43)
Nous avons une grande confiance : lorsque nous témoignons de notre foi, « une grâce abondante repose sur nous tous ». (Ac 4,34).
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- lundi 20 avril :
Chers frères et sœurs,
« Personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jn 3, 1-8)
Nicodème est un homme bien étonnant !
C’est un notable pharisien, membre de l’influent Sanhédrin (sorte de sénat du peuple juif), « un chef » des juifs ; on le verra trois fois dans l’Evangile de Jean : il prendra publiquement position en faveur de Jésus avec un certain courage au moment où les pharisiens envoient des gardes pour l’arrêter (Jn 7,51) et il sera présent au moment de l’ensevelissement de Jésus manifestant là son attachement à Jésus (Jn 19,39).
Nicodème vient rencontrer Jésus et dialoguer avec lui, de nuit, par prudence ou par peur, il ne veut pas être vu…
Pourtant c’est un chercheur de Dieu sincère : c’est bien ce que souhaite Jésus, rencontrer des cœurs ouverts et réceptifs. Il veut faire un bout de chemin avec chacun, les rejoignant là où ils en sont : pour Jésus chacun est unique.
Nicodème est ouvert à l’action de Jésus et il se rend à l’évidence, si Jésus fait des signes, c’est que Dieu est avec lui.
Jésus, comme souvent dans ses dialogues avec les hommes, fait changer Nicodème de terrain de réflexion ; comme s’il lui disait : inutile de parler de moi, parlons plutôt de toi ! Ce n’est jamais pour lui que Jésus agit ou parle, c’est pour chacun de ceux qu’il rencontre.
Jésus parle à Nicodème du Royaume, et de la foi comme « engendrement d’en-haut ». Phrase mystérieuse que Nicodème comprend comme « naître de nouveau » (le terme grec permet de donner ces deux sens au mot prononcé par Jésus) …
Jésus nous invite à découvrir que nous avons une autre origine que la chair et le sang, et que l’homme ne se réalise qu’en se laissant façonner par l’Esprit.
Naître d’en-haut, ce n’est pas rejeter la vie terrestre ; ce n’est pas s’évader des réalités humaines concrètes, mais les habiter dans la foi et la présence de Dieu : nous sommes appelés à naître à la vie de Dieu avec un « cœur de chair » et avec nos racines célestes, comme l’annonçait le prophète Ezéchiel : « Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’ôterai de votre chair le cœur de pierre, je vous donnerai un cœur de chair » (Ez 36,26) ; il n’y a pas de naissance d’en-haut sans la vie ici-bas dans l’amour !
Jésus précise qu’il s’agit bien de l’accès à la vie de Dieu : « être engendré de l’eau et de l’Esprit » par le baptême, c’est cela naître d’en-haut : le baptême nous fait plonger dans la mort et la résurrection de Jésus.
Même la chair est appelée à être comme la chair du Verbe, par le don de l’Esprit. L’Esprit donne à la chair sa gloire.
Nous n’avons qu’une seule chose à faire : nous « ouvrir tout grand au souffle de l’Esprit, comme une voile dans le vent sur la mer » (Eloi Leclerc, le Maître du désir).
Accueillons en notre cœur ce souffle vivifiant ! Comme les disciples qui ont été marqués par ce souffle après la résurrection : « ils furent tous remplis du Saint Esprit et ils disaient la parole de Dieu avec assurance » (Ac 4,31).
« Dieu ressuscite et l’homme naît » (Maurice Zundel, l’hymne à la joie). Rendons grâce pour notre naissance d’en-haut !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte Marguerite du Vésinet
- dimanche 19 avril :
Les disciples sont comme confinés par la peur… « Le premier jour de la semaine, les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs » (Jn 20,19).
Pourtant Marie de Magdala vient de leur annoncer sa rencontre avec Jésus ressuscité. Jésus ne les laisse pas dans leur immobilisme et leur manque de confiance ; dans sa miséricorde il les rejoint dans leur enfermement pour leur donner l’Esprit Saint qui chasse toute peur. Dieu nous rejoint toujours, même si nos portes sont verrouillées… Le « jour premier » de la semaine, dont parle Jean, c’est celui qui est devenu notre dimanche, le jour où nous fêtons le Ressuscité ; c’est ce jour où Jésus apparaît à ses disciples encore enfermés par leurs peurs : « Jésus vint et il leur dit : » la paix soit avec vous » ».
Le premier don de Jésus ressuscité est la paix ; la paix qui accompagne si bien la foi : la peur est à l’incrédulité ce que la paix est à la foi. Le salut est ce qui donne la paix du cœur. Jésus seul peut donner cette paix. Cette paix est comme une promesse sans cesse renouvelée de Jésus ressuscité à ses disciples. La paix dans la Bible est à la fois la paix du cœur, le bonheur, le bien-être. Rien de meilleur ne peut être désiré pour soi ou pour les autres ! Et bien sûr la paix est un don de Dieu. C’est Jésus qui apporte la paix, qui est aussi réconciliation. Cette paix est le fruit de l’Esprit Saint en nous, et lorsque nous l’accueillons elle rejaillit en amour mutuel et en communion.
Quand Jésus rejoint les disciples, ceux-ci le reconnaissent en voyant ses plaies au côté et aux mains, signes de la passion : le crucifié est bien ressuscité ; et leur joie est immense, on le devine après la tristesse des jours de deuil ! Il n’y a plus rien à craindre puisque Jésus a traversé la mort et il est vivant ; cette joie on le devine aussi, est celle de Jésus qui retrouve les siens. Jésus est bien ressuscité dans son corps ; et les disciples sont touchés au cœur. Jean l’Evangéliste pratique l’art des raccourcis : pour lui, Pâques, Ascension et Pentecôte coïncident, les disciples sont envoyés comme messagers de la paix reçue. Comme lors de la création Jésus souffle son Esprit Saint. Esprit Saint, pardon et paix sont liés intimement. En donnant la paix Jésus pardonne aux disciples de l’avoir abandonné lors de la Passion. Recevoir l’Esprit Saint c’est être capable de pardonner comme le Christ sur la croix. Nous recevons de Jésus ressuscité la mission d’être artisan de paix, de réconciliation, de miséricorde : Jésus-Christ nous donne sa miséricorde pour que nous en vivions concrètement.
Lorsque les dix rencontrent Thomas qui était absent lors de cette rencontre du Ressuscité, ils oublient juste de lui dire l’essentiel, c’est-à-dire qu’ils ont vu les plaies de Jésus : ils ne rapportent pas la totalité de leur expérience, mais ils disent juste : «nous avons vu le Seigneur» ; leur joie raccourcit leur parole ! Ils ne parlent pas des signes de la Passion que Jésus leur a montrés ; du coup on comprend mieux la question de Thomas, notre jumeau dans la foi. Thomas n’est pas si incrédule qu’il pourrait le sembler, à première vue…Il cherche à rejoindre ce que les autres disciples ont vu, leur expérience de la rencontre du Ressuscité. Thomas est un homme passionné : il désire participer à ce que les autres ont vu pour avoir part à leur mission ; il cherche à croire avec une foi fondée sur l’expérience. Et sa demande est exaucée : huit jours après, toujours le dimanche, Jésus vient au milieu de ses disciples réunis, toujours enfermés. Voyant Jésus et ses plaies, Thomas fait une profession de foi parmi les plus belles de l’Evangile : « Mon Seigneur et mon Dieu ».
Fini le confinement des disciples ! Ils vont pouvoir ouvrir les portes, et partir en mission témoigner avec courage ; la peur n’est plus de mise ! Christ est ressuscité… Il est vraiment ressuscité !
- samedi 18 avril :
Chers frères et sœurs,
« Il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu » (Ac 4, 20), disent Pierre et Jean, après avoir été arrêtés pour leur action au nom de Jésus.
C’est grâce à cette ténacité des premiers disciples à transmettre la joie de l’Evangile que nous cheminons dans la foi aujourd’hui !
Il nous apparaît normal aujourd’hui que la Bonne Nouvelle soit destinée à tous les hommes. Mais c’est vraiment la résurrection de Jésus qui ouvre cette perspective : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création ». Jésus lui-même, à quelques exceptions près, vivait sa mission auprès des siens, les juifs, et non auprès des païens ; la résurrection ouvre des horizons nouveaux à l’Evangile et à la mission…
Pourtant les douze ont eu plutôt l’esprit bouché ou aveuglé par l’incrédulité !
Malgré cela c’est à ces hommes récalcitrants que Jésus confie d’annoncer l’Evangile. Il n’a pas peur ! Et ça marche ! Parce que le Seigneur agit avec eux.
Il s’agit bien pour eux de poursuivre l’action de Jésus. Ce que Jésus a fait et dit est Parole vivante pour les hommes de tous les temps et de tous les lieux, jusqu’à la fin des temps !
C’est ce récit de la mission que raconte Luc dans le livre des Actes des apôtres, qui est la suite de son Evangile ; on les a aussi appelés les Actes de l’Esprit parce qu’ils racontent la vie de l’Eglise après la résurrection de Jésus. Ce récit de la première Eglise « nous parle du voyage -d’un voyage : mais de quel voyage ? Du voyage de l’Evangile dans le monde et il nous montre la merveilleuse alliance entre la Parole de Dieu et l’Esprit Saint qui inaugure le temps de l’évangélisation », il nous dit « la surabondance de la vie du Ressuscité transfusée dans son Église » (pape François, audience 29/5/2019).
Dans les Actes des apôtres, Luc montre la course de la Parole depuis Jérusalem jusqu’au bout du monde.
C’est la mission que Jésus confie à ses disciples avant de partir vers le Père : « Vous allez recevoir une force quand le Saint Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Ac 1,8).
La première communauté chrétienne témoigne de la Parole, mais aussi de sa joie, de sa prière, de la communion et du partage : « Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun ; ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun. Chaque jour, d’un même cœur, ils fréquentaient assidûment le Temple, ils rompaient le pain dans les maisons, ils prenaient leurs repas avec allégresse et simplicité de cœur ; ils louaient Dieu et avaient la faveur du peuple tout entier » ( Ac 2,42-47).
Et les disciples annoncent Jésus ressuscité, parce que rien ne peut arrêter la Parole, ni l’enchaîner : « Il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu » (Ac 4,20).
« L’annonce de l’espérance ne doit pas être confinée dans nos enceintes sacrées, mais doit être portée à tous » (pape François, vigile pascale)
L’Esprit Saint est maître du déconfinement de la Parole et des apôtres, lui qui les fait sortir du Cénacle ! Nous verrons cela demain !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- vendredi 17 avril :
Chers frères et sœurs,
« Les disciples aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain. Jésus leur dit : « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre » ».
Jésus se fait spécialiste du barbecue pour ses amis !
C’est étonnant ! Jésus dans la gloire n’a pas besoin de manger et pourtant il le fait !
Jésus ne fait pas semblant d’avoir un corps : « Voyez mes mains et mes pieds…Touchez-moi » ; il ne fait pas non plus semblant de manger !
Si Jésus mange, ce n’est pas par dépendance physique : il assume dans la gloire notre vie ordinaire afin que nous puissions découvrir en retour les merveilles de notre vie quotidienne.
« Tout ce que vous faites : manger, boire, ou toute autre action, faites-le pour la gloire de Dieu » (1Co 10,31).
Manger et boire ne sont pas des activités accessoires de notre vie…
C’est le retour à l’ordinaire de la vie pour les disciples, après la résurrection ; ils sont revenus en Galilée, là où le ressuscité les a invités à le rencontrer.
La Galilée où tout a commencé avec Jésus, mais c’est aussi le lieu de leur quotidien, de leur métier de pêcheur, qu’ils retrouvent. C’est l’échec total, brutal ; c’est la nuit de la désolation, avant la consolation de la présence de Jésus vivant. Eux qui sont des professionnels, ils vont faire confiance à un inconnu qui se révèlera être Jésus ressuscité. L’aide de Jésus pallie l’incapacité humaine.
Cette pêche surabondante et miraculeuse provoque la reconnaissance de Jésus ressuscité ; Jean est le premier à le reconnaître, et Pierre toujours spontané se jette à l’eau pour rejoindre Jésus.
Ce sont des moments tout simples, des moments de grâce, des moments d’intimité où Jésus se manifeste après la résurrection ; il leur demande à manger, mais c’est lui-même qui dans sa tendresse a préparé un feu et fait cuire des poissons ; le ressuscité se manifeste dans la joie d’un repas partagé. C’est alors que tous reconnaissent Jésus.
Jésus nourrit ses disciples comme il l’a fait lors de la multiplication des pains. Evidemment les gestes de Jésus devaient parler d’eux-mêmes pour les disciples : « Jésus prend les pains, les leur donne » ; cela nous rappelle l’eucharistie, le dernier repas de Jésus.
Vivre le quotidien est le plus habituel, voire le plus essentiel de nos vies mais aussi souvent le plus exigeant. C’est là que le Seigneur se manifeste à nous et nous attend. Il ne nous attend pas dans les exploits ou dans l’impossible ; il nous attend dans le concret de nos vies, dans la simplicité, dans la recherche humble de sa volonté, même dans ce qui apparaît le plus banal ou le plus inutile, ou le plus usant comme le deviendra peut-être notre confinement.
Rien n’est inutile pour Dieu, si ce rien est vécu dans l’amour ; quand bien même je suis immobilisé, je peux toujours aimer, m’offrir à Dieu.
Et vivre ce quotidien nous invite à ne pas l’idéaliser, mais à vivre un vrai réalisme spirituel. Nous ne pouvons suivre le Seigneur qu’avec nos limites humaines, les limites de notre vie et même notre péché.
Le ressuscité se fait aussi proche et familier qu’aux premiers jours de l’appel en Galilée : simple rencontre sans solennité, un barbecue entre amis : « Venez déjeuner ». Jésus n’a rien renié de son humanité ; il est toujours cet homme proche qui vient vers ses frères avec la même douceur et simplicité.
Pourtant la présence de Jésus ne s’impose pas : « personne n’osait lui demander : ’qui es-tu ?’ »
Merci Seigneur ressuscité de ta présence discrète à nos côtés dans notre quotidien, même lorsque que nous le subissons ! Donne-nous de savoir te reconnaître dans notre vie de tous les jours.
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte Marguerite du Vésinet
- jeudi 16 avril :
Chers frères et soeurs,
« Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire » (v.41).
Le ressuscité rejoint les siens dans l’ordinaire de la vie : « » Avez-vous ici quelque chose à manger ? « . Ils lui présentèrent une part de poisson grillé qu’il prit et mangea devant eux ».
Il flotte une vraie familiarité dans ce récit de l’après-résurrection… Jésus ressuscité mange.
Dans le credo nous disons : « Je crois en la résurrection de la chair ». Or les sondages disent que près de la moitié des catholiques disent ne pas croire en la résurrection de la chair.
Comment appréhendons-nous la réalité de notre corps ?
Il est vrai que notre esprit résiste à croire que notre corps puisse être promis à la résurrection. Nous connaissons trop bien les limites de notre corps, nous les éprouvons souvent physiquement, alors comment imaginer que ce corps puisse faire partie de la vie éternelle ?
Souvent dans le monde contemporain soit le corps est assimilé à un idéal de beauté inatteignable (les mannequins, la minceur, la beauté « parfaite ») ; ou à l’inverse il est considéré comme encombrant, voire comme une prison (ah ! le philosophe Platon marque notre inconscient), il est une cause de souffrance dont on voudrait bien se débarrasser, surtout quand il commence à vieillir ou à faire défaut à cause d’un virus invisible.
Rarement nous aimons notre corps comme un don de Dieu, certes limité et vulnérable, mais appelé à nous accompagner dans la résurrection.
Pourtant c’est bien ce que nous montrent les apparitions de Jésus ressuscité, qui met en avant la continuité de l’incarnation de Jésus : il montre à ses disciples les blessures de la passion.
Ici nous est rappelé le cœur du mystère de l’incarnation : Jésus n’a pas fait semblant d’être homme, il n’a pas fait semblant de souffrir, ni fait semblant de mourir… Une hérésie des premiers siècles le docétisme (terme grec qui veut dire paraître) dit que Jésus a fait semblant d’être homme, et que la résurrection ne peut pas être corporelle.
Mais aussi, c’est bien un homme, le Fils de Dieu qui est ressuscité ; ce n’est pas un esprit désincarné… Même si Jésus ne connaît plus la faim, il partage avec ses disciples le temps convivial d’un repas. Pierre témoigne de cela dans les Actes : « Jésus ressuscité s’est manifesté à des témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts » (Ac 10,40).
Jésus ressuscité a un corps, « de chair et d’os ».
Les récits évangéliques où Jésus ressuscité apparaît à ses disciples sont sans ambiguïté : Jésus montre à ses disciples ses plaies ; le ressuscité est bien le crucifié : « Voyez mes mains et mes pieds, c’est bien moi » ; Jésus ressuscité continue à partager les réalités les plus humaines de l’existence avec ses disciples : il mange avec eux, et ils le reconnaissent à la fraction du pain. Jésus ressuscité rayonnant de vie est bien dans la continuité de ce qu’il a vécu au milieu de son peuple, avec ses disciples.
Tout cela nous rappelle aussi la logique de l’incarnation : si Jésus a pris un corps humain, combien est grand et beau ce corps créé par Dieu : nous ne pouvons pas mépriser le corps humain qui comme la vie est un don de Dieu.
Le comment reste mystérieux. « Semés dans la faiblesse, nous ressusciterons plein de force » comme le dit Paul (1 Co 15,43). La résurrection est un acte de la puissance infinie de Dieu. Il y a une différence radicale entre l’être fini que nous sommes aujourd’hui et l’être spirituel que nous serons.
Que le Seigneur ressuscité nous donne de croire en la résurrection de la chair, la sienne et la nôtre !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte Marguerite du Vésinet
- mercredi 15 avril :
Chers frères et sœurs,
PÈLERINS CONFINÉS
Les pèlerins de tous les lieux saints sont stoppés… On ne passe plus à Emmaüs !
On recommande beaucoup de lectures plus ou moins adaptées au temps du confinement (« la Peste » de Camus, drôle de manière de se changer les idées ? ) : par exemple on nous propose : « Voyage autour de ma chambre » (Xavier de Maistre) ; mais il nous manque un ouvrage intitulé « pèlerin dans mon appartement » ou « pèlerins confinés » (avis à nos écrivains !)…
Oui, bien que confinés, dans un espace plus ou moins grand, nous pouvons continuer à marcher vers le Seigneur, à nous laisser rejoindre par lui, comme les pèlerins d’Emmaüs. Le pèlerinage intérieur est sans doute le plus long chemin… Il nous conduit au Seigneur, avec parfois bien des détours et des contours ! Plus long encore est le chemin de la foi de la tête au cœur !
Les pèlerins du cœur n’ont pas forcément besoin de grands espaces ! Notre cœur est assez grand pour accueillir un peu de l’immense amour du Christ ressuscité.
Le Dieu des grands espaces, se fait le Dieu de nos lieux de confinement… Dieu est là, proche de nous, dans mon appartement, dans ma maison, dans ma chambre.
Le chemin d’Emmaüs que nous arpentons dans quelques mètres carrés, est ce chemin où Jésus nous rejoint pour réchauffer notre cœur et nous aider à réchauffer les cœurs de nos proches : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? ».
Il arrivera pour nous ce qui est arrivé pour les pèlerins d’Emmaüs : ceux-ci fuient Jérusalem, effondrés à cause de la mort de Jésus, tourmentés par l’horreur de la Passion. Lorsque Jésus les rejoint, pas à pas, avec douceur, faisant face à leur découragement, il commence avec eux sa « thérapie de l’espérance » : « Le secret de la route qui conduit à Emmaüs est entièrement là : même si les apparences semblent contraires, nous continuons à être aimés, et Dieu ne cessera jamais de nous aimer. Dieu marchera toujours avec nous, toujours, même dans les moments les plus douloureux, dans les moments les plus sombres, même dans les moments d’échec : le Seigneur est là » (Pape François, 24/5/2017).
Parce que notre cœur est réchauffé par le Christ, dans notre chemin intérieur, notre tristesse se fera prière : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse ». Sur l’obscurité de nos vies descend la lumière et le réconfort du Christ ressuscité.
Jésus veut nous faire redécouvrir qu’il nous est infiniment proche, il veut nous faire comprendre le message de la vie, de la résurrection. Dieu se fait proche de nous pour que nous soyons plus proches des autres.
« Notre Dieu est proche et nous demande d’être proches les uns des autres, de ne pas nous éloigner les uns des autres. Et en ce moment de crise à cause de la pandémie que nous connaissons, cette proximité nous demande de la manifester davantage, de la montrer davantage. Nous ne pouvons peut-être pas nous approcher physiquement par peur de la contagion, mais oui, nous pouvons éveiller en nous une attitude de proximité entre nous : avec la prière, avec l’aide, de nombreuses façons de se rapprocher. Et pourquoi devrions-nous être proches les uns des autres ? Parce que notre Dieu est proche, il a voulu nous accompagner dans la vie. Il est le Dieu de la proximité » (Pape François.,18/3/2020)
Bon pèlerinage intérieur dans nos chambres !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte Marguerite du Vésinet
- mardi 14 avril :
CINQUANTE JOURS DE JOIE
« Ne me touche pas », dit Jésus à Marie de Magdala : Jésus est-il l’inventeur des gestes barrières… ? (Un peu d’humour ne fait pas de mal !).
« Va trouver mes frères » : la demande de Jésus indique que la joie de Pâques se partage !
« Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! » (Ps 117,24), dit le verset de l’Alléluia de la messe de ce mardi.
Curieusement, nos habitudes liturgiques mettent davantage l’accent sur l’avant Pâques (le carême), plutôt que sur les jours qui suivent cette fête.
Nous mettons presque plus d’énergie pour la conversion du carême que pour vivre l’allégresse de la résurrection…
La joie de Marie de Magdala pour partir témoigner de sa rencontre avec le ressuscité n’est pas moins vive que les larmes qu’elle a versées au tombeau !
Ne manquons pas ces cinquante jours de rendez-vous de la joie et de la paix que nous donne le Ressuscité ! Nous en aurons besoin pour vivre la durée de notre confinement !
Ces cinquante jours du Temps Pascal sont, dès les premiers siècles, une cinquantaine d’allégresse, comme une célébration continue de la résurrection, comme un unique jour de fête qui « a la même portée que le dimanche » (Irénée de Lyon).
« Les cinquante jours à partir du dimanche de la Résurrection jusqu’à celui de Pentecôte sont célébrés dans la joie ou l’exultation, comme si c’était un jour de fête unique, ou mieux « un grand dimanche ». » (Normes de l’année liturgique).
Comme « un grand dimanche » sur huit dimanches (le chiffre huit est symbolique de la vie éternelle, 7+1), « une semaine de semaines » (St Hilaire), voilà ce que nous célébrons ; avec pour point d’orgue la Pentecôte, fête du don de l’Esprit et de la mission de l’Eglise. Pendant ces cinquante jours, la liturgie va déployer pour nous le mystère de la résurrection sous toutes ses harmoniques. Et vous savez aussi que les Jours qui suivent immédiatement Pâques sont une octave, huit jours festifs, huit jours de célébration de la résurrection, où nous disons au cœur de la prière eucharistique : « nous célébrons le jour très saint où ressuscita selon la chair notre Seigneur Jésus-Christ ».
La « bienheureuse cinquantaine » célèbre le même mystère et permet de déployer la présence du Ressuscité en son Eglise. Le cierge pascal symbole du Christ resuscité est allumé à chaque messe et accompagne ce temps liturgique.
C’est évidemment la joie et la paix qui dominent ce temps liturgique, paix qui nous est donnée par le Christ ressuscité.
Dans la joie pascale, « la peine même de l’homme se trouve transfigurée » (Paul VI, Gaudete in domino), dans cette paix la plus profonde qui dépasse les détresses et qui nous vient de la présence de l’Esprit-Saint.
Le secret de cette joie est celle de l’amour, d’un amour dont la résurrection nous révèle qu’il est sans faille ; cette joie est la joie même de Jésus : « Le secret de la joie insondable qui habite Jésus… c’est l’amour ineffable dont il se sait aimé de son Père » (Paul VI).
C’est toute notre vie, irriguée par cette allégresse de Pâques, qui peut devenir louange de Dieu : « Vous êtes louange de Dieu, dit Augustin, si vous vivez selon le bien » (commentaire Ps 149).
« Vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en-haut » (Col 3, 1), voilà ce que nous voulons vivre pendant ces cinquante jours.
Beau temps pascal dans la joie et la paix du Ressuscité !
Merci pour toutes les belles réalisations familiales pour la semaine sainte que vous pouvez retrouver sur le site de la paroisse !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte Marguerite du Vésinet
- lundi 13 avril :
Chers frères et sœurs,
« Quand les femmes eurent entendu les paroles de l’ange, vite, elles quittèrent le tombeau, remplies à la fois de crainte et d’une grande joie » Mt 28,8-15.
Marie de Magdala et l’autre Marie allaient au tombeau vénérer Jésus mort ; et un ange leur annonce que Jésus est ressuscité et les invite à l’annoncer aux disciples : « Il est ressuscité d’entre les morts, il vous précède en Galilée ».
Et décidément l’on court beaucoup dans les récits d’après la résurrection ! : « Vite, elles quittèrent le tombeau… et elles coururent porter la nouvelle à ses disciples ».
Pourquoi cette course effrénée ? Parce que l’incroyable est devenu crédible, l’impossible est devenu réalité… Jésus est ressuscité, il est vivant, comme il l’avait promis.
Les saintes femmes sont « remplies à la fois de crainte et d’une grande joie ».
Attention ! la crainte dans la Bible n’a rien à voir avec la peur.
La peur souvent nous paralyse, nous emprisonne, nous immobilise, peur de le violence, peur du dérèglement climatique, peur des virus… La peur n’est pas seulement mauvaise conseillère comme dit la sagesse populaire ; plus profondément la peur est aux antipodes de notre foi.
La crainte de Dieu, au sens biblique, c’est bien autre chose que de la peur : c’est un mélange de respect et d’affection, elle est saisissement devant la grandeur du mystère de l’amour de Dieu : cette crainte est émerveillement devant Dieu. C’est aussi cette spontanéité des fils qui veulent répondre à la délicatesse de Dieu. La crainte de Dieu, au sens biblique, réveille sans cesse en nous le meilleur de nous-mêmes et nous rend capables de sentir la tendresse de notre Dieu qui s’occupe si bien des moineaux et compte tous les cheveux de notre tête. C’est la source d’une joie profonde. Et celle-ci met en mouvement ; elle fait courir pour partager cette joie.
Les saintes femmes éprouvent ces sentiments à l’annonce de la résurrection : le saisissement devant l’imprévu, et l’allégresse de la surprise d’un amour retrouvé.
Elles sont comme stoppées dans leur course ; au détour d’un chemin Jésus leur apparaît dans la lumière radieuse de ce nouveau jour : il se laisse voir et toucher dans son humanité. Les pieds reviennent souvent au-devant de la scène évangélique : « Elles s’approchèrent, lui saisirent les pieds et se prosternèrent devant lui … ». Jésus vient confirmer la parole de l’ange et se donne à rencontrer. Les femmes peuvent toucher les pieds transpercés du Ressuscité. Leur message n’en sera que plus fort.
Jésus leur porte un message de paix « Je vous salue » (c’est le message de l’ange à Marie : « grâce et paix » « Réjouissez-vous ») ; « Soyez sans crainte » ajoute-t-il. Là pour le coup, Jésus les invite à ne pas avoir peur.
Le ressuscité vient à notre rencontre à son heure… Il met en nos cœurs la paix. Que sa présence nous saisisse et nous fasse rayonner !
Bon lundi dans la joie du Ressuscité!
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte Marguerite du Vésinet
- dimanche 12 avril : dimanche de Pâques
Chers Frères et soeurs,
Je vous souhaite à tous une très joyeuse fête de Pâques dans la joie du Ressuscité ! En communion avec le Ressuscité!
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte Marguerite du Vésinet
Homélie du Père Maroteaux pour Pâques
Le dimanche de Pâques, tout le monde se met à courir. Cela nous concerne moins en ces temps de confinement, quoi qu’il soit toujours possible de marcher ou de courir… mais seul…Il s’agit d’une course étrange autour du tombeau de Jésus. C’est la course de la foi. Marie de Magdala, ancienne pécheresse, se rend au tombeau de Jésus, c’est bien un mort qu’elle vient pleurer et honorer. Sans doute fait-il nuit dans son cœur en ce petit matin. Tout espoir semble perdu ; l’échec de Jésus est évident et semble aboutir à l’impasse du tombeau. Marie la femme libérée par Jésus de ses sept démons, elle qui était présente avec d’autres femmes au pied de la croix, est le type même de la foi de l’Eglise qui ne cesse de chercher celui qu’elle aime sans se lasser, elle est le regard de la foi. Elle voit la pierre roulée et elle est tellement émue qu’elle court à en perdre haleine, pour chercher Pierre et Jean : «On a enlevé le Seigneur», sans doute est-ce l’étonnement, la tristesse qui emplit le cœur de Marie ; les disciples entament eux aussi la course ; ils ne savent pas que cette course de l’amour les conduira au Vivant.
Cette course est d’autant plus étonnante que la mort d’un être cher souvent vous pétrifie, vous immobilise, vous « plombe », comme on dit familièrement, psychologiquement et parfois physiquement. Pourquoi courent-ils ? Parce qu’ils veulent comprendre ? Parce qu’ils s’interrogent sur ce tombeau vide ? En fait, c’est celui dont ils ne savent pas encore qu’il est ressuscité, qui les met déjà en mouvement… Jean a des jambes plus jeunes et arrive plus vite, évidemment. Il s’arrête au seuil pour laisser son aîné passer avant lui, dans un geste de prévenance délicate. Jean s’efface devant Pierre pour qu’il puisse voir aussi un autre effacement : le tombeau est vide, mais seul le linceul de Jésus est encore en place roulé, comme lors de la sépulture. « La surprise est ce qui te touche le cœur, qui te touche justement là où tu ne l’attends pas » (François Pâques 2018).
Jean entre après Pierre. « Il vit et il crut » : quand Jean entre dans le tombeau, il voit le linceul qui a entouré le corps de Jésus roulé à sa place, et il comprend immédiatement ce que seule la foi peut comprendre, la foi permet à Jean de voir au-delà du signe en creux du linge vide. Jésus n’impose pas sa présence. « Il vit et il crut ».
Que voyons-nous aujourd’hui ? Savons-nous lire les signes que Jésus nous donne de sa présence au cœur même de notre confinement ? Savons-nous le reconnaître dans les surprises de l’amour de nos proches ? « Demandons que le Seigneur nous rende participants de sa Résurrection : qu’il nous ouvre à sa nouveauté qui transforme, aux surprises de Dieu qui sont si belles ; qu’il fasse de nous des hommes et des femmes capables de faire mémoire de ce que lui accomplit dans notre histoire personnelle et dans celle du monde ; qu’il nous rende capables de le reconnaître comme le Vivant, vivant et agissant au milieu de nous ; qu’il nous enseigne chaque jour, chers frères et sœurs, à ne pas chercher parmi les morts Celui qui est vivant. Amen » (François, Pâques 2013).
Le Ressuscité est présent au cœur des réalités les plus humbles de notre vie : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde». Aucun virus, aucun deuil n’empêcheront jamais cette présence du Ressuscité à nos côtés. A Pâques, c’est toute notre vie qui est comme ressaisie dans l’amour du Christ. Et Dieu nous a dit son dernier mot dans la résurrection de Jésus : « CHRIST EST RESSSUSCITÉ ! » Et comme tous nos frères chrétiens d’Orient vous répondez chacun (Je veux vous entendre dans la foi !) : « IL EST VRAIMENT RESSUSCITÉ !» Belles fêtes de Pâques dans la joie du Ressuscité !
- samedi 11 avril :
Chers frères et sœurs,
C’est le jour du grand silence, mais aussi le jour de l’espérance en la résurrection, Jour d’attente, le Samedi saint n’est pas pour autant un jour vide au cœur des trois jours saints.
« Le Père n’a dit qu’une parole : son Fils. Il la dit toujours dans le silence, un silence sans fin. C’est dans le silence qu’elle peut être entendue » ( St Jean de La Croix à propos du grand silence le Samedi saint).
Le Samedi saint prolonge les ténèbres du Vendredi saint, mais dans la foi : « L’Église demeure auprès du tombeau de son Seigneur, méditant la Passion et la mort du Christ ainsi que sa descente aux enfers, et elle attend sa résurrection dans la prière et le jeûne ». (Solennité pascale, Congrégation pour le culte, janvier 1988).
« Joseph acheta un linceul, il descendit Jésus de la croix, l’enveloppa dans le linceul et le déposa dans un tombeau qui était creusé dans le roc. Puis il roula une pierre contre l’entrée du tombeau. » (Mc 15, 46). Nous méditons alors ces paroles de Jésus . « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. » (Jn 12, 24). Au cœur du monde nous prions avec Jésus au tombeau.
« Pris entre les deux rives de l’office des ténèbres qui jouxte la mort et de la joie baptismale de la vigile pascale qui jouxte la Résurrection, nous marchons dans cette obscurité lumineuse de la foi qui n’a plus de signes, abandonnée à sa seule force qui est toute la grandeur de son union à Dieu » (Nathalie Nabert)
La liturgie du Samedi saint célèbre aussi la descente du Christ aux enfers. Dans le credo, nous proclamons : « Il est descendu aux enfers »
Il convient de distinguer l’enfer et les enfers. L’enfer désigne cet état de séparation définitive d’avec Dieu, son amour et sa vie. Les enfers, c’est le « shéol » : dans la Bible c’est le lieu du sommeil des morts. « Il est descendu aux enfers ». : Jésus est vraiment mort ; mais « Dieu l’a ressuscité en le délivrant des douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir » ( Ac 2, 24 ).
Dans les Eglises orientales, les icônes représentent cette descente aux enfers du Christ qui va chercher Adam et Eve : le Christ ressuscité piétine les portes fracassées du séjour des morts aux enfers et tire Adam et Eve par la main, pour les emmener avec lui dans son Royaume. En nos profondeurs humaines qui ne sont pas prêtes à l’accueillir, le Christ ressuscité vient aussi apporter la vie.
Ainsi l’humanité recrée par la croix peut remonter vers l’Amour.
« Un grand silence règne aujourd’hui sur la terre, un grand silence et une grande solitude. Un grand silence parce que le Roi dort. La terre a tremblé et s’est calmée parce que Dieu s’est endormi dans la chair et qu’il est allé réveiller ceux qui dormaient depuis des siècles. Dieu est mort dans la chair et les enfers ont tressailli. Dieu s’est endormi pour un peu de temps et il a réveillé du sommeil ceux qui séjournaient dans les enfers…Il va chercher Adam, notre premier Père, la brebis perdue. Il veut aller visiter tous ceux qui sont assis dans les ténèbres et à l’ombre de la mort. Il va, pour délivrer de leurs douleurs Adam dans ses liens et Ève, captive avec lui, lui qui est en même temps leur Dieu et leur Fils. Descendons donc avec lui pour voir l’Alliance entre Dieu et les hommes… » (Cf Epiphane de Salamine).
Notre condition humaine reste marquée par l’épreuve ; mais avec le Christ, elle est assumée dans l’amour. Rien ne peut faire obstacle entre nous et Dieu. Ni les situations difficiles ou angoissantes de notre vie, ni la mort : « Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le supplice ? Oui, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l’avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur » ( Rm 8; 35-39).
Il y a eu une longue tradition musicale de l’Office des ténèbres à partir du jeudi saint, vous pouvez écouter ces leçons des Ténèbres chez Marc-Antoine Charpentier, ou François Couperin.
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte Marguerite du Vésinet
- vendredi 10 avril, Vendredi Saint :
Frères et sœurs,
« L’heure est venue »
« Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? Père, sauve-moi de cette heure ? Mais c’est précisément pour cette heure que je suis venu » (Jn 12,27).
C’est l’heure où Jésus bafoué, défiguré, moqué de tous, fait face à la trahison, à la coalition du Mal, au déchaînement sans fin de la violence et de la haine.
C’est l’heure où Jésus est abandonné de tous, même de ses disciples, tous plus absents les uns que les autres…
C’est l’heure du péché, le nôtre également, c’est l’heure des ténèbres : « c’est maintenant votre heure et le pouvoir des ténèbres. » (Lc 22,53).
Mais surtout c’est l’heure du pardon donné aux ennemis : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34).
C’est l’heure où nous comprenons que le pardon est de Dieu : seul Dieu peut pardonner en Jésus. C’est au regard plein d’amour de Jésus en croix que le centurion comprend (Mc 15,37-39) …
C’est aussi l’heure de la gloire de l’amour total, donné sans réserve : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. En vérité, je vous le dis, si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul ; s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12, 23-24) ;
C’est l’heure de l’Eglise : « Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils « . Puis il dit au disciple : « Voici ta mère » » (Jn19,26).
C’est l’heure où nous comprenons en contemplant Jésus sur la croix : c’est Dieu qui souffre pour son peuple, pour chacun de nous.
C’est l’heure du silence et du recueillement devant le Christ souffrant.
Jésus continue à nous aimer encore à l’instant même où nous ne sommes plus que refus et hostilité.
Jésus mourant par amour, témoigne que Dieu nous aime malgré nos noirceurs et notre mal. L’amour de Dieu est vainqueur de tout Mal.
« Christ a pris sur lui les souffrances de l’homme qui souffre » (Méliton de Sardes).
Seigneur Jésus nous te demandons pardon pour les forces de mort qui nous habitent.
Seigneur Jésus nous te rendons grâce pour tant d’amour !
Nous pouvons dans notre liturgie domestique prendre le temps de ce beau geste proposé dans la célébration de la Passion : embrasser avec ferveur la croix de Jésus où il nous donne sa vie et son amour.
« Embrasser la croix, c’est trouver le courage d’embrasser toutes les contrariétés du temps présent, en abandonnant un moment notre soif de toute puissance et de possession, pour faire place à la créativité que seul l’Esprit est capable de susciter. C’est trouver le courage d’ouvrir des espaces où tous peuvent se sentir appelés, et permettre de nouvelles formes d’hospitalité et de fraternité ainsi que de solidarité. Par sa croix, nous avons été sauvés pour accueillir l’espérance et permettre que ce soit elle qui renforce et soutienne toutes les mesures et toutes les pistes possibles qui puissent aider à nous préserver et à sauvegarder. Étreindre le Seigneur pour embrasser l’espérance, voilà la force de la foi, qui libère de la peur et donne de l’espérance » (Pape François « Prière en temps d’épidémie », le 27 mars).
« Ayons le courage, comme le dit pape François, de marcher en présence du Seigneur, avec la croix du Seigneur ».
Aux dix prières de l’office de la Passion, l’Eglise ajoute cette intention de prière en ce temps de pandémie : « Dieu éternel et tout-puissant, force de ceux qui espèrent en toi, regarde avec compassion ceux qui se trouvent en ces jours, dans une situation de désarroi : nous te prions pour les malades et pour ceux qui les soignent ; que tes secours, toujours présents, assistent ceux qui ont besoin de toi. Et que ta grâce accorde aux défunts la vie éternelle que tu veux offrir à tous. Par Jésus le Christ Notre Seigneur ».
Accueillir le pardon de Dieu en ce temps du confinement n’est pas simple ! Voici les indications de notre pape, sur le site du diocèse de Versailles, rubrique : Que faire quand se confesser est impossible à cause du confinement ? voir ici
Sur le site de la paroisse des indications pour vivre ce vendredi saint, des intentions de prière qui nous sont confiées… Soyons unis au Christ qui donne sa vie par amour !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte Marguerite du Vésinet
- jeudi 9 avril, Jeudi Saint :
DES PIEDS ET DES MAINS…
Le jeudi saint si l’on veut utiliser un raccourci saisissant, ce sont des mains et des pieds :
Les pieds du peuple de Dieu qui partent en toute hâte vers le salut promis, les pieds des disciples, empoussiérés par les chemins, que Jésus a lavés.
Les mains de Jésus qui prennent le pain, les mains qui rompent le pain, qui le distribuent aux disciples, les mains qui lavent les pieds des disciples. Les mains de Jésus qui bénissent, guérissent, pardonnent, les mains qui ouvrent les yeux des aveugles, les mains qui remettent debout les malades, les découragés, les mains qui touchent les intouchables, les lépreux … C’est aussi la main tendue de Jésus à Pierre au milieu de la tempête sur le lac, alors que celui-ci commence à douter. Ce sont surtout les mains clouées sur le bois de la croix : « Père entre tes mains je remets mon esprit ». Jésus ne retient rien pour lui. Ce sont les mains humaines du Christ qui font l’œuvre de Dieu le Père.
C’est l’image du Bon Pasteur qui part à la recherche de la brebis perdue et qui lorsqu’il la retrouve la prend dans ses bras et tout joyeux la charge sur ses épaules (Lc 15,5) : « Le Père aime le Fils il a tout remis dans sa main » (Jn 3,35). La main dans la Bible exprime la puissance de l’action de Dieu : « Dieu délivre son peuple à main forte ».
Christ a fait le choix de la douceur et du don total à son Père et aux hommes : il se livre entre nos mains, c’est un seul et même acte de la part de Jésus de laver les pieds de ses disciples, geste d’humilité incompréhensible réservé aux esclaves, et de rompre le pain pour les siens : Jésus donne sa vie totalement, librement, sur la croix.
Nous le savons bien : la main peut retenir ou au contraire donner. Elle peut détruire, menacer, faire violence ou au contraire bénir, créer et construire ; les mains peuvent frapper ou au contraire caresser… Et en ce moment particulièrement nous prenons conscience de la grâce que ces mains peuvent transmettre, alors que nous sommes obligés de les « confiner », parce que la prudence nous l’impose, empêchant bien des gestes de tendresse ou d’amitié.
Les mains enfin, levées vers le ciel, disent notre prière : « Je tends les mains vers toi, me voici comme une terre assoiffée » (Ps 143,6).
Les mains qui se ferment ne peuvent rien recevoir. Celui qui a les mains pleines ne peut rien recevoir « Dieu renvoie les riches les mains vides ». Ouvrir les mains, c’est se rendre disponible.
Nos mains sont pour servir et donner, pour aimer et partager : « Heureux êtes-vous si vous le faites aussi », nous dit Jésus en ce jeudi saint : comprenons-nous que pour le service, il s’agit de tout donner, y compris nous-mêmes ? C’est ce chemin de bonheur que nous propose Jésus : faire ce que lui-même a fait, servir nos frères, aider chacun à se relever et à se découvrir aimé du Seigneur.
Mais nous ne pourrons « faire comme Jésus », c’est-à-dire servir comme lui seulement si nous commençons à vivre avec lui, à nous laisser faire par lui ! Il ne faut pas oublier le « comme Jésus » ; Sinon notre agir restera centré sur nous. Il s’agit non pas de se servir soi-même, mais bien de servir les autres. Autrement dit, nous ne servons pas pour nous mettre en valeur, ou nous mettre au centre (voyez comme je suis généreux et bon), mais parce qu’en agissant ainsi nous manifestons l’amour de Dieu. Le service place au centre le frère à servir.
Bien sûr il y a un lien profond entre service et eucharistie. C’est le même mystère du don que Jésus fait de lui-même qui est à l’œuvre.
Le pape François, nous dit qu’en se mettant à genoux et en lavant les pieds de ses disciples, il raccourcit les distances (« La joie de l’Evangile » 24) ; et par ce geste il invite chacun de nous à faire de même, à « raccourcir les distances » d’avec les autres dans la vie de tous les jours. Que le confinement ne nous empêche pas de raccourcir les distances !
Rendons grâce pour ces mains du Christ qui accomplissent pour nous l’œuvre d’amour de Dieu.
« Christ n’a pas de mains : Il n’a que nos mains pour faire son travail aujourd’hui.
Christ n’a pas de pieds : Il n’a que nos pieds pour conduire les hommes sur son chemin.
Christ n’a pas de lèvres : Il n’a que nos lèvres pour parler de lui aux hommes.
Christ n’a pas d’aides : Il n’a que notre aide pour mettre les hommes à ses côtés ».
Vous trouverez sur le site de la paroisse des indications pour suivre le Triduum (les trois jours saints) ; pour les enfants, Théobule propose une vidéo sur le lavement des pieds.
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte Marguerite du Vésinet
- mercredi 8 avril, Mercredi Saint :
Chers frères et sœurs,
« Chaque matin, il éveille, il éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute ».
Est-ce le Seigneur qui me réveille chaque matin et pas seulement la sonnerie du réveil ? Chaque journée peut être reçue comme un don de Dieu, chaque journée peut me mettre à la suite de Jésus en disciple (vivre avec Jésus, agir avec Jésus, l’annoncer…).
Il faut d’abord écouter Dieu pour réconforter nos frères ; le serviteur que je suis doit commencer par écouter la Parole pour avoir la capacité de comprendre les événements et la volonté de Dieu.
Ce mercredi saint peut nous permettre d’écouter la figure du Serviteur dans le livre du prophète Isaïe :
« Je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats. Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ».
Ce Serviteur mystérieux agit au nom de Dieu et il agit pour nous.
Nous comprenons comment ces paroles résonnèrent pour les premiers chrétiens devant la Passion de Jésus : nous le savons, Jésus est celui qui vient accomplir ces images du Serviteur.
« C’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était châtié, frappé par Dieu, humilié. Or, c’est à cause de nos fautes qu’il a été transpercé, c’est par nos péchés qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous obtient la paix est tombé sur lui, et c’est par ses blessures que nous sommes guéris. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait son propre chemin. Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous. Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche » (Is 53,3-7, lecture du vendredi saint).
Le Serviteur innocent fait face à la violence et aux humiliations qu’il subit, avec humilité et douceur ; sa confiance est ancrée en Dieu.
La figure du Serviteur souffrant s’entre-mêle avec celle du Messie : « Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui j’ai mis toute ma joie. J’ai fait reposer sur lui mon esprit » (Is 42,1 sq) ; sur lui repose l’Esprit (Is 11,2).
Et ce Serviteur est médiateur d’une Alliance nouvelle ouverte à tous les peuples : « j’ai fait de toi mon Alliance avec le peuple et la lumière des nations » (Is 42,6). ; il est « Lumière des nations pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre » (Is 49,6).
Comment ne pas identifier Jésus crucifié et ressuscité dans ces paroles du prophète, comme une annonce de cette semaine sainte : « Mon serviteur réussira, dit le Seigneur ; il montera, il s’élèvera, il sera exalté ! La multitude avait été consternée en le voyant, car il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme ; il n’avait plus l’aspect d’un fils d’Adam. Et voici qu’il aspergera une multitude de nations » (Is 52,13-14) : ce n’est plus comme Moïse qui aspergeait le peuple avec le sang de taureau, le Serviteur, le Christ, aspergera les nations du sang de la croix, de sa propre mort.
« Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude » dit Jésus dans l’offrande de sa vie à la Cène (Mc 14,24).
En réponse à son amour, l’exaltation lui est promise (Is 53,12), il connaîtra une gloire sans égale.
Le Serviteur est pour les hommes source de vie ; le salut qui semble impossible avant l’heure du Serviteur, s’accomplit en Jésus.
Jésus parlera de lui-même comme celui qui vient servir l’homme : « Le Fils de l’homme est venu non pas pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10,45). Nous le contemplerons demain dans le lavement des pieds.
Réveille-moi, Seigneur, par ta Parole et par ton amour infini !
Sur le site de la paroisse, vous trouverez une proposition concrète pour les enfants de création pour Pâques. Rendez-vous sur le site !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte Marguerite du Vésinet
- mardi 7 avril :
Chers frères et sœurs,
« Tu es mon serviteur, Israël, en toi je manifesterai ma splendeur. » (Is 49)
« Au cours du repas que Jésus prenait avec ses disciples, il fut bouleversé en son esprit » (Jn 13,21). L’heure de l’angoisse a sonné pour Jésus…
L’Evangile de ce jour nous permet de revenir sur les figures de Judas et de Pierre…
Judas, dont le nom signifie « louangeur », est la figure mal-aimée de l’Evangile (Ne dit-on pas : « il y a un Judas parmi nous » pour désigner un traître…).
Judas est surtout sans doute un homme déçu par l’action de Jésus et qui va se laisser aller à la complicité avec le Malin ; le diviseur, celui qui s’oppose à la communion que le Christ vient accomplir ; sans doute espérait-il que Jésus serait un Messie tout-puissant capable de résister au pouvoir romain.
Et Jésus ne sera pas cet homme ; il sera le Serviteur doux et humble, mais aussi humilié, dont parle Isaïe…
Judas sous l’apparence du bien trahira Jésus, pour, comme le dit Caïphe, préserver l’unité de la nation…Il choisira de se mettre en dehors de la communion.
Judas, comme Pierre, a été choisi, Judas comme Pierre a été aimé de Jésus, comme lui il a été envoyé en mission, il a partagé le même pain : en donnant la bouchée à Judas Jésus veut honorer son hôte (selon la coutume orientale) et lui manifester son amour jusqu’au bout ; Jésus se livre à celui qui le livre. Faisant mine d’accepter la communion, Judas révèle sa duplicité : « Judas prit donc la bouchée, et sortit aussitôt. Or il faisait nuit » ; La nuit a envahi son cœur.
Mystère du Mal mais aussi de notre complicité au Mal.
Judas sera aimé jusque dans sa trahison : lorsqu’il livrera Jésus aux gardes, Jésus lui dira avec une affection véritable en même temps que tragique : « Mon ami… » (Mt 26,50).
Mais au fond, Pierre aussi à sa façon a trahi Jésus : C’est toujours l’amour qui est trahi. Pierre a abandonné Jésus au moment le plus crucial, refusant de se reconnaître de ses amis par trois fois… Alors même qu’il venait de dire : « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort. » (Lc 22,33).
Rien ne nous est épargné dans les Evangiles des faiblesses de Pierre, de ses erreurs, de ses contradictions. Pierre a du mal à comprendre ce que le Christ désire : il refuse que Jésus passe par la souffrance et la mort. Il refuse que Jésus lui lave les pieds. Jésus lui dira : « J’ai prié pour toi pour que ta foi ne défaille pas. Quand tu seras revenu, affermis tes frères » (Lc 22,32).
Pierre réagit par peur et par lâcheté ; il ne calcule pas, comme Judas.
La vraie différence entre la trahison de Pierre et celle de Judas est sans doute ce qui va se passer ensuite pour ces deux hommes : l’un pris de remords va désespérer et se suicider, l’autre va pleurer amèrement et pourra accueillir le pardon… Judas n’a pas cru à un pardon possible, Pierre le savait possible !
Seigneur prends pitié de mes faiblesses et de mes indifférences… « Tu sais tout, tu sais bien que je t’aime » (Jn 21,17) !
Nous pouvons en cette semaine sainte confier des intentions de prière à porter ensemble, en particulier pour le vendredi saint. Je vous invite à le faire via le site de la paroisse : site.saintemarguerite78110@gmail.com
Bon mardi saint !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte Marguerite du Vésinet
- lundi 6 avril :
Chers frères et soeurs,
« Marie avait pris une livre d’un parfum très pur et de très grande valeur ; elle répandit le parfum sur les pieds de Jésus, qu’elle essuya avec ses cheveux ; la maison fut remplie de l’odeur du parfum ».
Ce 1° jour de la semaine sainte commence dans la joie d’un repas, d’un geste de gratuité, mais déjà la mort rôde…
Juste après avoir rendu Lazare à la vie, la tension contre Jésus est extrême, sa condamnation à mort est en préparation…
Mort et vie s’entremêlent dans ce récit : Lazare est fêté comme un vivant revenu de la mort, Jésus promis à la mort est honoré, lui qui est « La résurrection et la vie ».
L’onction à Béthanie, le lieu de l’amitié que nous retrouvons, met un parfum de fraîcheur, au milieu de ce compte à rebours qui s’est mis en route pour Jésus et qui aboutira à la croix.
Les amis de Jésus ont organisé un repas : Marthe comme souvent est au service ; Lazare allongé près de Jésus.
Marie, leur sœur, dans un geste d’extraordinaire gratuité, verse généreusement un parfum luxueux, « authentique et de grande valeur », sur les pieds de Jésus, les essuyant de ses cheveux.
Dans l’Evangile de Jean, Jésus reprend le geste de gratuité de Marie, lorsqu’il lavera les pieds de ses disciples, proposant aux disciples d’agir de la même façon. Les pieds sont à l’honneur dans les Evangiles !
Ces égards de Marie pour les pieds de Jésus annoncent l’onction de l’ensevelissement de Jésus. Mais aussi le grand respect dû au corps appelé à la résurrection.
La maison toute entière est remplie, comme envahie de ce parfum précieux, de ce baume somptueux… La bonne odeur du Christ, celle de l’amour de Marie qui honore Jésus… La bonne odeur de la gratuité de l’amour qui se paye le luxe de ne pas compter.
Seul Judas comptabilise ce geste, sous l’apparence du bien, soi-disant pour le service des pauvres….
Marie ne calcule pas, Dieu non plus.
Et à ce moment Jésus est le pauvre, le Serviteur, qui sera bientôt le Serviteur souffrant, celui qui n’a plus rien, seulement ses pieds qui seront percés et meurtris. C’est ce pauvre qui va donner sa vie que Marie vient d’honorer de ses gestes infiniment touchants.
Annoncer l’ensevelissement de Jésus en fêtant la résurrection de Lazare, c’est annoncer que la mort de Jésus n’est qu’un passage, une Pâque.
Donne-nous Seigneur de savoir honorer ton amour par le parfum de notre vie, parfois blessée, mais que le baume de ton amour guérit et sauve toujours !
« Célébrons la Semaine Sainte d’une manière vraiment inhabituelle, qui manifeste et résume le message de l’Évangile, celui de l’amour sans limite de Dieu. Et dans le silence de nos villes, l’Évangile de Pâques résonnera. Cette foi de Pâques nourrit notre espérance. (…) C’est l’espérance d’un temps meilleur, dans lequel nous pouvons être meilleurs, enfin libérés du mal et de cette pandémie. C’est une espérance : l’espérance ne déçoit pas ; ce n’est pas une illusion, c’est une espérance. » (Pape François, vendredi 4/4)
Belle semaine sainte, en communion !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte Marguerite du Vésinet
- dimanche 5 avril :
Chers frères et sœurs,
Aujourd’hui nous fêtons les Rameaux, chacun chez nous… Pour suivre cette célébration on peut regarder les messes télévisées (KTO ou France 2) ; ou bien aussi les bénédictines du prieuré de Blaru, dans notre diocèse retransmettent par YouTube leur messe quotidienne de 11h.
N’hésitez pas aussi à profiter des belles propositions spirituelles et pédagogiques du diocèse sur le site de la paroisse Ste Marguerite (La semaine sainte à la maison) pour vivre chaque jour de la semaine sainte, seul ou en famille.
Egalement vous pouvez profiter de la proposition de la paroisse de Chatou de bénir des Rameaux en direct sur leur chaîne YouTube, ce soir à 19h.
Je vous souhaite une belle fête des Rameaux. Que le Seigneur vous bénisse ainsi que tous les vôtres !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte Marguerite du Vésinet
Homélie du Père Maroteaux pour les Rameaux :
« Aujourd’hui c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque »(Mt 26,18)
Cette phrase de Jésus au début du récit de la Passion résonne de façon particulière en ces jours où nous sommes confinés chez nous : oui, c’est là, en cet appartement, en cette maison que Jésus veut me rejoindre, nous rejoindre pour y célébrer sa Pâque avec nous ! Ne manquons pas cette belle rencontre avec le Seigneur qui vient chez nous ! Etrange fête en vérité que cette fête des Rameaux, étrange télescopage de la liturgie où nous acclamons Jésus et simultanément nous écoutons le récit tragique de la Passion…
Comme pour nous rappeler qu’en nos vies souvent il en est ainsi, peines et joies s’entre-mêlent… Comme une invitation pressante à vivre les deux, peines et joies dans la lumière du Seigneur qui est présent à chaque instant de nos vies. Rien ne lui est indifférent, bien au contraire : il nous accompagne dans toutes les étapes de nos existences, les plus belles comme les plus douloureuses.
Les Rameaux cette année auront sans doute un goût d’inachevé… Nous ne pouvons pas faire bénir ces rameaux qui viennent en nos maisons rappeler l’amour du Seigneur pour nous. Nous ne pouvons pas lever nos rameaux pour acclamer Jésus, sauf en privé…
Pourtant, en nos cœurs, en famille, nous pouvons acclamer le Christ pour son amour !
Mais nous pouvons aussi découvrir que c’est toute notre vie qui peut être acclamation pour Dieu !
Comment acclamons-nous le Seigneur par toute notre vie ? Le faisons-nous seulement dans les jours de joie ? Croyons-nous qu’il nous donne aussi la force de traverser les heures de peine et de souffrances ?
Contempler le Christ dans sa Passion comme nous le faisons aujourd’hui, c’est contempler l’extraordinaire puissance d’un amour vrai capable de s’offrir, capable de pardonner à ceux qui lui font du mal.
C’est découvrir qu’une vie même brisée peut être source d’un amour infini. L’amour du Christ n’en finit pas d’aimer. Le Christ broyé sur la croix continue de se donner.
Nous sommes avec la croix devant un événement qui pourrait apparaître dénué de sens, qui pourrait être seulement le reflet de l’absurde violence humaine, celle que nous ne connaissons que trop. La souffrance, l’injustice qui défigurent notre monde risquent de troubler l’image de Dieu. La foi voit la croix autrement.
Le curé d’Ars disait que le récit de la Passion du Christ est le plus grand et le plus beau livre que nous puissions lire. Tout y est dit de l’amour de Dieu pour l’humanité en Jésus qui pardonne sans condition.
Jésus élevé sur la croix attire le monde à lui : là est la Parole la plus incroyable de l’amour de Dieu, dans le don total et sans retour du Christ.
Jésus s’identifie sur la croix à toute l’humanité qui souffre. Il prend sur lui notre détresse, notre impuissance face au déchaînement du mal, et les transforme par la certitude de la présence de l’amour de Dieu à chaque instant de notre vie.
Confions-nous à son amour infini. Confions nos frères et sœurs en communion avec nous.
- samedi 4 avril :
Chers frères et soeurs,
« Jésus allait mourir pour la nation ; et ce n’était pas seulement pour la nation, c’était afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » ( Jn 11,51-52).
Ainsi s’accomplissent en Jésus-Christ les promesses de Dieu dans le prophète Ezechiel : « Je les rassemblerai de partout et… J’en ferai une seule nation ».
L’Evangile nous montre l’aveuglement de Caïphe le grand prêtre ; celui-ci devrait être le premier à pouvoir reconnaître le Messie, mais il préfère privilégier la survie de son peuple sous la férule de l’occupant romain…
A l’heure de la mondialisation, Jésus nous rappelle qu’il vient rassembler pour le meilleur !
La mondialisation montre plus ses défauts que ses avantages en ce moment : pandémie, réchauffement climatique, crise écologique mondiale, dépendances économiques…
Bien sûr, les hommes au plus profond d’eux-mêmes aspirent à l’unité. Il y a de nombreuses mains tendues, de beaux exemples de recherche de paix et de dialogue dans les pays divisés…
Mais l’humanité a toujours été déchirée par la jalousie, la méfiance, les guerres…
Dieu se révèle toujours comme celui qui rassemble.
Jésus promet une mondialisation de la communion en son amour…
Souvent Jésus, dans les Evangiles, évoque ce risque de dispersion du péché qui divise (Satan est le Diviseur) : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi, et celui qui n’assemble pas avec moi disperse » ( Mt 12.30).
Jésus nous donne l’image du Bon Pasteur qui rassemble ses brebis, même celles qui sont loin : « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur » ( Jn 10,16).
Mais nous entendons aussi la plainte de Jésus sur ceux qui refusent de l’accueillir, sur ceux qui refusent son message de paix :« Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu ! » (Mt 23,37).
Mais surtout Jésus nous fait contempler sa croix comme source de l’unité, de la communion dans l’amour et dans le pardon : « Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jn 12,32).
C’est le péché c’est-à-dire l’orgueil qui est source de dispersion, de division. Le refus de cette unité est ce péché qui divise l’homme, l’éparpille, et divise les hommes les uns contre les autres.
C’est l’amour qui rassemble, qui unit les cœurs dans le souci des autres, cette communion jaillit du cœur de Dieu.
Le Christ veut unifier, rassembler tout ce qui en moi est cloisonné ou dispersé.
Seigneur, viens rassembler en moi ce qui est dispersé, fais-de moi un artisan de communion en ton amour !
Demain nous fêtons les Rameaux ; pour suivre cette célébration on peut regarder les messes télévisées (KTO ou France 2) ; ou bien aussi les bénédictines du prieuré de Blaru, dans notre diocèse, retransmettent par YouTube leur messe quotidienne de 11h.
N’hésitez pas aussi à profiter des belles propositions spirituelles et pédagogiques du diocèse sur le site de la paroisse Ste Marguerite (La Semaine Sainte à la maison) pour vivre chaque jour de la Semaine Sainte, seul ou en famille. voir ici
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte Marguerite du Vésinet
- vendredi 3 avril :
Chers frères et sœurs,
« Chantez le Seigneur, louez le Seigneur : il a délivré le malheureux de la main des méchants » (Jr 20,13).
Nous sommes entrés dans les jours de la Passion, avec Jésus. Ce sont des jours particulièrement denses, et cette année encore plus, avec les épreuves que traverse le monde entier…
Nous vivrons sans doute ces jours avec une ferveur particulière et avec un regard renouvelé. Et cela même si nous sommes isolés les uns des autres : notre prière se fera communion avec tous nos frères de confinement pour monter vers Dieu !
Depuis un moment les textes des messes du jour deviennent de plus en plus graves, au fur et à mesure de notre chemin de carême.
En ce vendredi nous pouvons méditer sur le chemin humain, spirituel, intérieur de Jésus, alors que Jésus dans l’Evangile est accusé de blasphème, parce qu’on ne croit pas qu’il puisse être Fils de Dieu.
Dans les Evangiles, très tôt Jésus rencontre des oppositions ; il se heurte aux critiques qui ne cesseront d’augmenter. L’hostilité que rencontre Jésus n’est pas unanime, mais elle est permanente et dès les premiers temps de sa mission ; après les premières guérisons dans l’Evangile de Marc on cherche à le prendre en faute (Mc 3 ,6 ; même dans sa famille on le regarde de travers, ainsi que dans son village : Mc 3,21 ; 6,2-6).
Parfois Jésus est obligé de se retirer dans le désert pour échapper à ses ennemis : ainsi après la résurrection de Lazare, que nous avons médité ce dimanche : « À partir de ce jour-là, ils décidèrent de le tuer… il partit pour la région proche du désert » (Jn11, 54-57).
Jésus a été traqué, considéré comme un agitateur, un blasphémateur, comme un pécheur, un « glouton et un ivrogne » (Mt 11,19) ; on lui reproche sa familiarité avec les pécheurs (il ose manger avec eux !), avec les malades (il touche les lépreux impurs et intouchables, au risque de contracter leur impureté) …
La Passion vient révéler cette montée convergente de la haine contre Jésus. Même ses amis l’abandonnent et sont en fuite.
Pourtant Jésus ne subit pas les événements, il les domine : il ne se laisse pas dominer par la montée des oppositions, il monte librement vers son heure, celle de la condamnation à mort. Et c’est son amour infini pour l’humanité qui le guide.
C’est ainsi qu’il nous faut essayer de vivre les difficultés de nos vies, non pas en les subissant, mais en en faisant un chemin d’amour… Seule la force du Christ nous en donne la force !
« Les expériences de Jésus sont les nôtres, elles sont seulement sans comparaison plus profondes, plus ‘éprouvantes’ pour lui que pour nous. Son étonnement, son accablement, son indignation, sa lassitude devant l’incrédulité, l’hostilité ou la mauvaise foi ne sont pas de commande, ils naissent d’un cœur qui ne s’habitue jamais au mal » (Jacques Guillet, Jésus-Christ dans le monde).
Is 53,4 : « C’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé ».
Voilà ce que nous vivrons avec le Christ en cette semaine sainte.
Prions avec ferveur cet après-midi avec Jésus en son chemin de croix, en communion avec nos frères souffrants et ceux qui les soignent et les accompagnent.
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- jeudi 2 avril :
Chers frères et sœurs,
« Je te ferai porter des fruits à l’infini… », telle est la promesse de Dieu à Abraham, dans le texte de la Genèse que nous relisons aujourd’hui.
Cette promesse est valable pour chacun de nous !
Comment porter du fruit ? Quels fruits le Seigneur attend-il aujourd’hui de chacun de nous ?
Jésus utilise pour nous une image, celle de la vigne et des sarments, comme une invitation à porter du fruit (vous pouvez relire utilement Jn 15,1-17).
Jésus nous dit qu’il est la vigne et que nous en sommes les sarments, les pousses. Une pousse peut vivre sur l’arbre seulement si elle est rattachée à l’arbre, et si elle se nourrit de la sève de l’arbre : de même nous ne porterons du fruit que si nous sommes reliés intimement à Jésus.
Jésus nous invite à développer nos liens avec lui, par la prière, les sacrements, le service de nos frères : les trois sont nécessaires.
Jésus me demande de demeurer dans son amour pour porter vraiment de beaux fruits d’amour, de pardon, d’écoute, de solidarité, de communion…
Plus nous serons dans l’amour de Jésus, plus nous deviendrons des sarments qui portent de beaux fruits de paix et de joie.
Quels sont les liens les plus profonds en nos vies ? Certains liens humains d’amour ou d’amitié permettent une vraie communion humaine.
Pouvons-nous dire la même chose du lien que nous tissons avec le Seigneur ? Ce lien que nous tissons avec lui rejaillit-il en désir de témoigner de ce bonheur que nous donne le Christ?
Dans le texte de Jean, le mot « fruit » revient 7 fois, et 7 fois l’expression « en moi ». Un verbe les relie, « demeurer » (7 fois). C’est donc en demeurant dans l’amour de Jésus, comme les sarments demeurent sur la vigne, que chacun de nous porte du fruit. Plus le lien est fort, plus la vie de Dieu se communique.
« Nous avec Jésus ». Nous portons du fruit en lui ; des fruits colorés par nos dons, sans distinguer ce qui est de Dieu et ce qui est de nous. Dieu se sert de chacun de nous comme instrument de sa grâce.
La gloire de l’homme n’est pas de faire de belles choses, mais de communiquer la vie, la force, la compassion, d’aider d’autres à être dans la paix que Dieu nous donne.
Si nous puisons l’amour au cep, au Christ comme à la source, nous serons capables d’être à notre tour source de vie fraternelle et nous porterons comme Abraham du fruit à l’infini.
Jn 12,24 : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ». C’est ce mystère du don de soi jusqu’à la mort que Jésus vit en sa Passion qui porte du fruit pour nous ! C’est ce que nous fera célébrer cette Semaine Sainte qui approche.
« Le fruit que le Seigneur attend de nous est l’amour qui accepte avec lui le mystère de la croix » (Benoît XVI, Jésus).
Demeurons avec confiance dans l’amour de Jésus pour porter de beaux fruits en ce jour !
Vous trouverez sur le site de la paroisse Ste Marguerite (« La Semaine Sainte à la maison ») de belles propositions spirituelles et pédagogiques du diocèse pour vivre chaque jour de la Semaine Sainte, seul ou en famille, dès les Rameaux ; Allez voir le site et transmettez largement ces propositions autour de vous, notamment aux familles (catéchisme, parents de baptisés…) ! voir ici
Voici une parabole du Père Antoine CHEVRIER, Fondateur des prêtres du Prado :
Voici deux arbres, l’un est artificiel et l’autre naturel. Ils sont parfaitement semblables.
– L’arbre artificiel a été fait de main d’homme : le tronc, les branches, les feuilles, les fleurs, les fruits sont beaux, de belles couleurs, de belles formes ; il ressemble parfaitement à l’arbre naturel, c’est ravissant d’ordre, d’arrangement, de forme, de couleur et de ressemblance ; mais cet arbre n’a ni racine ni sève; il n’a point de vie, il est mort, il n’a qu’une vie artificielle, une vie de ressemblance.
C’est l’homme qui a fait tout cela, Dieu n’y a rien mis de lui-même. Il est beau à la vue, mais n’a pas de vie intérieure et n’a pas de fruits véritables ; ses fruits ne sont pas bons à manger et les oiseaux du ciel ne viennent pas s’y reposer pour se nourrir.
– Dans l’arbre naturel, au contraire, l’homme a fait peu de choses ; l’homme a planté, taillé, arrosé, mais c’est Dieu qui l’a fait croître.
Il y a une sève intérieure et mystérieuse que l’on ne voit pas, mais qui vient de Dieu et qui donne la vie ; c’est cette sève mystérieuse qui a produit le tronc, les fleurs, les feuilles, les fruits ; et les fruits sont bons à manger.
Il y a, dans cet arbre, une vie intérieure qui vient de Dieu et qui n’existe pas dans l’autre : quelle que soit la beauté de l’arbre artificiel, il ne sera jamais qu’un arbre mort et l’autre un arbre de vie…
On s’occupe beaucoup plus de l’extérieur que de l’intérieur…. C’est qu’il est beaucoup plus facile de faire un arbre artificiel qu’un arbre vivant.
En nous, c’est l’Esprit Saint qui doit produire tout l’extérieur. Il faut commencer à mettre en nous l’Esprit de Dieu et, quand il y est, il fait comme une sève de l’arbre, il produit en nous tout l’extérieur…
Mettre l’extérieur sans l’Esprit de Dieu, c’est un corps sans âme. Commencer par l’extérieur, c’est bâtir en l’air, sans fondement, c’est faire des machines, des girouettes. Il faut, avant tout, mettre la foi, l’amour de Dieu, la sève intérieure.
Il nous reste encore beaucoup à prier, à recevoir l’Esprit de Dieu. Si nous avons l’Esprit de Dieu, nous aurons tout. Demandons‑le les uns pour les autres.
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte Marguerite du Vésinet
- mercredi 1er avril :
Chers frères et sœurs,
Un peu de légèreté dans les eaux troublées de ces jours ne fera pas de mal !
Rassurez-vous ce message ne contiendra pas de poisson d’avril mais seulement des poissons bibliques !
Et c’est inutile de vous retourner pour voir si je vous ai mis un poisson dans le dos (quoique… si vous avez des enfants, peut-être l’ont-ils fait pour moi ?).
Si nous sommes un peu comme un poisson dans un bocal en ce confinement, j’espère pour autant que nous ne tournons pas en rond !
Il faut nous adapter à notre biotope restreint ! Mais nous apprenons à nager, mais pas en eau trouble, car nous avons l’eau vive que nous donne le Christ !
Le baptisé est comme un « poisson dans l’eau » : « Nous, petits poissons que conduit Jésus-Christ, nous naissons dans l’eau, et nous n’avons d’autre moyen de salut que de rester dans cette eau » (Tertullien) ; le poisson est d’ailleurs devenu le symbole des premiers chrétiens, nés dans la joie de Pâques.
Pourquoi le poisson est-il devenu les symboles des chrétiens ? En grec le mot qui désigne le poisson (Ictus), permet de cacher la foi en Jésus Sauveur :
ICTUS : signifie, du grec : Jésus-Christ (I.C) fils de Dieu (T.U) sauveur (S).
Un petit quiz du « pêcheur d’homme », pour partir à la pêche dans la Bible avec ou sans les enfants (réponses plus bas) :
- Qui préfère les poissons, les melons, les concombres, les oignons plus que la manne ?
- Qui prit un gros poisson comme hôtel ?
- Qui croit possible que des poissons vivent dans la Mer Morte ?
- Qui ose soigner les yeux avec du fiel de poisson ?
- Qui préfère suivre Jésus plutôt que pêcher de poissons ?
- Qui donnerait un poisson ou un serpent à son fils ?
- Qui apporte cinq pains et deux poissons pour nourrir 5000 hommes ?
- Qui paie ses impôts avec un poisson ?
- Qui compte ses 153 poissons ?
- Qui prépare un barbecue de poisson pour ses amis ?
De la baleine de Jonas, aux deux poissons apportés par un enfant lors de la multiplication des pains, en passant par la pêche miraculeuse… Le poisson, devenu signe du Christ, est une invitation à chercher à chaque instant la présence cachée du Christ dans toutes les réalités de notre monde.
Les « deux poissons » ou les « cinq pains » (qu’ils soient matériels, humains ou spirituels…) ce sont les petites choses que nous pouvons faire pour rester présents aux isolés, aux souffrants…
Comme le dit un proverbe géorgien : « Le poisson en carême, le cheval à l’ascension sur la montagne ». Haut les cœurs ! il y a de l’espoir, nous contemplerons Jésus en son ascension…
Puissions-nous être comme des poissons dans l’eau !
Bonne pêche !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
Les textes en réponse du Quiz :
- Le peuple hébreu lassé de la route dans le désert et de la manne quotidienne Nb 11,2-6
- Jonas évidemment ! Jon 1,17
- Le prophète Ezéchiel dans la vision du Temple Ez 47,9
- Tobie qui soigne les yeux de son père To 11,-14
- Pierre, André, Jacques et Jean Mt 4,18-22
- Pas même un père ! Mt 7,9-10
- Un petit garçon au nom de Jésus Jn 6,5-14
- Jésus Mt 17,27
- Pierre lors d’une pêche miraculeuse après la résurrection Jn 21,11
- Jésus pour ses disciples prépare le barbecue Jn 21,9-13
- mardi 31 mars :
Chers frères et sœurs,
« En chemin, le peuple perdit courage. Il récrimina contre Dieu et contre Moïse : « Pourquoi nous avoir fait monter d’Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir dans le désert, où il n’y a ni pain ni eau ? Nous sommes dégoûtés de cette nourriture misérable ! » (Nb 21,4)
Cela fait le lien avec la phrase de Gabriel Marcel que j’ai livrée à votre méditation hier : « Aux heures de découragement je puis aussi espérer de l’espérance des autres ».
En chemin, il est possible de se décourager… Nous ne savons pas où le Seigneur nous conduit en ces jours, mais il nous mène à la vie.
Je repense aux dernières paroles de papa avant de partir vers la vie éternelle il y a trois mois : il était confronté à un déclin très rapide, lui qui a 93 ans était jusque-là en pleine forme : « Je ne sais pas où le Seigneur me mène… » et après un silence : « Mais j’ai confiance ». Paroles de foi qui m’émerveillent encore ! Quelques heures après, il s’éteignait, dans les mains du Seigneur.
Relisons peut-être le récit de la tempête apaisée (Mc,35-41) :
Il est bien des situations dans nos vies où notre foi est à l’épreuve. Deuil, maladie (coronavirus… ou autre), difficulté avec un proche, impossibilité à lutter contre tel péché qui nous entrave (la peur peut être un de ces péchés qui font tempête en nos vies) …
Au cœur de nos tempêtes, quand tout semble perdu, il faut s’abandonner à Dieu, s’agripper à lui comme un enfant. Il est capable de faire taire nos inquiétudes, de calmer nos angoisses.
Appeler au secours est un acte de confiance et de courage : « N’ayez pas peur », un des refrains de Jésus, une petite mélodie qui devrait finir par résonner en nos cœurs.
« Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ? ». Drôle de question alors que tout le monde panique au creux des vagues qui submergent la pauvre barque ! Jésus est un étrange navigateur qui est au gouvernail en dormant. Tout marin en serait effrayé ! Jésus reproche à ses disciples leur affolement. Jésus est comme Dieu maître des forces naturelles, il apaise les éléments et la tempête.
Les tempêtes de nos vies peuvent être des tempêtes intérieures ou des manques de confiance en Dieu. Lorsque nous sommes à bout de courage, tournons-nous vers lui qui veille même s’il semble dormir et ne pas s’occuper de nous.
Demandons-lui le courage pour faire face à nos difficultés.
Foi rime avec courage. Courage pour faire face au gros temps.
Dieu peut infiniment au-delà de ce que nous pouvons espérer. « Si tu sais me faire confiance, tu trouveras le courage dont tu as besoin. A chaque instant. Et tu découvriras qu’être en ma présence est plus qu’être en sécurité ; c’est accueillir ma confiance sans limite que j’ai placée dans mon Père : « Père en tes mains je remets mon esprit ».
« Quand nous affrontons la vie ordinaire, quand surviennent les difficultés, rappelons-nous ceci : « Je puis tout en celui qui me fortifie (Ph 4,13). Le Seigneur nous donne toujours sa force, elle ne saurait nous manquer. Il ne nous éprouve pas au-dessus de nos forces. Il est toujours avec nous. Demandons à l’Esprit Saint de nous donner cette force qui soulève notre cœur ». (Pape François, 14/5/2014)
La parole du Seigneur pour nos jours de fatigue, de découragement est : « Je peux tout en celui qui me rend fort » (Ph 4,13). Cette parole nous donnera de la force.
« Seigneur, augmente en nous ton amour ! ».
Il semble que le texte du samedi 20 ne vous soit pas parvenu! Il est grand le mystère d’internet! Comme il est important (sur la communion de désir), je vous le renvoie; si vous l’avez déjà lu, il reste valable pour tous les temps de confinement!
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- lundi 30 mars :
Chers frères et sœurs,
« Toute l’assemblée poussa une grande clameur et bénit Dieu qui sauve ceux qui espèrent en lui » (Livre de Daniel).
Suzanne comme la femme adultère de l’Evangile sont aux prises avec les ténèbres du Mal; Jésus lui-même le sera lors de la Passion.
Toutes deux font confiance dans celui qui est leur espérance, le Seigneur, lumière au milieu de leurs tempêtes. Le Seigneur entend leur détresse et leur rend vie et dignité !
Au commencement de son action, le Dieu créateur est celui qui crée la lumière qui éclaire le monde informe et vide.
Au 1° jour de la création « Dieu dit : « Que la lumière soit » et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière des ténèbres » (Gn 1,4).
Au terme de l’histoire (et de la lecture de la Bible) la lumière sans fin du Christ ressuscité illuminera toute réalité : « La ville n’a pas besoin du soleil ni de la lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’illumine : son luminaire, c’est l’Agneau » (Ap 21,23). « La nuit aura disparu, ils n’auront plus besoin de la lumière d’une lampe ni de la lumière du soleil, parce que le Seigneur Dieu les illuminera » ( Ap 22,5).
Nous voici dans l’entre-deux de l’histoire humaine ! Au milieu des tempêtes parfois, mais nous croyons que Jésus-Christ est vainqueur du Mal !
En ce moment nous sommes plutôt dans un temps de ténèbres, mais qui ne doit pas nous faire perdre la lumière, aussi ténue et vacillante nous apparaisse-t-elle… C’est dans la nuit qu’on voit le mieux la lumière !
« Il n’est si longue nuit qui ne trouve le jour » (Shakespeare, Macbeth )
« La foi n’est pas une lumière qui dissiperait toutes nos ténèbres, mais la lampe qui guide nos pas dans la nuit, et cela suffit pour le chemin » (François, La lumière de la foi 57).
Pour Dieu « même la ténèbre pour toi n’est pas ténèbre, et la nuit comme le jour est lumière ! » (Ps 138,12).
C’est aussi la Parole de Dieu qui est une lumière pour notre route : « Ta parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route » (Ps 118,105).
Même si sans doute nous ne pourrons pas célébrer ensemble le nuit de Pâques, mystère de lumière, où le Ressuscité vient illuminer nos nuits, dans la foi nous savons que le Christ ressuscité est notre lumière, le phare de notre vie.
Parfois nous sommes obligés de nous raccrocher à la foi des autres, de nous laisser porter par la foi de l’Eglise. C’est ce que nous faisons en ces jours, où dans la foi nous croyons que nous restons illuminés par le même Christ chacun dans nos « lieux de confinement ». Parce que nous sommes re-liés les uns aux autres dans le Christ nous savons que la communion entre nous n’en n’est pas moins vive, même si nous vivons confinés !
« Solidaires dans l’appel à la sainteté, les enfants de Dieu sont solidaires aussi dans la réponse. L’Eglise est un milieu de sainteté où tout communique et s’échange. Aux heures des ténèbres, je puis croire de la foi des autres. Aux heures de découragement je puis aussi espérer de l’espérance des autres, et quand il m’arrive de ne rien tirer de mon pauvre cœur, je puis aimer de l’amour des autres », disait Gabriel Marcel.
Bon lundi dans la lumière radieuse du printemps!
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- dimanche 29 mars :
Chers frères et sœurs,
Marthe et Marie sont pour nous des visages familiers de l’Evangile, que l’on « caricature » souvent, en Marthe l’active qui se disperse, et Marie la contemplative qui a choisi la meilleure part (Lc 10,38) …
L’Evangile de la résurrection de Lazare nous montre un autre visage de Marthe et de Marie, où les rôles sont quasiment inversés, clin d’œil des évangélistes : Marie « reste assise à la maison », tandis que Marthe « part à la rencontre » de Jésus, montrant alors une confiance extraordinaire en Jésus !
Qu’il est magnifique ce climat d’amitié au cœur des Evangiles ! Quelle grâce de découvrir l’humanité touchante du Christ, le Fils de Dieu, partageant des instants gratuits mais aussi forts avec ses amis, jusque dans les larmes !
Jésus aimait à se rendre à Béthanie, non loin de Jérusalem pour y rencontrer ses amis, Lazare, Marthe et Marie.
Béthanie, le village de l’amitié : « Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare ». La rencontre avec le Christ est de l’ordre d’une amitié ! Quelle merveille !
Marthe adresse à Jésus un reproche, amical et plein de douceur : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ». Elle a confiance en Jésus et en son amitié. Jésus saura faire ce qu’il faut. Elle ose demander l’impossible : « tout ce que tu demanderas à Dieu, il te l’accordera ».
« Ton frère ressuscitera ». Marthe partage cette foi.
« Je suis la résurrection ». Jésus est la victoire de la vie sur la mort. Nous entrons dans la vie éternelle par notre foi.
La foi de Marthe est admirable, parce qu’elle est affirmée au cœur de la nuit, au cœur de la douleur et des larmes face à la mort de son frère : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. ».
Mais il y a aussi dans ce texte ce qu’aucun homme n’aurait osé imaginer, les larmes de Jésus.
Ici apparaît la vérité de l’humanité de Jésus, vrai Dieu et vrai homme, qui souffre des souffrances de ses frères humains.
Jésus est ému de la mort de son ami : l’Evangile note une progression des sentiments exprimés par Jésus : il frémit intérieurement ; il est troublé ; il éclate en sanglot.
« Jésus frémit intérieurement » (v.33). C’est sa compassion qui s’exprime, signe de la compassion de Dieu qui partage la peine des hommes. Cette humanité ne se cache pas, elle s’expose. Jésus ne fait pas semblant. Sa peine est vive ; Jésus est « troublé » ; il « pleure ». Il pleure sur le sort des hommes soumis à la mort. « Comme il l’aimait ».
Jésus a devant les yeux le mystère de la mort dans son lien avec la mort, spirituelle, du péché. La nature humaine de Jésus se révolte contre la souffrance et la mort.
C’est dans la lumière de la résurrection que chacun est appelé à vivre la perspective de sa propre mort, en union avec celle du Christ. Voilà l’espérance de Pâques qui se profile déjà !
Bon dimanche à tous, en communion avec nos malades et nos défunts !
Pour nous redonner du tonus en ce dimanche sans communion :
« Le dimanche est le jour de la résurrection, le “premier jour” de la nouvelle création, dont les prémices sont l’humanité ressuscitée du Seigneur, gage de la transfiguration finale de toute la réalité créée » (Pape François, Laudato Si n°237) : vous pouvez relire les n° 236-237 (Voir ci-dessous) qui sont très stimulants !
LAUDATO SI
236 Dans l’Eucharistie, la création trouve sa plus grande élévation. La grâce, qui tend à se manifester d’une manière sensible, atteint une expression extraordinaire quand Dieu fait homme, se fait nourriture pour sa créature. Le Seigneur, au sommet du mystère de l’Incarnation, a voulu rejoindre notre intimité à travers un fragment de matière. Non d’en haut, mais de l’intérieur, pour que nous puissions le rencontrer dans notre propre monde. Dans l’Eucharistie la plénitude est déjà réalisée ; c’est le centre vital de l’univers, le foyer débordant d’amour et de vie inépuisables. Uni au Fils incarné, présent dans l’Eucharistie, tout le cosmos rend grâce à Dieu. En effet, l’Eucharistie est en soi un acte d’amour cosmique : « Oui, cosmique ! Car, même lorsqu’elle est célébrée sur un petit autel d’une église de campagne, l’Eucharistie est toujours célébrée, en un sens, sur l’autel du monde ». L’Eucharistie unit le ciel et la terre, elle embrasse et pénètre toute la création. Le monde qui est issu des mains de Dieu, retourne à lui dans une joyeuse et pleine adoration : dans le Pain eucharistique, « la création est tendue vers la divinisation, vers les saintes noces, vers l’unification avec le Créateur lui-même ». C’est pourquoi, l’Eucharistie est aussi source de lumière et de motivation pour nos préoccupations concernant l’environnement, et elle nous invite à être gardiens de toute la création.
237. Le dimanche, la participation à l’Eucharistie a une importance spéciale. Ce jour, comme le sabbat juif, est offert comme le jour de la purification des relations de l’être humain avec Dieu, avec lui-même, avec les autres et avec le monde. Le dimanche est le jour de la résurrection, le “premier jour” de la nouvelle création, dont les prémices sont l’humanité ressuscitée du Seigneur, gage de la transfiguration finale de toute la réalité créée. En outre, ce jour annonce « le repos éternel de l’homme en Dieu ». De cette façon, la spiritualité chrétienne intègre la valeur du loisir et de la fête. L’être humain tend à réduire le repos contemplatif au domaine de l’improductif ou de l’inutile, en oubliant qu’ainsi il retire à l’œuvre qu’il réalise le plus important : son sens. Nous sommes appelés à inclure dans notre agir une dimension réceptive et gratuite, qui est différente d’une simple inactivité. Il s’agit d’une autre manière d’agir qui fait partie de notre essence. Ainsi, l’action humaine est préservée non seulement de l’activisme vide, mais aussi de la passion vorace et de l’isolement de la conscience qui amène à poursuivre uniquement le bénéfice personnel. La loi du repos hebdomadaire imposait de chômer le septième jour « afin que se reposent ton bœuf et ton âne et que reprennent souffle le fils de ta servante ainsi que l’étranger » (Ex 23, 12). En effet, le repos est un élargissement du regard qui permet de reconnaître à nouveau les droits des autres. Ainsi, le jour du repos, dont l’Eucharistie est le centre, répand sa lumière sur la semaine tout entière et il nous pousse à intérioriser la protection de la nature et des pauvres.
A défaut des Foulées de la Marguerite qui devaient avoir lieu aujourd’hui et qui ont dû être reportées, nous pouvons peut-être envisager un geste d’aide financière pour l’association Simon de Cyrène, que devaient soutenir les Foulées (cette association fait vivre ensemble dans des maisons partagées des personnes valides et des personnes handicapées, voir leur site). Ou tout autre geste de don (ce devait être aussi le dimanche du CCFD)…
Dons et Quêtes en l’absence de célébrations
La paroisse reçoit essentiellement ses ressources de la quête dominicale. En cette période de confinement, il est possible de soutenir la paroisse financièrement de chez vous.
Nous vous remercions pour ce geste qui marque votre soutien à la paroisse !
Vous pouvez découvrir les alternatives qui s’offrent à vous sur le site de la paroisse
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- samedi 28 mars :
Ps 7,2 : « Seigneur mon Dieu, tu es mon refuge ! On me poursuit : sauve-moi, délivre-moi ! »
« La prière nous fait comprendre notre vulnérabilité. C’est le cri des pauvres, de ceux qui coulent, qui se sentent en danger, seuls. Et dans une situation difficile et désespérée, il est important de savoir qu’il y a le Seigneur auquel s’accrocher », comme le dit le pape François aux journalistes de la Stampa.
Nous hésitons souvent dans notre prière à crier vers Dieu… Peut-être sommes-nous trop sages, comme des enfants timides qui n’osent pas exprimer leurs sentiments devant Dieu, quels que soient ceux-ci d’ailleurs (colère, joie, peines, lassitude, inquiétudes, action de grâces…) ; peut-être devons-nous nous faire plus proches du Seigneur, plus spontanés, plus vrais, puisque le Seigneur s’est fait proche de nous en Jésus, vrai homme et vrai Dieu.
Au fond notre prière n’est sans doute pas assez humaine, trop « formelle », pas assez intérieure et trop « récitée ».
Demandons au Seigneur de faire grandir en nous la prière qui jaillit du cœur. Un grand théologien du XX° siècle, qui se fait très concret, dit qu’il nous faudrait avoir « l’audace de sauter au cou de Jésus » (Karl Rahner).
N’ayons pas peur de crier vers le Seigneur nos désarrois, nos souffrances, nos peurs, nos inquiétudes et même nos doutes, mais aussi nos joies, nos réussites, nos actions de grâces…
C’est bien ce qui est au cœur de la prière des psaumes, et donc de la prière de Jésus.
La prière des psaumes est faite de cris vers Dieu (tous les sentiments humains s’y trouvent), parfois même des demandes extrêmement violentes, que l’on évite prudemment de lire, comme par exemple : « Déverse ta fureur sur les païens qui ne t’ont pas reconnu » (Ps 78,6), prière très peu évangélique…
Pourtant les psaumes nous aident à comprendre que Dieu prend tout en nous , y compris la violence de nos sentiments ; ces prières nous font prendre conscience du mal qui habite en nous pour façonner notre cœur avec la douceur de l’amour de Dieu ! Les psaumes nous rendent solidaires de l’humanité souffrante, nous font communier à leurs cris pour qu’ils deviennent prières.
Ces cris des psaumes peuvent être cris de joie : « Tous les peuples, battez des mains, acclamez Dieu par vos cris de joie ! » (Ps 46,2) ; ou des cris de souffrance : « le Seigneur entend quand je crie vers lui » (Ps 4,4) ; comme un refrain dans les psaumes on entend : « Toi, Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide ! » (Ps 21,20) … Tous ces cris humains sont en attente de la réponse de Dieu qui sauve. Dans la confiance : si jamais le mal semblait plus fort que l’homme, Dieu est plus fort que le mal.
Si la prière du Christ s’est faite cri vers le Père, pourquoi pas la nôtre !
« C’est à toi Seigneur que j’ai remis ma cause. » (1° lecture de ce jour).
« Peu à peu, nous découvrons que la prière est notre action la plus puissante, la plus intense parce que c’est là que nous travaillons avec Dieu » ( Marcel Légaut ).
Si vous voulez prier avec un psaume où le peuple de Dieu crie avec confiance vers le Seigneur : psaume 21 (22 dans la Bible), médité par Jésus. Psaume 4 ; psaume 26 (27 dans la Bible, psaume 129 (130 dans la Bible : le « de profundis », souvent mis en musique, vous pourriez écouter celui de Charpentier, ou celui de Bach, « Aus der Tiefen rufe ich », BWV 131) …
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- vendredi 27 mars :
Chers frères et sœurs,
« On cherchait à arrêter Jésus, mais personne ne mit la main sur lui parce que son heure n’était pas encore venue », lit-on dans l’Evangile. C’est la patience de l’amour et du pardon de Jésus qui s’exprime là. La patience qui le conduira au don dans la Passion.
La patience n’est pas le fort de notre monde où tout s’est accéléré, où l’on parle plus de sincérités successives que de fidélité, plus de liberté que d’engagement ou de persévérance ; nous prenons l’habitude du « Tout, tout de suite » et sans contraintes !
La patience est avant tout une des caractéristiques de notre Dieu, Ex 34,6 : « le Seigneur, le Seigneur, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité » ; Dieu est patient avec l’humanité (lent à la colère en hébreu, patient en grec).
La patience de Dieu face aux infidélités des hommes qui le rejettent, doutent de lui ou le mettent à l’épreuve, trouve son expression la plus forte dans la passion de Jésus.
La patience est un don de l’Esprit-Saint, Ga 5,24 : « Voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi.»
La patience est à la fois persévérance (capacité de durer dans le temps) et capacité de voir en grand.
La patience est un chemin d’humilité, parce qu’elle nous met face à la réalité des choses ou des personnes, face aux contraintes et aux limites humaines : elle est patience envers nous-même et envers nos faiblesses, patience aussi envers les autres et envers leurs limites.
Madeleine Delbrel parle de « la passion des patiences », ces patiences que nous n’avons pas choisies, ces choses petites ou grandes de notre quotidien qui nous résistent, nous agacent et qui nous font souffrir : « c’est l’envie de se taire et le devoir de parler ; c’est l’envie de parler et la nécessité de se taire ; c’est vouloir sortir quand on est enfermé, et rester à la maison quand il nous faut sortir… »
La patience construit pas à pas dans l’écoute des autres, elle est attention au temps des autres et au temps de Dieu.
« L’amour prend patience » (1 Co 13,4) : la patience est une des expressions de la charité ; et de la patience il va nous en falloir !
Fondée dans la foi au Christ, la patience est capacité à ne pas désespérer, à durer dans le temps, à supporter les autres (Col 3,13 : « Supportez-vous les uns les autres », ce qui est aussi se porter, se soutenir les uns les autres).
« Le chrétien n’est pas fait pour l’ennui ; plutôt pour la patience. Il sait que, même dans la monotonie de certains jours toujours pareils, se cache un mystère de grâce. Il y a des personnes qui, par la persévérance de leur amour, deviennent comme des puits qui irriguent le désert. Rien n’arrive en vain, aucune situation dans laquelle un chrétien se trouve plongé n’est complètement réfractaire à l’amour. Aucune nuit n’est longue au point de faire oublier la joie de l’aurore. Et plus la nuit est obscure, plus l’aurore est proche. Si nous restons unis à Jésus, le froid des moments difficiles ne nous paralyse pas (…). C’est pourquoi nous ne nous abandonnons pas au cours des événements avec pessimisme, comme si l’histoire était un train dont on a perdu le contrôle. La résignation n’est pas une vertu chrétienne. Comme il n’est pas chrétien de hausser les épaules ou de baisser la tête devant un destin qui nous semble inéluctable » (Audience du pape François, 11/9/2017).
« Que le Seigneur conduise vos cœurs dans l’amour de Dieu et la patience du Christ » (2 Th 3,5).
Bon chemin de patience ! Nous pourrons méditer la passion du Christ avec un chemin de croix en ce vendredi (par exemple le chemin de croix depuis la Terre Sainte, sur YouTube).
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- jeudi 26 mars :
L’antienne d’ouverture de la messe de ce jour nous fait prier un extrait du psaume 104 (v.3) : « Soyez dans la joie vous qui cherchez Dieu ! Cherchez le Seigneur et sa force, sans vous lasser, recherchez sans trêve son visage ». Sans vous lasser…
Nous avons l’habitude de vivre à « temps plein », de courir après le temps et les activités multiples, nous plaignant parfois de ne pas avoir le temps… Nous sommes souvent sur-occupés (les enfants aussi), jusqu’à risquer parfois ce qu’on appelle le burn-out…
Pas assez de temps pour parler en couple, pas assez de temps pour la famille et les enfants, pas assez de temps pour prier, pas assez de temps pour s’engager dans une association, pas assez de temps pour faire du sport, pas assez de temps pour lire…
Et voilà qu’aujourd’hui, du temps, nous en avons ! bien malgré nous, le plus souvent ; parce que ce confinement s’impose à nous comme une responsabilité pour tous.
Passer d’un emploi du temps surchargé, à un agenda vide… Pas si simple que cela à vivre pour tous.
Passer d’un temps plein à une autre organisation du temps sans nous laisser dépasser ou noyer soit par la solitude, soit par une agitation intérieure, soit par les soucis familiaux…ou à l’autre extrémité, sans nous laisser dévorer par une forme de vide intérieur, nous demandant comment remplir notre temps vidé de ses habitudes, et de ses occupations quotidiennes (travail, visites…)
La solitude, l’isolement (on dit qu’un chrétien seul est en danger, combien plus un homme seul), l’ennui ou même parfois les temps morts peuvent être mortels, stériles comme ils peuvent devenir féconds.
Il nous faut trouver un nouveau rythme et un nouveau souffle.
- Un nouveau rythme ; à nous de le fixer, sans nous laisser dominer par la peur du vide.
Ainsi nous devrions avoir un peu de temps de gratuité pour prendre le temps ! prendre le temps de lire, de prier, de prendre soin de ses proches, de son couple…
Cela nous fait comprendre que « faire des choses », « être actifs », sans relâche n’est pas le tout de la vie. Cela nous permet peut-être de mieux accueillir la vie dans toute sa densité et sa profondeur, et d’y chercher les traces de Dieu.
- Un nouveau souffle à accueillir, en nourrissant notre vie de foi par la prière .
Un rythme intérieur à retrouver, par la lecture de la Parole : pourquoi n’en profiterions-nous pas pour lire en continu un Evangile, celui de Marc par exemple, dans une lecture priante ? je m’aperçois que beaucoup de chrétiens n’ont pas vécu cette magnifique expérience d’accompagner le Christ et d’être accompagné par lui dans le récit continu des Evangiles.
Laissons-nous façonner parle souffle de l’Esprit-Saint, pour trouver ce nouveau souffle!
« Apprenons à chercher le Seigneur à chaque minute de notre vie, là où nous sommes, dans ce que nous avons à être, dans ce que nous avons à faire. Il faut ainsi arriver à être l’enfant de Dieu dans chaque seconde » (Madeleine Delbrel, Indivisible amour, p.110)
Beaucoup de sites peuvent aider à entrer dans la prière : Prieenchemin.org proposé par les Jésuites, retraitedanslavillle.org par les dominicains, Théobule.org plein de trésors pour les enfants…
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- mercredi 25 mars :
Chers frères et sœurs,
Au milieu de ce temps d’isolement, nous fêtons la joie de Marie qui accepte d’accueillir en elle le Sauveur : « Je te salue comblée de grâce, le Seigneur est avec toi ». Cette joie de Marie est la nôtre en ce jour ! Réjouissons-nous avec elle au long de cette journée, et confions-lui notre confinement : « Que tout se passe selon Ta Parole ».
« En entrant dans le monde, le Christ dit : ‘Tu m’as formé un corps, (…), alors, j’ai dit : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté’ » (He 10,5).
L’auteur de l’épître aux Hébreux met dans la bouche de Jésus ces paroles qui sont celles du psaume 39 (40 dans la version de la Bible) ; nous pouvons le reprendre pour le prier.
On voit souvent Jésus prier avec les psaumes dans les Evangiles. Ces psaumes sont les cris du cœur du peuple de Dieu vers son Seigneur, c’est pourquoi nous pouvons les faire nôtres en tous les temps : louange, plainte, confiance, demande… Ces prières sont aussi les nôtres. C’est pour cela que l’Eglise continue à les prier à la messe mais aussi dans la « prière des heures », à laquelle tous les baptisés peuvent s’associer (voir site aelf.org).
Jésus s’est fait homme, source de notre joie ! Il a accepté de dépendre de bras humains (Marie et Joseph) dans l’humilité : « Tu m’as fait un corps » ; c’est cette humanité de Jésus que nous découvrons au long des Evangiles : Jésus partageant les joies humaines (les Noces de Cana), les peines humaines (Jésus pleurant Lazare), les fatigues humaines (Jésus fatigué au bord du puits), les souffrances humaines (la croix), la mort humaine … L’humanité de Jésus est pleinement habitée par l’amour de Dieu.
C’est pour cela qu’il peut dire en totale vérité : « Me voici Seigneur, je viens pour faire ta volonté ». La volonté du Père a été parfois rude à vivre (nous le verrons lors de sa prière au jardin des oliviers, avant son arrestation). Nous savons jusqu’où le conduira son amour…
C’est pour cela qu’il peut prendre en charge notre vie humaine en tous ses aspects, et nous aider à porter nos fardeaux.
Marie prononce ce « oui » au nom de notre humanité pour accueillir la volonté de Dieu.
Réfugions-nous sous le manteau protecteur de Marie, comme le dit une prière ancienne : «Sub tuum praesidium : sous ton manteau, sous ta protection, ô Mère, nous sommes saufs »(pape François).
Rendons grâce pour Marie qui nous a donné de pouvoir accueillir le Christ !
Réjouis-Toi, Ô MÈRE DU SAUVEUR
RÉJOUIS‑TOI, rayonnement de joie,
RÉJOUIS‑TOI, par qui le mal a disparu,
RÉJOUIS‑TOI, tu relèves Adam de sa chute,
RÉJOUIS‑TOI, par toi Eve ne pleure plus.
RÉJOUIS‑TOI, montagne inaccessible aux pensées des hommes,
RÉJOUIS‑TOI, abîme impénétrable même aux anges,
RÉJOUIS‑TOI, car tu deviens le trône et le palais du roi,
RÉJOUIS‑TOI, toi qui porte Celui qui porte tout.
RÉJOUIS ‑TOI, étoile annonciatrice du soleil levant,
RÉJOUIS ‑TOI, par qui Dieu devient petit enfant,
RÉJOUIS ‑TOI, car tu renouvelles toute créature,
RÉJOUIS ‑TOI, en toi nous adorons le Créateur.
RÉJOUIS ‑TOI, mystère de la Sagesse divine,
RÉJOUIS ‑TOI, foi de ceux qui prient en silence,
RÉJOUIS ‑TOI, qui as part aux miracles du Christ,
RÉJOUIS‑TOI, miracle proclamé par les anges.
RÉJOUIS ‑TOI, ô Mère du Sauveur. Alléluia…
RÉJOUIS‑TOI, échelle par qui Dieu descendit du ciel,
RÉJOUIS ‑TOI, pont conduisant au ciel ceux qui sont sur la terre,
RÉJOUIS ‑TOI, ton enseignement surpasse tout savoir,
RÉJOUIS‑TOI, tu illumines l’esprit des croyants.
RÉJOUIS ‑TOI, par qui les cieux se réjouissent avec la terre,
RÉJOUIS ‑TOI, par qui la terre jubile avec les cieux,
RÉJOUIS‑TOI, bouche silencieuse des apôtres,
RÉJOUIS ‑TOI, fermeté des témoins du Christ.
RÉJOUIS‑TOI, qui rends inébranlable notre foi,
RÉJOUIS‑TOI, qui sais la splendeur de la grâce,
RÉJOUIS‑TOI, par qui l’enfer est dépouillé,
RÉJOUIS‑TOI, qui nous revêts de gloire.
RÉJOUIS‑TOI, Mère de la lumière sans déclin,
RÉJOUIS ‑TOI, Aurore du jour véritable,
RÉJOUIS‑TOI, qu’illumine le mystère de La Trinité,
RÉJOUIS ‑TOI, allégresse de toutes les générations.
RÉJOUIS ‑Toi, Marie comblée de grâce. Alléluia…
RÉJOUIS ‑TOI, Mère de l’Agneau et du Pasteur,
RÉJOUIS ‑TOI, bergerie de l’unique troupeau,
RÉJOUIS ‑TOI, qui nous libères des Œuvres de ténèbres,
RÉJOUIS ‑TOI, tu nous ouvres les portes du Paradis.
RÉJOUIS ‑TOI, qui nous délivres de la mort et du tombeau,
RÉJOUIS ‑TOI, par qui le paradis s’entrouvre de nouveau,
RÉJOUIS‑TOI, clé du Royaume du Christ et porte du ciel,
RÉJOUIS ‑TOI, espérance des biens éternels.
RÉJOUIS‑TOI, rayonnement du Soleil véritable,
RÉJOUIS ‑TOI, éclat de la lumière sans couchant,
RÉJOUIS‑TOI, toi qui illumines nos cœurs,
RÉJOUIS ‑TOI, flambeau portant la lumière inaccessible.
RÉJOUIS ‑TOI, toi qui fais couler des fleuves d’eau vive,
RÉJOUIS‑TOI, image vivante de l’eau du baptême,
RÉJOUIS‑TOI, coupe puisant la joie,
RÉJOUIS ‑TOI, vie de joie mystérieuse.
RÉJOUIS ‑TOI, ô Mère du Sauveur. Alléluia…
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- mardi 24 mars :
« Dieu est pour nous refuge et force, secours dans la détresse, toujours offert. Nous serons sans crainte si la terre est secouée » (Psaume de ce mardi).
Dieu sait si notre terre est secouée, par ce virus tout petit, invisible, redoutable et redouté !
Nous savions déjà combien notre terre est fragile face aux risques multiples du réchauffement climatique.
La crise actuelle nous fait aussi découvrir ce que l’individualisme ambiant nous fait oublier : nous sommes liés les uns aux autres pour le bien, mais aussi pour le mal : cela doit nous rappeler « une fois pour toutes » que « l’humanité est une unique communauté » et « combien la fraternité universelle est importante et décisive » (pape François à la Stampa).
C’était déjà le cri du pape en 2015, dans l’encyclique sur l’écologie humaine, Laudato si (n°53) : « Les gémissements de sœur terre se joignent au gémissement des abandonnés du monde, dans une clameur exigeant de nous une autre direction. Nous n’avons jamais autant maltraité ni fait de mal à notre maison commune qu’en ces deux derniers siècles » !
Beaucoup disent face à ce que nous sommes en train de vivre : « Il y aura un avant et un après » …
Le virus révèle un aspect néfaste de la mondialisation effrénée dans laquelle nous sommes lancés et où nous contrôlons de moins en moins de choses.
Il faudra sans doute en tirer les conséquences et chacun de nous réfléchir à nos modes de vie.
C’est souvent une grâce en temps de crise de pouvoir s’arrêter, de nous recentrer sur l’essentiel et de larguer par-dessus-bord le superflu de nos vies. Il y a du boulot !
De nouveaux chemins invisibles de présence, de communion, de soutiens mutuels se tissent déjà.…
Des liens s’approfondissent paradoxalement en ces temps où nous pouvons plus difficilement manifester notre présence physique.
Sans doute reste-t-il des « laissés sur le bord de la route » ; on peut penser à toutes les personnes déjà isolées par l’âge ou la maladie, les familles confinées à cinq ou six dans un tout petit logement, et les « Sans domicile fixe ». A nous d’imaginer des façons de rester présents et proches. Pas simple en vérité !
Je vous livre la prière du pape pour notre terre à la fin de Laudato Si (n° 246), faisons-la nôtre :
« Dieu Tout-Puissant
qui es présent dans tout l’univers
et dans la plus petite de tes créatures,
Toi qui entoures de ta tendresse tout ce qui existe,
répands sur nous la force de ton amour pour que
nous protégions la vie et la beauté.
Inonde-nous de paix, pour que nous vivions
comme frères et sœurs
sans causer de dommages à personne.
Ô Dieu des pauvres,
aide-nous à secourir les abandonnés
et les oubliés de cette terre
qui valent tant à tes yeux.
Guéris nos vies,
pour que nous soyons des protecteurs du monde
et non des prédateurs,
pour que nous semions la beauté
et non la pollution ni la destruction.
Touche les cœurs
de ceux qui cherchent seulement des profits
aux dépens de la terre et des pauvres.
Apprends-nous à découvrir
la valeur de chaque chose,
à contempler, émerveillés,
à reconnaître que nous sommes profondément unis
à toutes les créatures
sur notre chemin vers ta lumière infinie.
Merci parce que tu es avec nous tous les jours.
Soutiens-nous, nous t’en prions,
dans notre lutte pour la justice, l’amour et la paix. »
Pape François
Et une intention de prière qui m’a été confiée : « pour toutes les mamans (et papas) confinées dans un appartement parfois pas bien grand…. prions le Seigneur d’aider ces pauvres familles à supporter cette terrible épreuve, sans en arriver à des extrémités dramatiques, pour les enfants, et pour les parents ».
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- lundi 23 mars :
Chers frères et sœurs,
« Si vous ne voyez pas de signes et de prodiges, vous ne croirez donc pas ! » dit Jésus au fonctionnaire royal dont le fils est mourant. Ce n’est pas sans déception que Jésus constate nos manques de confiance en sa présence… Jésus nous reproche parfois de ne pas savoir voir les signes de sa présence à nos côtés ; Il n’a sans doute pas tout-à-fait tort…
Nous avons besoin de preuves, de signe de la présence de Jésus pour croire. C’est bien humain !
Un père de famille éploré, court au-devant de Jésus avec confiance…pourtant les hommes ne sont pas en général très démonstratifs, cela devait être une douleur immense pour ce père !
Jésus accomplit alors un « signe », le 2° dans l’Evangile de Jean, après les noces de Cana ; Il guérit ce fils aimé de son père.
Jésus se laisse toucher par la détresse de ce père qui va perdre son fils ; Contemplons et admirons cette compassion de Jésus pour les souffrances de l’humanité : Jésus se laisse toucher par nos détresses, par « mes » détresses.
Comment ne serait-il pas ému devant nos angoisses, nos larmes pour nos malades, nos défunts, ceux pour lesquels nous prions avec ardeur en ces jours du virus ?
Comme cet homme de l’Evangile portons avec ardeur, ou avec des larmes, nos prières pour nos frères malades, isolés, ou entrés dans la vie éternelle. Nommons-les devant le Seigneur avec confiance.
Nous ne savons jamais comment notre prière sera exaucée…
Mais nous croyons déjà que la prière de nos frères est un signe de la présence de Jésus à nos côtés pour nous aider à porter nos fardeaux, pour nous donner la paix du cœur en toutes circonstances, même les plus difficiles.
C’est bien la confiance que Jésus a lorsqu’il se remet totalement entre les mains du Père au moment douloureux à l’extrême pour lui de la Passion, dans sa prière au mont des Oliviers . Il sait, il croit que Dieu traverse avec lui ces jours de tourmente. Mais la croix n’est pas moins lourde à porter pour lui !
C’est pour nous une invitation à nous remettre totalement entre les mains du Seigneur en ces jours où nous (re)découvrons que nous ne maîtrisons pas tout face à cet ennemi invisible qu’est le virus.
« Notre Père… Que ta volonté soit faite » ; il est des jours où il est plus lourd pour nous de dire cette prière !
Prions alors avec le psaume de ce lundi :
« J’ai crié vers toi, Seigneur, j’ai supplié mon Dieu. Tu as changé mon deuil en une danse. Que sans fin, Seigneur, mon Dieu, je te rende grâce ! »
Que le Seigneur change nos larmes, nos angoisses en paix !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- dimanche 22 mars :
Chers frères et sœurs,
« Crois-tu au Fils de l’homme ? » L’aveugle guéri répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. » Il dit : « Je crois, Seigneur ! ».
Quel magnifique dialogue dans cet Evangile de la guérison de l’aveugle-né !
Etonnant texte d’Evangile où Jésus est au centre, mais en même temps absent du centre du récit… Jésus « aux périphéries du texte d’Evangile » (il est présent au début et à la fin du récit) ; pardonnez ce clin d’œil facétieux à notre pape bien-aimé…
En fait, c’est l’aveugle guéri qui est la vedette et qui fait le cœur de cet Evangile ; ce qui intéresse l’Evangéliste Jean c’est l’itinéraire de foi de cet homme à qui Jésus rend la vision avec ses yeux, mais qui entre aussi dans la vision spirituelle. Sa guérison lui ouvre les yeux du cœur.
Jésus dans cet Evangile, reste présent par ce témoin qu’il a guéri et qui est la figure du croyant, ardent témoin de Jésus, qui défend Jésus contre tous ses opposants et ainsi progresse en même temps dans la foi. Ce qui nous rappelle que dire notre foi aux autres la fait grandir en même temps !
La question de départ posée par les disciples rejoint peut-être quelques-unes de nos interrogations en ces jours : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? ». Remarquons que c’est aussi l’attitude des pharisiens qui affirment que son infirmité vient de son péché : « tu n’es que péché ».
Pourquoi ce virus ? Question sans réponse. J’entends parfois certains dire que le virus est une punition de Dieu… Non ! Ce n’est pas possible ; Dieu n’est pas un docteur Mabuse de la littérature ou du cinéma qui punirait les hommes. Chassons cette idée terrible de nos cœurs, elle est un poison qui nous éloignerait de Dieu qui ne peut être qu’amour !
Jésus avec douceur s’oppose à cette lecture « païenne » de la cause du mal et de la souffrance qui serait liée au péché de l’homme ; Jésus ouvre une lumière infinie : le signe de la guérison de l’aveugle manifeste l’œuvre du salut, nous redit l’amour infini de Dieu pour l’humanité : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui ».
Jésus non seulement guérit l’aveugle-né mais il le remet debout, lui qui mendiait sans doute assis devant une maison, sans espoir, et dépendant de tous…
C’est aussi pour cet homme une nouvelle naissance à la lumière.
Et c’est désormais contre vents et marées que cet homme témoigne de ce qu’il a reçu avec Jésus : il va affronter ses voisins perplexes, l’attitude de ses parents, et surtout les pharisiens qui le convoquent plusieurs fois.
Sa foi chemine pas à pas en faisant face aux oppositions vers une foi totale : « Je crois, Seigneur », dira-t-il en se prosternant devant Jésus qui vient de nouveau à sa rencontre.
Les humbles peuvent voir, alors que ceux qui croient savoir ne se fient qu’à leurs propres lumières, vacillantes et aveuglantes.
Jésus vient bien pour nous, pour chacun de nous ; non pas pour les justes et les bien-portants, mais pour les malades et les pécheurs (Mc 2,17).
Dieu nous veut vivants, debout et illuminés par son amour comme cet aveugle guéri.
Laissons résonner en nous ces paroles douces de Jésus et cette joie de connaître Jésus : « Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. » ( cf Jn 9,5).
Qu’elles nous soient lumière et réconfort en ce dimanche où nous sommes en communion de désir !
Bon dimanche en communion !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- samedi 21 mars :
Chers frères et sœurs,
« Efforçons-nous de connaître le Seigneur : son lever est aussi sûr que l’aurore » (1° lecture de ce jour). C’est avec cette confiance que nous vivons ces jours inédits ; nous ne savons pas bien quand nous pourrons fêter la joie de Pâques, mais nous savons dans la foi que le Ressuscité nous soutient et nous veut debout !
Nous découvrons donc en ce carême une nouvelle forme imprévue de jeûne, le jeûne eucharistique. Nous l’éprouvons en particulier le dimanche.
Nous avons en ces jours à approfondir une dimension essentielle de la vie spirituelle, la communion spirituelle.
« Le Christ est présent au milieu de son peuple, bien que ce peuple ne puisse se rassembler comme d’habitude » (Mgr Aumonier aux prêtres).
La communion spirituelle est vécue par de nombreux chrétiens dans le monde : les personnes âgées ou malades qui ne peuvent pas sortir, des divorcés remariés, et bien sûr tous les chrétiens persécutés, ceux d’hier qui ont tenus courageusement contre la persécution et ceux d’aujourd’hui dans de trop nombreux pays. Ces derniers font notre admiration ; nous pouvons prier particulièrement pour eux et pour les malades et personnes âgées qui ne peuvent pas communier, en ces jours où nous vivons ce qu’eux-mêmes endurent tous les jours depuis parfois des dizaines d’années.
La communion de désir n’est pas moins forte que la communion de la messe ! Elle peut même faire croître notre amour du Seigneur.
Parce que notre désir de le rencontrer peut faire grandir notre foi.
Quand on ne peut plus communier sacramentellement parce qu’on y est empêché, on peut toujours communier spirituellement avec toute l’Eglise. Notre communion intérieure est alors union avec tous nos frères dans le Christ, y compris ceux qui sont morts dans le Christ. La communion avec les membres du Corps du Christ est inséparable de la communion à son corps. L’Eglise est communauté de foi qui unit dans la grâce et la charité les chrétiens avec le Christ et avec leurs frères, elle est communauté qui prie les uns pour les autres.
La joie n’est pas seulement la joie d’un cœur à cœur mais la joie de l’appartenance à une grande famille des fidèles.
« Dans le corps du Christ, la joie d’un membre est la joie de tous les membres, comme la souffrance d’un membre est la souffrance de tous les membres » (Benoît XVI). Nous touchons cela du doigt en ces jours.
« Désirer communier de tout son cœur, le manifester explicitement dans la prière et/ou l’attitude corporelle, constitue une communion de désir qui produit de grands effets spirituels. Saint Thomas d’Aquin précise même que tout se passe « comme si on l’avait reçu » et ajoute : « Comme l’autre communion. (…) elle soutient, fortifie, répare et réjouit » », comme dit le Père Amar (padreblog).
Chaque jour je célèbre la messe à vos intentions, et en communion de cœur avec vous, soyez-en sûrs, chers frères et sœurs de confinement….
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- vendredi 20 mars :
Chers frères et sœurs,
« Crois-tu au Fils de l’homme ? » L’aveugle guéri répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. » Il dit : « Je crois, Seigneur ! ».
Quel magnifique dialogue dans cet Evangile de la guérison de l’aveugle-né !
Etonnant texte d’Evangile où Jésus est au centre, mais en même temps absent du centre du récit… Jésus « aux périphéries du texte d’Evangile » (il est présent au début et à la fin du récit) ; pardonnez ce clin d’œil facétieux à notre pape bien-aimé…
En fait, c’est l’aveugle guéri qui est la vedette et qui fait le cœur de cet Evangile ; ce qui intéresse l’Evangéliste Jean c’est l’itinéraire de foi de cet homme à qui Jésus rend la vision avec ses yeux, mais qui entre aussi dans la vision spirituelle. Sa guérison lui ouvre les yeux du cœur.
Jésus dans cet Evangile, reste présent par ce témoin qu’il a guéri et qui est la figure du croyant, ardent témoin de Jésus, qui défend Jésus contre tous ses opposants et ainsi progresse en même temps dans la foi. Ce qui nous rappelle que dire notre foi aux autres la fait grandir en même temps !
La question de départ posée par les disciples rejoint peut-être quelques-unes de nos interrogations en ces jours : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? ». Remarquons que c’est aussi l’attitude des pharisiens qui affirment que son infirmité vient de son péché : « tu n’es que péché ».
Pourquoi ce virus ? Question sans réponse. J’entends parfois certains dire que le virus est une punition de Dieu… Non ! Ce n’est pas possible ; Dieu n’est pas un docteur Mabuse de la littérature ou du cinéma qui punirait les hommes. Chassons cette idée terrible de nos cœurs, elle est un poison qui nous éloignerait de Dieu qui ne peut être qu’amour !
Jésus avec douceur s’oppose à cette lecture « païenne » de la cause du mal et de la souffrance qui serait liée au péché de l’homme ; Jésus ouvre une lumière infinie : le signe de la guérison de l’aveugle manifeste l’œuvre du salut, nous redit l’amour infini de Dieu pour l’humanité : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui ».
Jésus non seulement guérit l’aveugle-né mais il le remet debout, lui qui mendiait sans doute assis devant une maison, sans espoir, et dépendant de tous…
C’est aussi pour cet homme une nouvelle naissance à la lumière.
Et c’est désormais contre vents et marées que cet homme témoigne de ce qu’il a reçu avec Jésus : il va affronter ses voisins perplexes, l’attitude de ses parents, et surtout les pharisiens qui le convoquent plusieurs fois.
Sa foi chemine pas à pas en faisant face aux oppositions vers une foi totale : « Je crois, Seigneur », dira-t-il en se prosternant devant Jésus qui vient de nouveau à sa rencontre.
Les humbles peuvent voir, alors que ceux qui croient savoir ne se fient qu’à leurs propres lumières, vacillantes et aveuglantes.
Jésus vient bien pour nous, pour chacun de nous ; non pas pour les justes et les bien-portants, mais pour les malades et les pécheurs (Mc 2,17).
Dieu nous veut vivants, debout et illuminés par son amour comme cet aveugle guéri.
Laissons résonner en nous ces paroles douces de Jésus et cette joie de connaître Jésus : « Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. » ( cf Jn 9,5).
Qu’elles nous soient lumière et réconfort en ce dimanche où nous sommes en communion de désir !
Bon dimanche en communion !
Père Etienne Maroteaux,
Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
- jeudi 19 mars :
Chers frères et sœurs,
« Espérant contre toute espérance, Abraham a cru », lisons-nous dans l’épître de cette fête de Saint Joseph.
Abraham nous montre l’importance de l’acte de foi ; il a confiance en Dieu et quitte tout pour aller où Dieu le conduit ; il comprend que Dieu est le Maître de l’impossible quand il reçoit la promesse d’avoir un enfant alors que lui et Sarah sont très âgés. Son espoir d’avoir un enfant était nul ; malgré tout, il fait confiance.
Des raisons de perdre espoir existent en ce moment particulier : comment nos proches malades vont s’en sortir, comment traverser ces moments de solitude, comment rester présent à ceux qui nous sont proches et qui vivent encore plus isolés, comment comprendre cette épreuve que le monde traverse ? Et bien d’autres questions souvent sans réponses…
C’est sans doute pour cette raison aussi que le pape François a prié de façon très directe, dans un acte de confiance extrêmement fort : « J’ai demandé au Seigneur d’arrêter l’épidémie : Seigneur, arrête-la de ta main. J’ai prié pour cela ».
Le Seigneur nous invite à ranimer les braises de notre espérance !
A Mgr de Moulins-Beaufort (porte-parole des évêques de France) à qui on pose la question :« Où est Dieu dans cette épidémie ? », celui-ci répond : « Cette interrogation se pose à chaque grande épidémie qui jalonne notre histoire. Lorsqu’on raconte à Jésus le massacre de Galiléens et la chute de la tour de Siloé (Luc, 13) il explique qu’ils n’étaient pas plus pêcheurs que les autres. Jésus ne fait pas échapper ses disciples au sort commun de l’humanité mais nous assure que tout vivre, les joies et les épreuves, dans l’amour de Dieu et du prochain, nous fait entrer déjà dans la vie éternelle. La grâce de Dieu est donnée pour cela. Il ne s’agit pas de s’imaginer que Dieu nous punit mais de se demander ce que moi, je peux changer dans ma vie pour vivre de son amour ».
Demandons à la prière de St-Joseph le bienveillant de recevoir la force de l’espérance !
Père Etienne Maroteaux, Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet
Confions aussi en ce jour les familles des défunts décédés du virus dans la paroisse : Jean-Claude Rivault et Bénédicte Cazals. Que le Seigneur les comble de sa présence.
- mercredi 18 mars :
Chers frères et sœurs,
Je me propose, autant que je le peux, de vous faire chaque jour –ou presque– de ce temps de désert un petit billet « spirituel », pour nous encourager mutuellement dans ce chemin imprévu qui nous conduira vers une Pâques dont nous ne savons pas la date…
Ce temps de retrait, de confinement, comme l’on dit n’est pas seulement du temps perdu. Nous apprenons par-là que nous ne maîtrisons pas tout dans notre vie.
Nous découvrons s’il en était besoin que « la vie que Dieu nous a donnée est à la fois précieuse et fragile » (cardinal Farrell, à propos du coronavirus).
« Le Seigneur notre Dieu est proche de nous chaque fois que nous l’invoquons », nous dit la première lecture de la messe de ce jour. Voilà le cœur de notre foi : Le Seigneur est proche de nous en son Fils Bien-aimé… Il nous invite à essayer de nous approcher de lui pour qu’il nous donne sa paix. Et nous en avons besoin en ce moment !
Ce temps de retrait peut devenir aussi un temps de « retraite », c’est-à-dire d’approfondissement de notre lien au Seigneur.
Nous avons sans doute plus de temps (même en famille !) pour venir à la source, par la prière, par la lecture de la Bible, des textes de la messe du jour….
Si vous êtes en famille vous pouvez aussi vivre des temps de prière avec les enfants ou en couple. Et si vous êtes seul, sachez que la prière de la communauté vous accompagne !
Courage et confiance dans le Seigneur!
Père Etienne Maroteaux, Curé de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet